Le Bloc Québécois de Martine Ouellet apparaît être en sérieuses difficultés si nous nous fions à ce qui a été rapporté par les médias en marge de leur conseil général. Quand le débat de l’heure d’un parti se résume au salaire qu’il va verser à sa chef et que cette dernière manifeste de la méfiance à l’égard de ses militants pendant son allocution devant l’instance, il est facile de conclure que cela ne va pas bien du tout et que l’avenir du parti s’annonce périlleux.
Les lendemains du NPD de Jagmeet Singh, au Québec, ne semblent guère plus reluisants, si on prête attention aux propos de leur lieutenant québécois. Alexandre Boulerice prépare les troupes à une défaite du NPD dans Outremont en rappelant que la circonscription était un château fort libéral avant que Thomas Mulcair s’en empare. Pourtant, ce dernier y a remporté trois élections. Conscient de la nette perte d’engouement pour son parti chez les Québécois, Jagmeet Singh se lance dans une entreprise de séduction en proposant un rapport d’impôt unique sous la responsabilité provinciale et l’entrée du Québec dans la constitution. Il est toutefois improbable que de telles propositions puissent se réaliser sous un gouvernement néo-démocrate.
Pendant que Martine Ouellet s’entête contre ses militants et que Jagmeet Singh sème des illusions, les libéraux planent dans les sondages et les conservateurs reprennent du poil de la bête au Québec. Si la tendance se maintient, le Bloc et le NPD risquent d’être rayés de la carte québécoise à la prochaine élection fédérale. La chef bloquiste ne passe tout simplement pas dans l’échelle d’appréciation des Québécois et le chef néo-démocrate n’a pas le charisme d’un Jack Layton qui demeure, encore aujourd’hui, l’explication la plus logique pour la vague orange de 2011.
Dans une telle conjoncture, il n’y aura pas de place pour deux tiers partis au Québec lors de la prochaine élection fédérale. Les nationalistes néo-démocrates et les bloquistes refroidis par la chef Ouellet auraient intérêt à jeter des ponts entre eux et à examiner sérieusement la perspective d’une alliance plus prometteuse. À défaut de réunir des forces vives qui partagent des objectifs communs sur les plans stratégiques et la défense des intérêts du Québec, le Bloc deviendra un souvenir et le NPD retrouvera sa dominance centralisatrice et canadienne.
Je sais que dans les coulisses du pouvoir, il se trouvera quelques apparatchiks pour conclure à l’impossibilité d’un tel scénario. Cependant, j’imagine qu’une concertation d’un nombre significatif de députés sur une plate-forme commune pourrait « rebrasser » le leadership du Bloc et les ambitions du NPD et peut-être permettre une convergence qui évitera de laisser l’entièreté des circonscriptions québécoises aux libéraux et aux conservateurs lors du prochain rendez-vous électoral.
En attendant le miracle, je ne peux qu’avoir de l’amertume en repensant au salaire réclamé par la chef. Il n’y a pas si longtemps, des militants et des candidats avaient souscrits à l’idée que les élus du Bloc renoncent à une partie de leur salaire pour constituer une cagnotte qui permettrait de mener des recherches favorisant la progression du projet indépendantiste. Nous sommes loin de cet idéal avec les propos de la chef et des députés Mario Beaulieu et Xavier Barsalou.