Un fait inédit sur les urgences

Chronique d'André Savard

On parle de la crise dans les urgences. Des urgentologues spécifient que c’est du jamais vu, un stade que l’on ne croyait jamais atteindre. Comme d’habitude, Charest va répondre que c’est à cause des péquistes et de la mise à la retraite précipitée des infirmières il y a plus de dix ans.
Il y a une chose que vous n’avez pas encore lue sur la question des urgences et qui finira bien par sortir dans les médias dans les prochains jours. Le gouvernement Charest a coupé les subsides aux résidences qui offraient l’hébergement pour la clientèle dite “en attente”. Des foyers qui accueillaient de trente à cinquante personnes, lesquelles pouvaient se satisfaire d’une assistance cliniquement moins lourdes, ont vu leur budget coupé. Le résultat, ce sont des étages entiers de lits vacants.
Des résidences qui ont obtenu un certificat pour s’acquitter de cette vocation se sont vues rembarrer juste avant d’ouvir leurs portes. Prenons l’exemple de la Résidence des Boulevards sur le boulevard St-Joseph à Montréal. Trente lits et un équipement pour accommoder une clientèle nécessitant des soins moins lourds. Trente lits vides. Et cela, tout juste après avoir suivi une démarche de certification pour dispenser des soins.
Où pensez-vous qu’échouent ses patents qui passaient jadis dans la filière “en attente”? Dans les urgences! En ce moment, des gens qui ont besoin d’un hébergement de longue durée occupent des civières et hantent le réseau.
Au moment de couper les subsides, le ministre Bolduc disaient en avoir marre des solutions ponctuelles. Or les résidences s’étaient adaptées pour offrir le service. Ce n’était pas une campement. Les résidences devaient avoir une certification et répondre à des normes qui, elles, n’étaient pas temporaires.
En abandonnant cette filière, on a en quelque sorte couper les investissements et dans les soins de première ligne et dans ceux de deuxième ligne en dehors des hôpitaux. Forcément, les deux catégories se retrouvent dans les urgences.
La sale affaire, c’est qu’on a sollicité des résidences afin qu’elles se pourvoient d’une certification, puis de lits et puis d’un appareil clinique. Maintenant, le ministère leur apprend qu’elles ont obtenu un certificat pour des prunes. Elles n’ont plus qu’à entretenir des lits vides pendant que, sur le réseau d’informations continues, les manchettes roulent en boucles au sujet de l’engorgement des urgences.
Ce geste vient du gouvernement qui dans l’opposition a fait monter le thème des hôpitaux au rang de la tragédie grecque. Ce geste vient d’un gouvernement spécialisé paraît-il dans la gestion pépère. On pourrait s’attendre au moins à ce qu’il réussisse dans sa soi-disant spécialité. Malheureusement, ce n’est pas le cas.
Peut-être, après tout, que le gouvernement n’a pas à s’en faire. Les médias ne leur infligent pas ces échelles progressives d’occupation des urgences que l’on retrouvait au bas de tous nos écrans télé, du temps où les méchants séparatistes étaient au pouvoir.
André Savard


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