Ainsi, selon le philosophe Charles Taylor (qui est venu « aider » les membres de Québec solidaire à « cheminer » dans leur réflexion sur la laïcité), interdire les signes religieux aux fonctionnaires, comme veut le faire le gouvernement caquiste, serait « une erreur ».
« C’est une façon de marquer des gens comme dangereux, difficilement assimilables, a-t-il dit à TVA Nouvelles. Les individus qui travaillent dans les institutions sont des citoyens comme les autres, ils sont libres d’exprimer leurs positions... »
VIRAGE À 180
Voici ce que disait Charles Taylor dans le livre Laïcité et liberté de conscience, qu’il a écrit avec Jocelyn Maclure en 2010.
« Certains considèrent que s’il est vrai qu’une règle générale s’appliquant à tous les agents de l’État est excessive, il n’en demeure pas moins que le port de signes religieux visibles devrait être interdit pour une gamme restreinte de postes, ceux qui incarnent au plus haut point l’État et sa nécessaire neutralité.
« On peut aussi avancer que l’apparence d’impartialité s’impose de façon particulièrement forte dans le cas des juges, des policiers et des gardiens de prison, qui détiennent tous un pouvoir de sanction à l’endroit de personnes en position de vulnérabilité et de dépendance. »
Neuf ans plus tard, monsieur Taylor a complètement changé son fusil d’épaule, et défend maintenant le port des signes religieux pour les juges, les policiers et les gardiens de prison.
Il ne fait pas que contredire ses vieux livres : il est en porte-à-faux avec le rapport qu’il a cosigné en 2008 !
LA FAUTE À CHARLIE HEBDO
« Seuls les fous ne changent pas d’idée », dit le proverbe.
Effectivement. Mais monsieur Taylor n’est pas un simple chroniqueur qui commente l’actualité à la petite semaine.
C’est un intellectuel de haut calibre, un philosophe de renommée internationale. Qui est censé défendre des concepts qui résistent au temps et aux idées à la mode. Qu’est-ce qui l’a amené à effectuer un tel virage ?
À la fin de son livre Laïcité et liberté de conscience, monsieur Taylor blâme les journalistes de Charlie Hebdo pour ce qui leur est arrivé !
« La publication des caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo n’a servi qu’à attiser le conflit et à alimenter les idées de grandeur des artisans de l’hebdomadaire... »
Selon monsieur Taylor, la majorité des médias qui ont refusé de publier ces caricatures ont témoigné d’un « jugement sage quant à l’exercice du droit à la liberté d’expression » !
Bref, le problème, ce n’est pas les fous qui capotent, qui tirent dans le tas et qui font couler le sang quand on publie un dessin qu’ils n’aiment pas, non.
C’est ceux qui publient le dessin !
Ce sont eux qui sont à blâmer !
C’est EXACTEMENT comme si je disais à une femme qui a été violée : « Tu n’avais qu’à ne pas porter une jupe courte ! Tu as excité ton agresseur et attisé son désir... »
PROTÉGER LES ZÉLÉS
Bref, pour Charles Taylor, le respect des croyances d’une bande de zélés qui n’acceptent aucune critique est plus important que la liberté d’expression des artistes !
Et cet homme passe pour un grand intellectuel ?
Ben coudonc.