Michael Chamas et Maxime Bernier lors d’une assemblée de financement du Parti conservateur à Montréal en janvier dernier. (Photo tirée du site web de Global Village)
André Noël et André Cédilot - La GRC a communiqué ce printemps avec Maxime Bernier, le ministre des Affaires étrangères du Canada, pour l’informer que des photos circulent sur l’internet le montrant en train de serrer la main à un homme d’affaires soupçonné d’être lié à des réseaux criminels autochtones. Les photos ont été prises en janvier lors d’une activité de financement du Parti conservateur à Montréal, a constaté La Presse.
Fin mars, la GRC a arrêté une trentaine de Mohawks et de complices dans le cadre du projet Cancun visant des trafiquants de Kahnawake et d’Akwesasne qui exportaient de la marijuana aux États-Unis. Parmi eux se trouvait cet homme d’affaires d’origine libanaise, Michael Chamas, 44 ans, président de la société Global Village I.R.S. de Rosemère, au nord de Montréal.
Sur son site web, la compagnie de Chamas affiche plusieurs photos, prises notamment le ou vers le 15 janvier lors d’une activité de financement de l’association du Parti conservateur du Canada dans la circonscription de Papineau, dans la partie nord de la Ville de Montréal. On le voit avec M. Bernier sur la tribune, où les deux hommes avaient été invités à prendre la parole. Une autre photo les montre se serrant la main devant la bannière du PCC.
M. Bernier a dit à la GRC qu’il ne connaissait pas Chamas, a déclaré l’attaché de presse du ministre, Neil Hrab, au cours d’un bref entretien hier soir. «Le ministre ne connaît pas M. Chamas. Leur premier et seul contact s’est produit lorsque le ministre posait avec des invités à l’événement pour des photos de courtoisie», a insisté M. Hrab, en soulignant que d’autres hommes politiques apparaissent sur le site web de Chamas.
Une simple visite sur ce site porte à croire que Chamas utilise les photos dans un but promotionnel. Joint par La Presse hier, Chamas a refusé d’expliquer les circonstances de sa participation à cette assemblée de financement du PCC.
De son côté, le candidat du PCC dans Papineau, Mustaque Sarker, a dit qu’environ 200 personnes se trouvaient dans la salle. Selon lui, Chamas a été l’un des trois ou quatre orateurs. M. Sarker ne se souvient plus du contenu de son discours. Il ne sait pas qui l’a invité ni pourquoi. Il a ajouté que l’invitation avait été faite par le président de l’association de comté, Luc Provost, à qui il a été impossible de parler, malgré plusieurs appels et l’envoi d’un courriel.
Globe-trotter, Chamas fait face à 10 chefs d’accusation reliés à la possession illégale d’armes à feu. Celles-ci ont été trouvées à sa résidence de Lorraine lors de la rafle du 25 mars dernier. C’est en traquant les trafiquants de Kahnawake que le nom de Chamas est apparu dans l’enquête de la GRC. À l’automne 2007, au hasard d’une vérification à la douane, il a été arrêté en Suisse avec 2 millions d’euros. L’argent a été saisi en attendant la conclusion de l’enquête des autorités helvétiques.
Chamas, qui dirige une multitude de sociétés, est aussi sous la loupe de l’Agence du revenu du Canada, qui lui réclame 952 355$ en impôts impayés pour les années 2001 à 2005. En attendant un règlement du litige, les inspecteurs fiscaux ont pris une hypothèque légale sur sa maison de Lorraine et sur quatre autres propriétés de Laval, Saint-Colomban, Saint-Eustache et Sainte-Thérèse.
Dans un jugement rendu en Cour fédérale le 22 décembre 2006, on apprend que ni Chamas ni les sociétés qu’il administre ou dont il est actionnaire n’ont produit de déclarations de revenus durant toute cette période. Les entreprises de Chamas n’ont pas non plus versé les sommes retenues à la source de leurs employés, comme l’exige la loi. Le juge Edmond P. Blanchard écrit qu’en mars 2005, Chamas «a fourni des renseignements faux et trompeurs à la Banque Laurentienne afin d’obtenir du crédit».
«La capacité de Chamas de faire de fausses déclarations au sujet de sa situation, ses pratiques bancaires inhabituelles, l’omission de s’acquitter de ses obligations fiscales, ses longues absences du pays... tout cela tend à démontrer que l’octroi d’un délai aurait pour effet de compromettre le recouvrement des montants d’impôts en souffrance», a conclu le juge en rejetant la requête de l’homme d’affaires visant à contrer le blocage de ses biens.
M. Bernier a été au cœur d’une tempête aux Communes, cette semaine, pour ses relations avec une femme qui a fréquenté des associés des Hells Angels. Interrogé hier en marge de cette affaire, le surintendant principal Mike Cabana a fait cette déclaration: «Le crime organisé est en mesure d’infiltrer tous les milieux grâce à ses vastes ressources et à son aptitude à pénétrer les structures sociales et économiques légitimes. Le crime organisé est un fléau et c’est une priorité de la GRC de le combattre.»
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