Une bonne stratégie d’approche des employeurs lors des foires ou salons de l’emploi

Tribune libre

La personne immigrante qui se rend en région dans le cadre des foires de l’emploi a la possibilité de parler directement avec les principaux recruteurs. Ce n’est pas comme à Montréal où les foires de l’emploi attirent plusieurs milliers de personnes. En région, le nouvel arrivant a la chance de parler avec des employeurs qui ont le temps de l’écouter et de s’entretenir avec lui sur son profil de compétences.
Dans cette perspective, les immigrants doivent savoir comment aborder ceux qui ouvrent les portes de l’entreprise. Le chercheur d’emploi immigrant ne doit pas seulement se présenter au recruteur en lui tendant son CV et lui dire merci par la suite. Il doit afficher son plus beau sourire et vendre ses compétences et appliquer ce que nous appelons la recette stratégique du séduire, convaincre et rassurer un employeur. (Lire à ce sujet http://doudousow.wordpress.com/2013/08/16/trois-verbes-magiques-pour-decrocher-un-emploi/).
Un exemple de premier contact avec un employeur en région donne une bonne idée sur les clés de la réussite d’une meilleure communication : « Bonjour, je m’appelle Moustapha et je cherche un emploi de technicien en instrumentation, automatisation et contrôle. J’ai cinq années d’expérience dans le domaine électromécanique. J’ai une bonne connaissance des automates programmables et je maîtrise les logiciels Siemens, Allen Bradley et Omron. J’ai aussi des notions en pneumatique et hydraulique. Doté d’un sens de l’organisation et des priorités, je sais travailler en équipe et je peux m’adapter à n’importe quel environnement.» Les employeurs sont très courtois et la pénurie de main-d’œuvre touche plus les régions que la métropole.
L’employeur régional qui peut jeter un bref regard sur le CV du candidat peut se rendre compte très rapidement que l’immigrant est domicilié à Montréal. Dans cette perspective, l’immigrant doit prendre la balle au bond et lui dire que, en effet, il est inscrit à un programme de régionalisation avec un organisme basé à Montréal qui peut lui accorder une aide financière partielle en cas d’entrevues et de déménagement en région. Qui plus est, il est présentement en contact direct avec un organisme de la région qui facilite l’établissement et l’intégration des immigrants en région.
En procédant ainsi, il démontre au recruteur qu’il est intéressé à la fois par le poste et la région. Il arrive, dans bien des cas, que l’entrevue de sélection se fasse le jour même de la visite en région si l’employeur est intéressé par le profil de l’immigrant.
Toujours dans la logique de rassurer les employeurs, nous avions l’habitude de mentionner aux candidats inscrits en régionalisation de l’immigration de ne pas oublier, lors de leur candidature pour des postes en région, d’inclure dans la lettre de présentation, entre le troisième et le quatrième paragraphe, qu’ils sont inscrits à un programme de régionalisation qui peut leur accorder une aide pour le déménagement en cas d’obtention d’un emploi hors de Montréal.
Les chercheurs d’emploi immigrants pourraient également y souligner qu’ils ont déjà visité la région ciblée, si tel est le cas, en indiquant les circonstances : foire de l’emploi, visite de prospection individuelle, séjour d’exploration professionnelle organisée par le partenaire régional, stage, etc. Dans le cas contraire, ils pourraient spécifier qu’ils sont en contact permanent avec le partenaire de la région.
Pourquoi une telle précision? Parce qu’un employeur qui se retrouve avec deux CV, de quelqu’un qui est basé dans sa région et d’un autre qui est installé à Montréal, peut dire avec certitude que la personne qui habite dans la région pourra commencer le travail immédiatement ou dans les semaines à venir.
Par contre, il peut raisonnablement émettre un doute sur le déménagement d’une personne domiciliée à Montréal. En apportant la précision qu’ils sont déjà inscrits à un programme de régionalisation, ces chercheurs d’emploi immigrants expriment à leur interlocuteur leur motivation à s’établir dans les régions, mais aussi et surtout, l’informent qu’ils ont un organisme institutionnel derrière eux pour les accompagner dans le processus d’établissement en région. Et pour cette raison, ils démontrent à l’employeur qu’ils ne sont pas seuls dans leurs démarches.
En outre, ils font savoir aux recruteurs qu’ils ne soumettent pas leur candidature par hasard mais qu’ils se sont donné la peine de chercher des informations sur la région en question. Tous les éléments évoqués ci-haut prouvent à l’employeur que les nouveaux arrivants ont un intérêt réel à travailler dans son entreprise, mais aussi à s’établir dans leur nouveau milieu régional.
Étant donné que les employeurs reçoivent de nombreuses candidatures, les immigrants qui souhaitent s’établir en région doivent faire preuve d’originalité pour attirer l’attention de leur futur employeur.
Le dynamisme économique régional
La répartition équitable des immigrants passerait inévitablement par une information depuis l’étranger à travers les sessions de la délégation générale du Québec. Il faut que la personne immigrante s’informe davantage sur le marché du travail dans les 17 régions du Québec. Plusieurs emplois sont à pourvoir dans différentes régions et un certain nombre d’entre elles connaissent le plein emploi : « Le taux de chômage est à son plus bas dans la région de Chaudière-Appalaches, avec 4,6 pour cent, et dans la Capitale-Nationale, avec 5,7 pour cent » sans compter les possibilités d’emplois dans les régions ressources et les emplois spécialisés dans certaines régions du Québec.
Une bonne politique de la régionalisation contribuerait à atténuer le phénomène de la « métropolisation des immigrants ». L’île de Montréal représente 70% de l’immigration québécoise.
La migration secondaire, qui est une des solutions à la pénurie de main-d’œuvre, contribue au maintien de la croissance économique du Québec. La mobilisation des acteurs régionaux ainsi que le renforcement de l’attraction des immigrants établis dans le grand Montréal pourraient permettre aux régions de lutter contre la rareté de main-d’œuvre et, de manière générale, contre la décroissance démographique.
L’auteur est sociologue-blogueur, conférencier et conseiller en emploi pour le projet Mentorat Québec-Pluriel au Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé. Il est ancien conseiller en emploi et à l’établissement en région à l’organisme Promotion Intégration Société nouvelle (PROMIS).

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Doudou Sow26 articles

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Sociologue de formation, spécialisé en Travail et organisations, l’auteur
est actuellement conseiller en emploi pour le projet Mentorat
Québec-Pluriel au Carrefour jeunesse-emploi Bourassa-Sauvé
(Montréal-Nord).





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    21 août 2013

    Excellent texte, M. Sow.
    Espérons que certains sauront profiter de vos judicieux conseils.