Pendant que la communauté internationale verse de grosses larmes pour les réfugiés rohingyas, de nombreux chrétiens sont persécutés de par le monde dans un parfait silence de mort à l'ouest du Levant. Au Nigéria, surtout, plus de 6 000 d'entre eux ont été tués depuis le début de l'année, 16 000 depuis juin 2015, selon la Société internationale pour les libertés civiles et la prééminence du droit.
Les coupables : des brigands du peuple peul, d'obédience musulmane et soupçonnés d'afficher des prétentions suprémacistes, ainsi que les terroristes du groupe Boko Haram, associé à Al-Qaida. Les deux entités ambitionneraient d'imposer la charia dans le pays. Le scénario, déjà vu ailleurs, comme en Irak et en Syrie, est répétitif : les jeunes filles qui survivent aux attaques ne sont épargnées que pour être forcées de se convertir à l'islam afin de devenir des épouses soumises.
Dans l'antichambre de l'élite occidentale issue du croisement entre l'école libérale et l'extrême gauche, seul le mouton noir répudié par ses pairs, Donald Trump, a osé s'élever contre le génocide perpétré à l'endroit des chrétiens. « Nous allons travailler [...] très très fort sur ce problème, car nous ne pouvons pas permettre que cela se produise », avait déclaré le président américain en avril dernier en marge d'une rencontre avec son homologue nigérian, Muhammadu Buhari.
Justement, à propos de ce dernier, certains dénoncent le laxisme de son gouvernement dans cette affaire. Vitus Ikeme, un prêtre catholique d'origine nigériane qui s'est expatrié au Canada, soutient que le président Buhari ne fait que tenter d'apaiser la communauté internationale lorsqu'il dit vouloir résoudre le problème. Le docteur Soya Bewarang, président de l'Association chrétienne de l'État du Plateau au Nigéria, affirme pour sa part que « les auteurs [des attaques] sont délibérément autorisés à partir en toute liberté ».
D'autres font valoir que le gouvernement s'entête à ne voir dans ces assassinats de masse qu'une lutte entre fermiers chrétiens et bergers musulmans. Mgr William Avenya, évêque catholique de Gboko, prévient que le monde ne peut attendre un « génocide complet » avant d'intervenir : « S'il vous plaît, ne commettez pas la même erreur que celle qui a été faite au Rwanda », a-t-il plaidé, faisant référence au massacre des Tutsis dans ce pays, où près d'un million de personnes ont été tuées en 1994.
Le 13 août dernier, le Centre européen pour le droit et la justice a adressé une lettre officielle exhortant l'ONU à « reconnaître les atrocités perpétrées au Nigéria et d'y mettre fin ».