Pour les jeunes internautes: c’était une tentative de faire en sorte que le Québec rejoigne, à sa satisfaction, la constitution canadienne, qui lui a été imposée en 1982.
Deux citations récentes me frappent comme étant d’excellentes analyses des rapports Québec-Canada, 20 ans après cet échec historique.
Le premier a surgi en décembre, dans le National Post. Depuis la geôle américaine où il purge sa peine pour fraude, l’ex-magnat de la presse mondiale et ex-biographe de Duplessis, [Conrad Black, donne la température canadienne->24570]:
There is no significant ill-will to Quebec in English-Canada, but the province’s ability to frighten or perplex the country, or even arouse its curiosity, is past. Quebec is a bore.
Je traduis: Il n’y a pas de mauvaise volonté envers le Québec dans le Canada-anglais, du moins pas à un niveau significatif. Mais la capacité de la belle province de faire peur ou de rendre le pays perplexe, et même à susciter sa curiosité, est chose du passé. Le Québec ennuie.
La seconde citation vient de Gilles Duceppe, lors de son discours aux [Intellectuels pour la souveraineté->23941], fin-novembre. Elle complète la précédente:
Cette absence de volonté politique [de réinsérer le Québec dans la constitution] dure depuis 20 ans maintenant et un constat s’impose: une offre constitutionnelle du Canada répondant aux besoins du Québec ne viendra jamais.
Cette phrase m’a frappée, moi et mon camarade Stéphane Gobeil, qui n’avait que 22 ans à l’époque, car elle dit une évidence qui était, auparavant, supposée, mais non dite. Vingt ans après Meech et 18 ans après la dernière tentative de réconciliation, celle de Charlottetown, le temps semble effectivement venu de constater qu’aucune combinaison politique ne peut plus, à vue d’homme, permettre au Québec de redevenir un membre à part entière du pays canadien.
L’anniversaire du grand échec de Meech, en juin prochain, pourrait être le moment de ce deuil collectif.
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