La lutte pour l'égalité constitutionnelle est une obligation patriotique
31 mars 2018
La dernière chronique de Gilles Verrier, rappelant les travaux de Me Néron, nous montre bien tout ce que les nationalistes ont sacrifié en devenant Québécois. Ils ont ainsi circonscrit leur lutte au seul cadre politique québécois, un État mal reconnu pour ce qu’il était et donc mal défendu.
De haute lutte, la nation canadienne-française avait peu à peu regagné ses libertés depuis 1763. Souvenez-vous, la première liberté conservée au traité de Paris étant celle de la pratique de leur religion. En 1867, nos Pères de la Confédération, étaient convaincus d’avoir franchi une étape décisive dans la reconquête des droits nationaux des Canadiens-Français. Il avait obtenu par le pacte confédératif l’amorce d’un bilinguisme fédéral, l’assurance d’une protection des minorités et l’obtention d’un État quasi national pour les Canadiens-Français avec la province de Québec. Franchement ce n’était pas rien, 27 ans après l’Union forcée des deux Canadas. Mais on était tout de même loin du but. C’était sans compter le manque de fairplay des Anglais et surtout sans compter l’action délétère de ceux qui, parmi les nôtres, restaient convaincus que de la Conquête devait naître une nation nouvelle où se côtoieraient toutes les «races» (comme on disait naguère) présentes sur notre territoire. Parmi ces naufrageurs qui, se gaussant de notre survivance, minèrent de tous temps la défense de nos droits nationaux, parmi les plus néfastes, se comptent Louis-Joseph Papineau, Pierre Eliott Trudeau et René Lévesque.
Car du moment qu’on reniait en masse, au tournant des années 1970, la nation canadienne-française au profit d’une identité territoriale et composite, du moment qu’on bouleversait notre définition nationale, il devenait dès lors impossible d’en appeler des droits transmis par des générations de Canadiens-Français, de référer aux promesses qui leur furent faites, ou de dénoncer aux trahisons dont ils furent l’objet. Il est vrai, direz-vous, que les nationalistes de Vigile ou d’ailleurs le font encore régulièrement, se plaignant du non-respect par Ottawa de la Constitution de 1867, des lois anti-françaises, ou aujourd’hui du multiculturalisme dénationalisant. Ils le font certes, mais sans portée politique ou constitutionnelle. Ils ne le font que pour donner le change aux militants et pour meubler le vide assez impressionnant de l’option souverainiste. En fait, le seul droit réel jamais attribué au peuple québécois par les péquistes (et des libéraux, et aujourd’hui QS et la CAQ) est celui de pouvoir décider de son avenir, jusqu'à maintenant par référendum. C’est tout. Le destin du peuple québécois n’a plus rien à voir avec les droits de la nation canadienne-française.
Un exemple? Une des plus grandes trahisons de René Lévesque se déroula lors du rapatriement constitutionnel. Il ne signa pas la nouvelle constitution, c’est vrai. Mais il la laissa s’appliquer tout bêtement, ce qui revenait concrètement à la signer. Nous vivons tous sous le régime de cette constitution depuis lors, depuis 36 ans, encaissant tous les reculs.
Or, si Lévesque avait adhéré à la défense traditionnelle des Canadiens-Français, s'il les avait aimé pour ce qu'ils étaient et non pour ce qu'il voulait qu'ils deviennent, il n’aurait pu accepter une telle atteinte à la souveraineté du Québec. Il n’aurait pas que refuser de signer la constitution, mais il en aurait refusé l’application sur toutes questions touchant aux prérogatives du Québec. Il aurait fait en sorte que le Québec se considère comme continuant à évoluer, à être gouverner selon l’ancienne constitution. Une rupture constitutionnelle d’avec le reste du Canada aurait été provoquée et consommée du seul fait du coup de force fédéral. Et l’inévitable crise qui aurait suivi aurait nécessité un arbitrage vraisemblablement international. Une occasion unique bousillée par le PQ et sa québécitude, parce que dans la réalité, le PQ et sa québécitude sont issus du même ferment idéologique que le multiculturalisme canadien.
C'est dire à quel point la redécouverte de nos droits nationaux, hérités de nos pères et mères les Canadiens-Français, redécouverte à laquelle nous invite ici Gilles Verrier, est vitale pour quiconque croit à l’avenir d’une nation française en Amérique.
Si seulement nous avions le courage de regarder la réalité en face.