Je viens de lire l'article du député Réal Ménard, [«Quatre propositions pour le mouvement souverainiste»->7162], dans le Devoir d'aujourd'hui et sur Vigile. En
lisant cet article j'avais l'impression de lire un texte d'un «néophyte
politique» ou d'un individu très naïf. Et pourtant il est écrit par un
député indépendantiste qui siège à Ottawa depuis plusieurs années, un
endroit où il doit défendre le Québec, ses concitoyens et ses
concitoyennes, de même que leurs droits devant les ennemis de
l'émancipation politique du Québec.
Je me permettrai donc de répondre aux
questions posées par ce député qui ne parle qu'en son nom;
heureusement!
Débutons par celle qui vise à «négocier» une entente entre le
gouvernement du Québec, les autres provinces et le gouvernement fédéral, à
l'effet que tous et chacun s'engagent à respecter les règles électorales et
référendaires des autres! Qui sont ces autres? À moins que ce député ne soit
pas conscient que lors de chaque référendum, c'est aussi l'avenir du Canada
qui se joue, car selon les Canadian et les canadiens, en tout cas,ils ne se
croient pas différents de leurs voisins étatsuniens en l'absence du Québec
de langue française, qu'ils persistent à combattre par ailleurs, au mépris
de toutes les conventions internationales et du droit des peuples à se
libérer. Et notre député va essayer de les convaincre de ne pas oeuvrer à la
défense de leur pays en empiétant sur les droits du Québec, comme ils l'ont
fait en 1980 et en 1995, ne se préoccupant pas au passage des nombreux
scandales qui se produiraient et qui seraient éventuellement connus. Que
leur importait qu'une commission vienne leur dire qu'on avait détourné des
centaines de millions de«$» (Commission Gomery) lors du référedum de 1995,
qu'un autre juge vienne dire qu'ils avaient contrevenu au financement
défini par la loi sur les consultations populaires du Québec, de cela ils
n'en n'ont cure, puisque l'important était de sauver le plus meilleur pays
du monde,même en contrevenant aux lois du pays voulant se libérer. À moins
d'être d'une naïveté absolue, essayer de négocier une entente de
non-intervention avec les provinces du Canada et son gouvernement central
lors d'un prochain référendum, si référendum il y a, relève d'un «néophyte
en politique ou d'un individu incapable d'analyser le comportement des
ennemis de l'indépendance du Québec, ce qui revient au même.
On me permettra
de passer outre à sa proposition de consulter la cour sur la loi qui
encadre les «consultations populaires du Québec», loi qui ne mérite pas
plus mon attention, pour l'instant.
Quant à la proposition de M. Ménard concernant une demande aux
Nations-Unies de déléguer une commission de surveillance lors d'un prochain
référendum, elle me semble aussi inadéquate que celle qui demande aux
provinces du Canada et à leur gouvernement de ne pas intervenir. Comment en
effet pourra-t-il convaincre les états-membres de cette institution de se
prononcer à l'encontre d'un autre pays-membre, le Canada en l'occurrence,
qui s'opposera de toutes ses forces devant une intrusion internationale de
sa souveraineté? Cette proposition relève encore une fois d'un «néophyte» en
politique, et pourtant M. Ménard est député du Bloc Québécois depuis de
nombreuses années?
On me permettra de terminer ce trop long texte par sa
question référendaire, facile selon lui? Pour le bénéfice de celles et ceux
qui ne l'auraient pas lue, je me permettrai de la réécrire!
Question de M. Ménard?
Voulez-vous que le Québec devienne un pays souverain, décide de sa
politique étrangère, administre tous ses impôts et que l'Assemblée
nationale exerce tous les pouvoirs d'un état souverain?
Ouf! Question
facile que dit notre homme! Quel plaisir cette question ferait à Stéphane
Dion, à Stephen Harper et à tous les fédéraliste et autres sbires/ennemis
du Québec, question venant d'un État/province voulant se dissocier du
Canada. Encore là, nous sommes vraiment surpris qu'un «Politique aguerri» se
permette de croire que sa question soit simple?
Alors qu'il serait «plus
simple» et surtout «plus clair» de poser une question sur la volonté des
Québécois et des Québécoises de se donner un pays indépendant de langue
française en terre des Amériques en lui demandant de répondre à une
question comme celle qui suit: «Voulez-vous que le Québec devienne un pays
indépendant de langue française en terre des Amériques»?
Cette question
contient tout ce qu'un état indépendant recherche par l'indépendance,
puisqu'un état indépendant est seul maître à bord de son bateau et que son
capitaine n'a pas à demander la route que son navire doit prendre et
suivre. Un État indépendant possède tous les leviers d'un pays souverain
dans toutes ses actions. Il n'a pas à les quémander dans une question.
Il ne
me reste qu'à suggérer à notre député d'oeuvrer à la promotion de
l'indépendance par des moyens pédagogiques, comme une
consultation/constitution (pendant ses temps libres) de tous les Québécois
et de toutes les Québécoises sur le genre de pays qu'ils veulent se donner.
Lorsqu'ils auront défini le pays dans lequel ils (et elles) veulent vivre ,
comment pourraient-ils et pourraient-elles dire non à une question «simple»
leur demandant s'ils (elles) veulent se donner un pays indépendant de
langue française en terre des Amériques, pays capable de participer au
bonheur de son peuple et de celui des autres pays, dans le concert des
nations libres et indépendantes?
Jacques Bergeron, Ahuntsic 11 juin 2007
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