"French People, Get Back To Your Province"

Une vidéo incendiaire fait le tour du Web

Actualité québécoise 2011



Dans la vidéo de six minutes, l'adolescent anglophone d'Ottawa déblatère sur la présence du français dans son quartier - Orléans - et ailleurs au , se demande pourquoi la majorité anglophone devrait plier ou donner des noms français à certains lieux.
de courtoisie


Philippe Orfali Le Droit - Depuis dimanche, la vie de la famille Kenkel a été virée à l'envers. Ils ont reçu des menaces de mort. Leur maison a été la cible de vandales. Et leur téléphone n'a cessé de sonner, au point où ils ont dû changer de numéro.
Le fils des Kenkel, c'est la sensation YouTube de la semaine. Sa vidéo a été vue des centaines de milliers de fois depuis que le garçon de 14 ans l'a téléchargée sur le site de partage de vidéos YouTube, samedi soir.
Le titre, French People, Get Back To Your Province, dit tout.
L'enregistrement original a été retiré dimanche matin, moins de douze heures après sa publication. Mais des copies ont par la suite été diffusées sur de nombreux sites web, dont Facebook et Twitter.
Pendant six minutes, l'adolescent anglophone d'Ottawa déblatère sur la présence du français dans son quartier - Orléans, à forte population francophone - et ailleurs au Canada, se demande pourquoi la majorité anglophone devrait plier, ou donner des noms français à certains lieux.
« Champlain, Descaries, Jeanne d'Arc, Place d'Orléans... what the f... is that ? », lance-t-il d'un ton hargneux, en faisant référence à des endroits situés près de chez lui.
« Le fait qu'il y ait des écoles françaises partout au Canada juste parce que le Québec (parle français) est ridicule. [...] C'est le Canada. Apprenez l'anglais ! », lance-t-il de sa chambre, en fixant la caméra, l'air défiant.
La réplique de la webosphère n'a pas tardé. Les coordonnées complètes des Kenkel ont été diffusées. Des commentaires tout aussi acerbes que l'extrait original ont été envoyés par des internautes du Québec et de l'Ontario, mais aussi de la France et de la Belgique. Certains ont filmé leur propre réponse, sur le même ton que le clip original.
La vidéo a eu des répercussions jusqu'à l'Assemblée législative de l'Ontario, hier. « Cet extrait m'offense, a dit la ministre déléguée aux Affaires francophones, Madeleine Meilleur. J'espère que M. Kenkel a appris sa leçon. Les francophones sont l'un des peuples fondateurs de cette province et ils étaient là bien avant lui, à Orléans. »
Dans la peur
Depuis dimanche, dans leur maison de l'est d'Ottawa, la famille Kenkel vit dans la peur. « Nous sommes dévastés. On a fait déconnecter notre téléphone. Il sonnait 20 fois par heure. J'ai parlé à des gens de partout au Canada depuis dimanche », a confié au Droit Tom Kenkel, le père du jeune homme.
Le garçon n'est pas allé à l'école, ces derniers jours, humilié.

« Il y a une chose que je tiens à dire à toutes les personnes offensées. Mon fils n'était pas sérieux. C'est un bon garçon, qui a été à l'école d'immersion française toute sa vie. Nous avons choisi de nous établir dans un quartier bilingue. De croire que nous sommes francophobes, que mon fils l'est, il n'y a rien de plus faux. »

La mère, Pam, est encore plus directe. « (Notre fils) a été extrêmement stupide et il en paie le prix. Mais il n'y avait pas une once de vérité dans ses propos. C'est un garçon de 14 ans qui voulait épater ses amis. Nous sommes désolés pour ses actions très, très stupides. »
Le jeune homme a mis en ligne une seconde vidéo, hier. « Je suis désolé. Ce devait être une blague entre amis, ça ne devait pas devenir une 'vidéo virale'. Je suis des cours en français depuis la maternelle [...] et je m'excuse d'avoir commis cette immense gaffe. »
Il songe maintenant à filmer une troisième vidéo, celle-là en français, pour demander pardon aux francophones dans leur langue. Ses parents n'ont pas encore donné leur aval. « On veut juste que ça cesse. C'est infernal, vous savez. »
L'Ontario compte près de 600 000 francophones, la plus grande communauté de langue française au pays à l'extérieur du Québec.


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