L'ancien ministre péquiste François Legault anime un nouveau courant politique, qui réunirait des souverainistes et des fédéralistes prêts à travailler ensemble pour s'attaquer à des enjeux prioritaires pour le Québec. Un courant de centre-droite, pour reprendre les catégories traditionnelles, qui s'appellerait peut-être Force Québec, et qui s'inscrirait dans la logique qui était celle du manifeste des «lucides».
Comment pourrais-je être contre? Ça fait des années et des années que, devant l'impasse politique dans laquelle se trouve le Québec, je plaide pour que nous nous affranchissions du carcan constitutionnel qui divise notre vie politique, pour que nous puissions travailler ensemble à développer le Québec. Je l'ai fait dans une grande série d'éditoriaux, il y a une dizaine d'années, et dans un essai publié il y a deux ans, À mes amis souverainistes.
Le point de départ de mon analyse était que le Québec est dans une impasse dans le débat sur la question nationale. Les réformes de la fédération souhaitées par les Québécois ne se matérialisent pas. Et surtout, il est pratiquement impossible que les souverainistes puissent convaincre une majorité de citoyens de choisir l'indépendance.
Je crois donc depuis longtemps que la porte de sortie consisterait à mettre de côté des enjeux constitutionnels et de consacrer, ensemble, souverainistes et fédéralistes, toutes les énergies à renforcer le Québec, à développer son économie, sa culture, ses institutions, comme l'éducation.
C'est manifestement le cheminement de François Legault et de ses proches, comme Joseph Facal. Ils ne renient sans doute pas la souveraineté, mais ils constatent son impossibilité et en viennent à la conclusion, qu'à l'heure actuelle, il y a des priorités plus pressantes. Et ils en viennent à tendre la main à des acteurs qui, dans le cadre politique traditionnel, étaient leurs adversaires. Ce n'est pas rien dans le contexte politique québécois.
Mais comment passer de l'idée, fort bonne, de l'intention, plus que louable, à l'action? Et dans un premier temps, pourquoi vouloir lancer un mouvement, qui se transformera peut-être en parti, plutôt que de défendre ces idées au sein d'une des forces politiques existantes?
La réponse est évidente.
C'est impossible au sein du PQ, trop rigide, qui n'acceptera pas de mettre son option de côté et qui fait toujours semblant de croire que la souveraineté est pour après-demain. Ce n'est pas plausible au sein du Parti libéral, qui n'est pas un refuge naturel pour d'ex-péquistes et qui, même s'il est plus proche des idées de Force Québec, est un parti usé qui ne semble pas avoir l'énergie et la crédibilité pour les réformes dont le Québec a besoin. Ce n'est pas souhaitable au sein de l'ADQ en raison de sa dérive et de sa marginalisation.
Où aller? Quoi faire? La création d'un parti n'est pas une mince affaire. Il faut plus que de bonnes idées. Il faut une organisation, de l'argent, un certain type de leadership. Les obstacles sont considérables.
Mais il y a très probablement un espace pour un courant politique comme celui-là. L'existence même de ce mouvement montre qu'il y a un vide. Il faut y voir un sérieux désaveu pour le PQ, prisonnier de son crédo. Mais c'est aussi un désaveu du PLQ, impopulaire et incapable de se faire le porteur d'un grand projet mobilisateur.
Le nombre de Québécois qui sont tannés d'être prisonniers du débat constitutionnel et qui seraient heureux d'entendre parler d'autre chose est certainement important. Et s'il n'y a pas une grande place pour une droite sociale, comme le montrent les déboires adéquistes, il y a de l' espace pour un conservatisme fiscal plus affirmé. Et surtout, pour un discours politique clair et franc.
Une nouvelle troisième voie
il y a de l'espace pour un conservatisme fiscal plus affirmé
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