Une année bien remplie à Ottawa

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La catastrophe libérale à Ottawa

 L’année du 150e de la Confédération a été particulièrement chargée en politique canadienne.


De scandales éthiques en annonces controversées, le gouvernement Trudeau, maintenant à mi-mandat, a dû éteindre des feux sur tous les fronts.


Résumé en 10 dossiers d’une année de grandes secousses sur la scène fédérale.


1 - LA RENÉGOCIATION DE L’ALENA


Traîné de force par les États-Unis dans la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), le gouvernement Trudeau a dû s’ajuster dès le début de l’année pour faire face à l’administration Trump. Le premier ministre a remanié son cabinet en janvier, tassant son ministre des Affaires étrangères, le vétéran Stéphane Dion, pour faire place à l’influente Chrystia Freeland. Au cours des cinq premières rondes de discussions, les États-Unis ont présenté des demandes très exigeantes, auxquelles le Canada ne semble pas prêt de vouloir céder. Les négociations se poursuivent en 2018, et rien n’indique que les trois pays à la table trouveront un terrain d’entente.


2 - L’ABANDON DE LA RÉFORME ÉLECTORALE


«C’est la dernière élection sous le mode de scrutin actuel», a répété sans relâche Justin Trudeau durant la dernière campagne électorale. Et pourtant, les élections générales de 2019 se dérouleront encore selon le système uninominal à un tour. Après avoir mis sur pied un comité où personne ne s’entendait et dont les conclusions n’allaient pas dans le sens espéré (Justin Trudeau penchait pour le système de vote préférentiel), le premier ministre a tout simplement abandonné le projet en février. Le rejet de cette promesse phare lui a valu une déferlante de critiques, tant dans l’opposition qu’au sein de l’électorat.


3 - TROIS COURSES À LA CHEFFERIE


C’est le Bloc québécois qui a parti le bal des chefferies, au mois de mars, en portant à sa tête la députée provinciale Martine Ouellet. L’ancienne péquiste siège maintenant comme indépendante à l’Assemblée nationale. Chez les conservateurs, le député saskatchewanais Andrew Scheer l’a emporté à l’arraché contre le grand favori, Maxime Bernier, en mai. La campagne a été marquée par la candidature avortée de l’homme d’affaires et vedette de téléréalité Kevin O’Leary. Le troisième et dernier chef d’opposition à avoir été élu est l’ex-député ontarien Jagmeet Singh. Son arrivée à la tête du Nouveau Parti démocratique en octobre ne s’est pas encore traduite par des gains dans les sondages ou les élections partielles.


4 - LA LÉGALISATION DU CANNABIS


La dernière année a montré que la légalisation du cannabis, promise par le gouvernement Trudeau pour juillet 2018, ne se fera pas sans difficulté. Déposé en avril, le projet de loi C-45 a été adopté par la Chambre des communes en fin de session. Il est maintenant entre les mains du Sénat, qui promet de prendre son temps. Et pour cause. Des acteurs de tous les horizons (corps policiers, provinces, municipalités, experts en santé) sont sortis cette année pour dénoncer l’empressement du fédéral. Justin Trudeau, qui a suggéré à la fin de l’année que la légalisation pourrait se faire un peu plus tard qu’en juillet, les aurait-il entendus ?


5 - L’ENQUÊTE SUR LES FEMMES AUTOCHTONES


La très attendue Enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées a commencé ses audiences en mai cette année, et ce sur fond de confusion totale. Alors que plusieurs groupes autochtones ont critiqué l’enquête, de nombreux employés et commissaires ont claqué la porte, dénonçant notamment un processus «colonialiste». Qu’à cela ne tienne, les audiences ont permis d’entendre plus de 300 témoins à ce jour. Les représentants de la commission, qui doit se terminer le 31 décembre 2018, ont demandé cet automne davantage de temps et d’argent pour mener à bien leur travail. L’année s’est terminée dans la discorde, l’Assemblée des Premières nations exigeant la démission de la commissaire en chef Marion Buller.


6 - L’INDEMNISATION D’OMAR KHADR


Le fédéral a conclu une entente hors cour avec Omar Khadr en juillet, indemnisant à hauteur de 10,5 millions $ l’ex-enfant soldat arrêté en 2002 en Afghanistan. Ce dernier poursuivait le fédéral pour 20 millions $, après que la Cour suprême eut tranché que des agents de la GRC avaient violé ses droits en l’interrogeant à la prison américaine de Guantanamo. Si le gouvernement a plaidé avoir conclu cette entente pour éviter de payer davantage sur un procès qu’il était assuré de perdre, l’opposition conservatrice s’est insurgée de la compensation offerte à l’homme qui a plaidé coupable du meurtre d’un soldat américain devant un tribunal militaire.


7 - JULIE PAYETTE NOMMÉE GOUVERNEURE GÉNÉRALE


L’ancienne astronaute Julie Payette est devenue en juillet dernier la 29e gouverneure générale du Canada. Si la nomination de la Montréalaise de 53 ans a été unanimement applaudie, ses premiers pas en tant que représentante de la Reine ne se sont pas faits sans heurts. Dans les jours qui ont suivi l’annonce de sa nomination, on a appris qu’elle avait déjà fait l’objet d’une enquête pour voies de fait, en 2011 aux États-Unis, une procédure qui avait finalement été retirée. Le premier ministre a défendu Mme Payette, sans jamais dire s’il avait été informé de cette affaire avant d’arrêter son choix. En novembre, la gouverneure générale a causé un tollé en critiquant, lors d’un discours à Ottawa, les créationnistes et les climatosceptiques.


8 - LES AFFAIRES MORNEAU


Depuis l’été, le ministre des Finances Bill Morneau est embourbé dans les controverses. Il a d’abord présenté en juillet une réforme fiscale qui lui a valu un déluge de critiques, le forçant à reculer sur plusieurs de ses propositions. M. Morneau a ensuite passé tout l’automne à s’expliquer au sujet de ses actifs financiers : pourquoi n’a-t-il pas mis ses actions de Morneau Shepell dans une fiducie sans droit de regard ? Comment a-t-il pu oublier de déclarer une villa en France ? S’est-il placé en conflit d’intérêts avec le projet de loi C-27 sur les fonds de retraite ? A-t-il vendu un bloc de 680 000 actions juste avant d’annoncer de nouvelles mesures fiscales ? Autant de questions qui continueront de hanter le grand argentier du pays en 2018.


9 - L’ENTENTE NETFLIX


Bombardée de critiques, la ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, défend depuis des mois l’entente qu’elle a signée avec Netflix. L’accord de production de 500 millions $ présenté en septembre ne prévoit aucun quota de contenu francophone et ne soumet le service de diffusion en ligne à aucune forme de taxation. Mme Joly a beau marteler qu’elle a présenté une entente culturelle et non une entente fiscale, elle subit depuis des mois les foudres des artistes, des organismes culturels, des télédiffuseurs et d’entrepreneurs qui plaident tous pour un traitement équitable face à la compétition étrangère.


10 - LES VACANCES CHEZ L’AGA KHAN


L’année 2017 s’est terminée comme elle a commencé pour Justin Trudeau. Les questions éthiques à son sujet ont débuté dès janvier, alors qu’était révélé au grand jour son voyage du temps des Fêtes sur l’île privée de l’Aga Khan dans les Bahamas. Douze mois plus tard, la commissaire à l’éthique Mary Dawson a bouclé la boucle en déposant un rapport d’enquête accablant. Conclusion: le premier ministre a enfreint quatre articles de la Loi sur les conflits d’intérêts dans le cadre de son séjour chez le richissime leader spirituel. Justin Trudeau s’est excusé et a assuré qu’il ne recommencerait plus. Il ne s’expose à aucune sanction.