Une prestation d'urgence à tous les travailleurs privés de salaire

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Il aurait fallu un plan d'aide pour les PME


(Ottawa) Les Canadiens dont le gagne-pain est affecté par la pandémie de la COVID-19 pourront toucher d'ici la mi-avril, environ, la Prestation canadienne d’urgence (PCU).


La PCU de 2000 $ par mois -- un montant qui est imposable - sera en place pour les quatre prochains mois; elle est destinée aux travailleurs qui sont privés de salaire, d'une manière ou d'une autre, en raison de la crise actuelle.


« Si vous avez perdu votre emploi – que vous travailliez à temps plein ou à contrat ou que vous soyez travailleur autonome – cette prestation est là pour vous », a déclaré Justin Trudeau lors de son point de presse quotidien devant sa demeure de Rideau Cottage.


Les requêtes se feront sur l'internet; un portail web doit être mis en service début avril, puis l'argent sera versé « dans les 10 jours après la demande », a-t-il spécifié, convenant que pour les Canadiens qui se trouvent déjà dans une situation précaire, cette attente s'avérera longue.


« On reconnaît qu'il y a des gens qui font face à des difficultés [en ce moment même], qu'il y a des gens qui ont arrêté de travailler il y a près de deux semaines devraient avoir des chèques de paie qui devraient rentrer et qui ne vont pas rentrer », a-t-il affirmé.


« On va faire tout ce qu'on peut pour les aider avec l'accès au crédit, avec d'autres mesures », a dit le premier ministre, qui devrait théoriquement pouvoir sortir de son isolement volontaire à compter de jeudi.


Seront admissibles à la PCU les Canadiens qui ont perdu leur emploi, qui tombent malades, qui sont mis en quarantaine ou qui prennent soin d’une personne atteinte de la COVID‑19, ainsi que les parents qui doivent cesser de travailler pour s’occuper d’enfants.


Les travailleurs qui ont encore un emploi, mais qui n'ont pas de revenu en raison d’interruptions du travail, pourront aussi toucher cet argent. Le fédéral croit que cela aidera les entreprises à garder leurs employés, et vite reprendre les activités quand la tempête sera passée.


Quant aux Canadiens admissibles aux prestations ordinaires et aux prestations de maladie de l’assurance‑emploi, ils pourraient quand même avoir accès à leurs prestations normales d’assurance‑emploi, s’ils sont toujours sans travail, après cette période de 16 semaines.


De l'aide à venir pour les entreprises


Ces derniers jours, certains ont suggéré au gouvernement Trudeau de subventionner les emplois plutôt que d’indemniser les travailleurs que la pandémie de la COVID-19 a forcés à rentrer à la maison. À cette proposition notamment défendue par le fondateur président exécutif du conseil de CGI, Serge Godin, se sont ralliés la Fédération des chambres de commerce du Québec et la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.


« Ces subventions offrent l’avantage de maintenir le lien d’emploi entre les travailleurs et leur employeur, ce qui élimine les traitements administratifs liés aux mises à pied et à l’inscription à l’assurance-emploi et, de façon très stratégique, facilitera la réintégration progressive des travailleurs lorsque la situation le permettra », ont-ils argué dans un communiqué conjoint publié mercredi.


Le Syndicat des Machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale, qui représente près de 200 000 travailleurs, y compris chez Bombardier, Airbus, Rolls-Royce, Héroux-Devtek, Air Canada ou encore Air Transat, a lancé la même invitation au gouvernement fédéral. « Plusieurs entreprises ont un service de paie capable de gérer la situation. Ils produisent déjà tous les documents servant à faire une demande à l’assurance-emploi. Ce ne serait pas compliqué à appliquer comme mesure et ça soulagerait de nombreuses familles », a argué David Chartrand, coordonnateur syndical.


Le gouvernement croule sous les demandes d'assurance-emploi. En l'espace d'une semaine, entre les 15 et 23 mars, 929 000 requêtes avaient été logées. Et le robinet ne se fermera pas de sitôt, puisque le 23 mars, le gouvernement du Québec ordonnait la fermeture de tous les commerces non essentiels, et ce, au moins jusqu'au 13 avril prochain. À l'Assemblée nationale, mardi, François Legault disait que la proposition faisait l'objet de discussions avec le fédéral, tout en prévenant qu'il s'agissait de quelque chose de « complexe » puisque cet argent est « surtout destiné aux individus ».


Son homologue à Ottawa n'a pas complètement écarté l'idée. Le premier ministre a soutenu que l'annonce du déploiement de la PUC ne signifie pas que le gouvernement ne fournira pas encore davantage d'aide aux entreprises. « Nous en aurons plus à dire dans les jours à venir », a-t-il affirmé, sans entrer dans le détail.


Un projet de loi à 107 milliards


L'élargissement des critères d'admissibilité à une aide fédérale a fait gonfler la note associée au plan d'aide libéral. Il y a quelques jours, elle était chiffrée à 82 milliards de dollars. Mais avec l'adoption du projet de loi C-13, mercredi, la facture est passée à 107 milliards de dollars.


Le Sénat a adopté la mesure législative sans l'amender après que la Chambre des communes lui eut donné son feu vert au petit matin à l'issue d’âpres discussions entre le et l’opposition conservatrice.


Alors qu'il présentait C-13 aux sénateurs, le ministre des Finances Bill Morneau a assuré qu’il n’y avait pas de façon de procéder plus vite. Il a aussi soutenu que l’approche préconisée par le Canada était supérieure à celle de certains pays européens qui, eux, subventionnent le privé.


« À mon avis, c’est beaucoup mieux que la solution au Danemark », a-t-il répondu au sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu, qui venait de formuler des critiques à l’égard du plan de match gouvernemental.




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