Non, le candidat malheureux à la présidentielle n’est pas négationniste ! La relaxe de Zemmour a été confirmée en appel, dans l’affaire de la plainte pour contestation de crime contre l’humanité, la semaine dernière. L’audience s’était tenue en l’absence du prévenu et de son avocat, qui avait réclamé un renvoi, à la veille de l’élection présidentielle.
La décision est tombée jeudi 12 mai. La cour confirme le verdict de première instance. En relaxant Zemmour pour la seconde fois dans « son » affaire Pétain, la justice française n’a donc pas suivi les réquisitions de l’avocat général représentant le ministère public donc le gouvernement, lequel en appel [1] avait réclamé une peine de 100 jours-amendes à 100 euros pour contestation de crime contre l’humanité. « L’infraction n’est pas caractérisée », conclut la cour.
Les lecteurs se souviennent sans doute des propos contestés de Zemmour, lors d’un débat sur CNews [2] dans une émission à succès dont il était la vedette quotidienne. « Un jour (…) vous avez osé dire que Pétain avait sauvé les juifs français. C’est une monstruosité, c’est du révisionnisme », s’était indigné le célèbre philosophe à chemise blanche Bernard-Henri Lévy. « C’est (…) le réel, je suis désolé », avait répondu Zemmour.
Nous avions longuement traité ici du fond du débat historique et n’y reviendrons donc pas. Citons simplement l’intéressé, qui a aussitôt réagi à la bonne nouvelle sur son compte Twitter, au moment même où il décide de ressurgir dans l’actualité. « La justice française a tranché aujourd’hui. Ceux qui me traitent de pétainiste ont moralement, historiquement et désormais juridiquement, tort. Une bonne chose de faite au moment de me lancer dans une belle campagne » (NDLR: celle des législatives, puisqu’il a finalement décidé de de présenter à la députation dans la 4e circonscription du Var).
Avant de rentrer dans le vif du sujet, précisons que la bataille judiciaire n’est pas tout à fait terminée, puisque Me Klugman, avocat de SOS Racisme, l’une des associations parties civiles, a immédiatement annoncé se pourvoir en cassation. « La cour d’appel a confirmé la décision de première instance par substitution de motif, qui revient sur le fait que le maréchal Pétain n’a pas été jugé pour crime contre l’humanité en 1945 à son procès. Ce qui est exact. Mais ce qui rend difficile l’application de la prévention de contestation de crime contre l’humanité ». « La Cour de cassation dira le droit et espérons les faits », a-t-il conclu. Intéressante rhétorique, quand on sait que la Haute Juridiction n’a pas à connaître des faits mais uniquement à unifier et contrôler l’interprétation des lois…
Télescopage
Dans l’affaire qui nous occupe, le télescopage entre actualité judiciaire et agenda politique au lendemain de l’élection majeure du pays est troublant. Ainsi, la décision d’appel qui vient d’être annoncée – ô combien favorable à Zemmour – intervient deux semaines seulement après la réélection triomphale du président Macron. Or, on sait que la campagne fut difficile pour Zemmour, en raison non seulement des accusations de « poutinisme aggravé » suite à l’invasion de l’Ukraine mais, plus généralement, du dénigrement et de la haine sans précédent qui s’abattirent sur lui pour des raisons qui restent à éclaircir… Après avoir tutoyé les 20% d’intentions de vote en début d’année, Zemmour termina sa course présidentielle au 10 avril avec 7% des voix des Français, non qualifié pour le second tour. Ce classement (4e sur 12 candidats) et ce score plus qu’honorable pour un non professionnel de la politique participant pour la première fois à une élection fut en partie la conséquence de ses propos sur Pétain, les institutions juives notamment (grand rabbinat, UEJF et CRIF en tête) réclamant en chœur la tête du candidat patriote. Elles seront évidemment encore à la manœuvre demain en cassation et, qui sait, devant les instances communautaires ensuite. Comme disait avec une colère rentrée le président Mitterrand au sujet des demandes incessantes d’excuses à la France pour les actes de collaboration du régime de Vichy… « dans cent ans encore, peut-être » ! Même Marine Le Pen accusa Zemmour d’héberger « quelques nazis » [3]. C’est dire l’obsession de beaucoup pour ce passé qui ne passe pas, obsession parfois mâtinée d’opportunisme politicien. Idéologie, quand tu nous tiens!
Quelle que soit la vraie raison d’un de ces habiles tours de passe-passe dont seul le monde politico-médiatique a le secret, c’est bien le « juif de service » [4] Zemmour qui est la victime de ces accusations récurrentes de négationnisme, pétainisme et autre joyeuse complaisance à l’égard du nazisme… La cour d’appel de Paris avait rejeté la demande de renvoi après l’élection du procès Zemmour/ Pétain. Renvoi demandé pour « des raisons de sérénité », avait pourtant expliqué l’avocat de Zemmour. « Les débats d’opinion doivent avoir lieu dans l’arène politique, ils ne doivent pas occuper le prétoire », avait logiquement soutenu celui-ci. Les avocats des parties civiles avaient ensuite dénoncé « une manœuvre » de la défense et devant le refus de la cour d’appel de reporter, Me Pardo avait alors quitté la salle d’audience, dénonçant une décision « inique ». Le président de la cour avait finalement précisé que la décision ne serait rendue qu’après l’élection présidentielle… et l’audience avait débuté sans le prévenu ni son avocat.
Question: pourquoi rejeter une demande de renvoi pour cause de contexte politique tout en reportant l’annonce de la décision pour les mêmes motifs?
On ne peut s’empêcher de penser à l’affaire Fillon, laquelle avait eu tant de conséquences pour le pays il y a cinq ans lors de la même séquence électorale. La justice ne s’était alors pas privée de faire une brutale intrusion dans la campagne électorale, au point – vraisemblablement – de parvenir de justesse à priver le favori d’un second tour. Et ce, pour quelques costards et autres contrats de travail bidons dévoilés au bon moment, dans une ambiance de chasse à l’homme quotidienne. Il s’agissait alors de démolir un candidat sérieux, encore donné à 24% d’intentions en janvier [5] (et qui termina tout de même à 20 % en avril).
Nous ne sommes pas complotistes mais…
Bien entendu, comparaison n’est pas raison. Pas le même type d’affaire, pas le même stade de la procédure, Zemmour n’ayant pas eu affaire au zélé PNF de Mme Houlette. Bien des différences, évidemment. Cependant, il semblait logique à beaucoup depuis des mois que la cour d’appel se prononcerait en l’espèce pour et non contre Zemmour. En refusant le renvoi, ne laissait-elle pas entendre l’urgence de l’appel et n’exerçait-elle donc pas une forme de pression sur les électeurs? Par ailleurs, en n’annonçant pas immédiatement la décision favorable, ne défavorisait-elle pas Zemmour ? Que penser de ce timing? Serait-ce du complotisme que de le questionner – comme Zemmour dès le début de « l’affaire » Fillon – ? Est-ce le fait du hasard ? Est-ce la règle de droit ou encore une décision souveraine de magistrats indépendants ? Je ne suis qualifié à aucun titre pour répondre à ces questions, mais force est de constater les trois faits suivants.
Refusant la demande du gouvernement de condamner Zemmour, les magistrats se sont montrés libres. Refusant la demande de Zemmour de reporter, ils ont choisi d’interférer. Refusant enfin d’annoncer une décision favorable immédiatement après le délibéré, ils ont pris partie contre lui. Cela ne risque en tout cas pas d’amoindrir la défiance de longue date des Français vis-à-vis de leur justice. Dans une nouvelle enquête des plus récentes réalisée par l’Ifop pour l’Ordre du Barreau de Paris, 65% de nos compatriotes estiment en effet que celle-ci « fonctionne mal » [6].
Question suivante: cette décision va t-elle changer le regard que les Français portent sur le candidat « star » (ou « comète », c’est selon) de cette élection 2022 ? Si deux millions et demi de suffrages se sont portés sur Zemmour le 10 avril, s’il a en quelques mois réussi à forger ce qui est déjà peut-être – en nombre d’adhérents, évidemment – le premier parti de France (125 000), si Zemmour est parvenu à remplir ses meetings de campagne comme on ne l’avait jamais vu de mémoire de citoyen[7], force est de constater que le jeune mouvement Reconquête ! n’arrive pas en position de force à ce scrutin législatif. Et ce, notamment à cause de l’attitude hostile – et difficilement compréhensible- du Rassemblement National présidé jusqu’en septembre prochain par le talentueux Jordan Bardella. Le RN, pourtant isolé – depuis sa naissance- sur la scène politique française, pousse la malveillance jusqu’à présenter un candidat face à Zemmour dans le Var alors que ce dernier avait annoncé (très tôt) son intention de n’en rien faire vis-à-vis des dirigeants du « camp national » qui se lanceraient en juin… Il semble que, pour des raisons que nous explorerons dans quelque temps, l’image de Zemmour dans la population ne soit pas franchement positive. Espérons donc qu’une telle décision judiciaire contribuera à l’arranger un peu et surtout fera entrevoir aux Français encore peu informés – voire désinformés – que, au-delà de ses convictions patriotiques de toujours, Zemmour est un homme de vérité et non un idéologue falsificateur de l’Histoire comme il en existe tant. Une fois n’est pas coutume, je me trouve bien optimiste en concluant cette réflexion, car ce serait ne pas anticiper le compte rendu médiatique déformé qui pourrait être fait de cette décision. Rappelons enfin, à toutes fins utiles, que sur la douzaine de procédures visant à réprimer la liberté d’expression de Zemmour, seules deux condamnations sont aujourd’hui définitives : l’une pour provocation à la discrimination raciale en 2011 (il avait alors refusé d’interjeter appel, erreur qu’il ne reproduira probablement jamais); l’autre pour provocation à la haine religieuse en 2017. C’est cette dernière condamnation, confirmée en appel et en cassation, qui fera l’objet prochainement d’une décision de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Les juges européens trancheront alors un litige entre Zemmour et la France, laquelle accuse Zemmour de – excusez du peu- mettre en danger la démocratie! Affaire importante qui en dira long sur notre Etat de droit et la mainmise de l’Europe sur nos libertés.
[1] Janvier 2022
[2] 14 octobre 2019
[3] « Il y a les catholiques traditionalistes, les païens, et quelques nazis (…) » (Marine Le Pen dans Le Figaro le 3 février 2022).
[4] – Yannick Jadot, 13 février 2022, « Radio J »
[6] https://www.village-justice.com/articles/sondage-les-francais-justice-avocat,41440.html
[7] Plus de 100.000 personnes place du Trocadéro à Paris le 27 mars dernier.