Un faux pas du Pacte pour la transition

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Les écolos sont avant tout des libéraux

J’ai beaucoup de respect pour l’engagement de Dominic Champagne, notamment, pour son action relative à l’environnement et la mise sur pied du mouvement Pacte pour la transition. Et pourtant, je ne puis faire autrement que me questionner sur l’une des actions récentes impliquant le fonctionnement de ce regroupement.


Je tiens d’emblée à souligner que, dès les premiers jours de la création de ce mouvement, j’y ai adhéré. Et comme dirigeant d’une entreprise qui œuvre dans le secteur de l’environnement, j’ai encouragé nos employés à en devenir eux-mêmes signataires. Aussi mon engagement à titre de citoyen et de dirigeant d’une entreprise de ce secteur est-il loin de faire de moi un détracteur de cette initiative.


Néanmoins, j’ai été étonné par le type d’intervention mené par les responsables des décisions de ce regroupement au cours de la récente campagne électorale. Dans les tout derniers jours de celle-ci, ils ont envoyé plus de 57 000 lettres — nombre mentionné dans les journaux — à des adhérents du mouvement pour les inciter non seulement à voter stratégiquement, mais encore, avec une invitation de leur porte-parole — exprimée en termes à peine voilés —, à voter « libéral ».


Malheureusement passé plus ou moins sous le radar, cet incident nous oblige à poser un regard sur cette utilisation des noms des signataires du Pacte. Une chose évidente, me semble-t-il, c’est que personne, dans l’engagement qu’il a signé, n’a autorisé pareil mandat à ceux qui contrôlent cette banque de noms. D’ailleurs, dans l’un des premiers paragraphes du site dédié au Pacte, n’est-il pas mentionné en toutes lettres « par-delà nos divergences politiques », indiquant d’entrée de jeu l’action non partisane souhaitée ?


L’urgence d’agir ne justifie pas tout. Cette intervention, au sein d’une démarche démocratique, nous amène à nous poser de pressantes questions ; par exemple, qui prend les décisions dans ce regroupement et comment ces décideurs-dirigeants sont-ils désignés ? Bien que je sois intervenu auprès de certains d’entre eux, je n’ai pas reçu de réponses satisfaisantes à mes questions. Tout compte fait, cet appel au vote stratégique dans les circonscriptions retenues fut tout sauf stratégique. Les résultats de l’élection ayant au contraire démontré que ce sont le Bloc québécois et le NPD qui détiennent la balance du pouvoir et que ce sont ces derniers qu’il aurait fallu appuyer stratégiquement.


Cet incident de parcours nous offre l’occasion de nous pencher sur l’utilisation inadéquate de l’engagement qu’ont signé les adhérents au Pacte. Il aurait été souhaitable, voire acceptable, que les responsables de cette décision informent objectivement l’ensemble de leurs adhérents en leur brossant un tableau complet des différents programmes touchant l’environnement de tous les partis politiques, auxquels programmes ils auraient pu ajouter des commentaires qui se voulaient scientifiques ou de gros bons sens sur les actions proposées ou, mieux, leur faisabilité.


Or, ils ont plutôt proposé à certains adhérents de faire un choix désigné d’avance. N’y a-t-il pas quelque chose d’ironique dans le fait que dernièrement un colloque propose comme question de départ « L’urgence climatique : faut-il instaurer une dictature environnementale ? », et, en outre, que l’on ait utilisé la liste des adhérents sans leur consentement à l’ère de la protection des données personnelles ?


Malgré ce qui précède, l’urgence l’exigeant et le mouvement ayant sa place, je ne compte pas retirer mon adhésion. J’espère tout de même obtenir des réponses à mes questions et, pour l’avenir, connaître leur politique de gestion des données personnelles. Je souhaite qu’ils continuent à poursuivre leurs actions de sensibilisation auprès des citoyens et des gouvernements et, de surcroît, qu’ils ajoutent à leur plage d’actions des interventions concrètes pour appuyer les nombreuses entreprises québécoises qui proposent des technologies vertes, mais qui doivent se battre pour les faire reconnaître et recevoir l’appui financier des gouvernements. Enfin, pourquoi le Pacte n’aurait-il pas un comité de dirigeants d’entreprises vertes, d’où viendraient d’autres solutions, comme il a un comité scientifique ?


Comme l’ont montré deux spécialistes en communication publique, Pénélope Daignault et Valériane Champagne St-Arnaud, l’approche positive devrait être privilégiée et, selon moi, l’intervention avec solutions. C’est pourquoi j’invite tous les organismes environnementaux à appuyer des entreprises portant des technologies vertes et à ajouter ce type d’actions dans leurs actions terrain, ce qui ne manquera pas d’augmenter leur crédibilité aux yeux du grand public.