Dans plusieurs articles parus ces derniers jours, des personnes réagissent à la nouvelle plateforme pédagogique proposée par la Fédération autonome de l'enseignement (FAE). Nous sommes heureux que le lancement de ce document ait permis d'ouvrir un débat sur la pédagogie utilisée dans les écoles du Québec.
En effet, il ne suffit pas de dire que les jeunes sortent des écoles en ne sachant pas écrire leur langue, encore faut-il tenter de cerner les sources et mettre de l'avant des solutions. Ce que la FAE tente de faire: un syndicalisme de propositions. Il faut nous rappeler d'entrée de jeu que, jamais dans l'histoire scolaire québécoise, les enseignantes et enseignants n'avaient eu l'occasion de se prononcer sur l'école qu'ils souhaitaient. À l'inverse de la réforme imposée depuis maintenant dix ans, la plateforme pédagogique est le fruit de l'expertise et de l'expérience de plusieurs milliers de professeurs.
Un point de vue partagé par la population
Même si l'école se doit de transmettre des connaissances, tout tourne pourtant, depuis une dizaine d'années, autour de l'acquisition des compétences. Pourtant, 97% de la population, selon un sondage CROP réalisé en août dernier, affirme que l'objectif premier de l'école est la transmission et l'apprentissage des connaissances. Comment évaluer l'atteinte de notre objectif si nous coupons court à toute évaluation? Comment permettre aux parents de suivre le cheminement de leur enfant, si ce n'est par le bulletin?
Sans masque, sans raccourci
Il est vrai que la plateforme pédagogique adoptée par les membres de la FAE rappelle quelques évidences. Toutefois, c'est prendre un raccourci tendancieux que sous-entendre que des solutions évidentes et simples sont nécessairement simplistes. C'est pourquoi nous souhaitons revenir sur certains éléments soulevés dans cette libre opinion.
Est-il nécessaire de rappeler que les signataires de la lettre ouverte «Des certitudes dans la confusion pédagogique» sont membres du Réseau pour l'avancement de l'éducation au Québec (RAEQ), qui a pour mission, et c'est clairement énoncé sur leur site web, la promotion de l'actuelle réforme de l'éducation. Comme la FAE l'a constaté depuis les débuts, cette réforme est largement défavorable aux enfants des milieux modestes et ceux en difficulté, elle ne l'a donc jamais appuyée. Il n'y a aucune surprise dans le constat de nos divergences. Toutefois, de celles-ci doit naître le débat pour l'avenir des jeunes. Un débat qui doit se faire à visage découvert.
La plateforme: valeurs éducatives et connaissances essentielles
La position de la FAE est basée sur des valeurs éducatives qui ont fait consensus dans la société québécoise depuis le rapport Parent: une éducation de qualité, inclusive, c'est-à-dire ouverte à tous, quels que soient leurs talents, leur origine, leur statut social et économique. Une école gratuite, inclusive et responsable.
Pour réduire les disparités sociales afin de donner des chances égales à tous, seule une base solide de connaissances essentielles, lire, écrire et compter, peuvent y conduire. Dans la vie et le développement d'un individu, les compétences sont appelées à changer, mais les connaissances demeurent la base fondatrice et essentielle pour s'adapter aux changements.
La socialisation ne doit pas être la première mission de l'école
Tout en reconnaissant que qualifier et socialiser font partie de la mission de l'école, elles n'en sont pas les seules missions. La mission première reste d'instruire: nous formons des individus complets, d'actuels et futurs citoyens responsables, capables d'esprit critique. Toujours et partout, la FAE continuera à dénoncer la vocation utilitaire que certains tentent d'imposer à l'école. La réforme contribue largement à véhiculer cette vision.
L'école ne peut plus continuer à faire les frais d'une réforme qui s'est avérée un échec. La plateforme pédagogique que nous proposons est une réponse crédible et viable pour les élèves jeunes et adultes, leurs parents et les enseignant(e)s. Pour nous, il est clair qu'une autre école est possible.
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Sylvain Mallette, Vice-président à la vie pédagogique ? Fédération autonome de l'enseignement
Montréal
Une autre école est possible
École - "le gâchis scolaire"
Sylvain Mallette1 article
Vice-président à la vie pédagogique ? Fédération autonome de l'enseignement Montréal
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