C'est dur à prendre pour Jean-François Lisée, cette histoire de petites faveurs demandées par son député Gaétan Lelièvre. Mais le chef a réagi rapidement à la nouvelle, ce qui en a fait une histoire d'au plus 48 heures. Les péquistes vont devoir taire momentanément leurs critiques sur l'éthique libérale, mais ça va passer avec la pause parlementaire de la fête des Patriotes.
Ce qui est le plus pénible pour Gaétan Lelièvre, dans cette affaire, c'est de constater la trahison de «ses amis» de Roche. C'est d'apprendre, à la lecture de leurs courriels, que ce n'est pas par amitié que les patrons de l'entreprise lui faisaient des petits cadeaux, mais parce qu'ils avaient l'impression de l'acheter.
«Ça va coûter 450$, mais dans le contexte de nos négos pour les usines sans appel d'offres, je crois qu'il faut dire oui», écrit le conseiller à la présidence de Roche, Martin Lapointe, dans une demande pour deux billets au Centre Bell pour le fils de Lelièvre.
Le texte de ce courriel en dit long sur l'éthique de ces corrupteurs, petits et grands, qui ont acheté à rabais pendant des décennies l'amitié des décideurs locaux et provinciaux : «Ce qu'on peut pas faire pour des contrats, écrit l'adjoint à la présidence de Roche, dans un autre courriel. Cr...qu'on est guedounnnnnnne».
Il est facile de comprendre comment cette forme de corruption s'installe. Les fonctionnaires font régulièrement affaires avec des professionnels, des ingénieurs, architectes et avocats du secteur privé. Des liens de confiance s'établissent, parfois d'amitié. On s'invite au restaurant et au golf. Et quand la chimie est vraiment bonne, on va à la pêche ensemble, et parfois même dans le Sud...
Ces comportements, qui étaient fréquents il y a des décennies, sont disparus dans la plupart des municipalités du Québec avec la mise en place de règles éthiques sévères. Ce qui est surprenant, dans le cas de M. Lelièvre, c'est que les gestes qu'on lui reproche soient aussi récents que 2007 et 2008. Il y avait déjà longtemps, à cette époque, qu'on parlait d'éthique et de conflits d'intérêts dans le discours public.
«Il faut juger avec les lunettes de 2007, les gestes posés en 2007» a dit le député mardi. Heureusement ce n'est pas vrai, sans quoi il nous faudrait être plus tolérants sur plein de crimes ou de conduites inappropriées des années passées. D'ailleurs, ce n'est pas ainsi que ça se passe en politique, et ce n'est surtout pas la pratique observée par le PQ à l'endroit des libéraux. Jean-François Lisée a d'ailleurs corrigé cette déclaration mercredi. C'est avec des yeux de 2017 qu'il faut juger le passé, a-t-il dit.
C'est dur la politique et il faut être «plus blanc que blanc» a également déclaré M. Lelièvre. Il a raison et je suis persuadé qu'il ne serait pas seul au banc des accusés si on connaissait tous les cas douteux de copinage qui ont prévalu dans le monde politique au cours des dernières décennies.
> Lire la suite de l'article sur La Presse
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé