Zone euro : bientôt la guerre ?

"La grande inquiétude est que les Etats-Unis basculent avec l'Europe. Or la situation en Europe empire".

IIIe Guerre mondiale


▪ Ces derniers temps, votre correspondante se réveille en sursaut toutes les nuits vers 3h du matin. C'est de la faute de la BCE.
Le sort de l'Europe m'angoisse, l'avenir de l'euro me donne des sueurs froides, et les scoops de Philippe Béchade me donnent des insomnies.
C'est normal, me direz-vous : la situation est "terrifiante" -- ce n'est pas moi (ni vous) qui le dites, mais Mohamed El-Erian, le numéro deux du géant obligataire PIMCO. D'après lui, nous expliquait Addison Wiggin vendredi, nous assistons à une convergence de facteurs monétaires, politiques et économiques plus qu'inquiétante :
"Nous discutons à propos du risque de récession à un moment où le chômage est déjà trop haut, à un moment où un quart des propriétaires n'arrivent plus à rembourser leurs emprunts, à un moment où le déficit fiscal est à 9% et à un moment où les taux d'intérêt sont nuls", déclarait M. El-Erian au sujet des Etats-Unis.
"La grande inquiétude est que les Etats-Unis basculent avec l'Europe. Or la situation en Europe empire".
A priori, elle ne devrait pas aller en s'améliorant, bien au contraire. Jean-Claude Périvier, rédacteur en chef de Défis & Profits et spécialiste des méga-tendances de très long terme, s'est penché sur la question :
"Comme les plans de rigueur [ne suffisent pas], la Zone euro se tourne vers d'autres expédients", dit-il.
Outre des fonds et véhicules d'investissement ouverts aux pays émergents, explique Jean-Claude, elle cherche à faire marcher la planche à billets (interventions de la BCE, rachat de dette, etc.) -- ce à quoi, malheureusement (ou heureusement...), l'Allemagne continue de s'opposer avec acharnement, par crainte de l'hyperinflation.

"On en arrive donc à une crise politique, qui se superpose à des crises économique, financière et monétaire", continue Jean-Claude. "Dans ces cas-là, la crise sociale n'est pas très loin. Dire que c'est inquiétant est un moindre mot"...
"D'abord parce que l'Allemagne, premier pays européen, est au coeur des blocages alors que c'est notre premier partenaire et que sans le couple franco-allemand, il n'y a plus d'Europe. Or sa conviction 'européenne', au sens actuel du terme, semble en fléchissement constant : le rêve d'un retour au deutschemark en étant le principal vecteur".
"Ensuite parce que des petites phrases surgissent ici ou là, dégageant une odeur de soufre : au-delà du classique et éculé 'il faut faire payer les riches', certains politiques commencent à développer des théories opposant les générations, stigmatisant 'les seniors, les retraités, les rentiers' qui seraient la cause des problèmes économiques actuels. Une nouvelle sorte de lutte des classes, quoi"...
"Enfin, parce que l'Histoire nous montre que les graves crises économiques et financières ont souvent précédé les guerres. Certains peuples européens commencent à se regarder en chiens de faïence. Il y a 15 jours, je soulignais la déclaration du Premier ministre François Fillon : l'absence d'accord pour sauver l'euro pourrait conduire à des risques de guerre. Ce n'est pas de guerre économique qu'il parlait".

Vous voyez, cher lecteur : il y a de quoi en perdre le sommeil...
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
_ La Chronique Agora


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