L’affaire SNC-Lavalin fut un cafouillage pour le gouvernement de Justin Trudeau. L’affaire du vice-amiral Norman est un déshonneur.
Dans le dossier SNC-Lavalin, la thèse de Justin Trudeau et de son entourage est tout à fait défendable sur le fond. Dans l’OCDE, la plupart des dossiers de crimes économiques de grandes entreprises furent réglés par des accords de réparation. La défense des emplois, la préoccupation pour les salariés actuels qui n’ont rien fait de mal, tout ça tenait la route.
Justin Trudeau et son entourage ont tout échappé dans la gestion de l’affaire. Des vérités changeantes, une ministre têtue, des maladresses répétées, le premier ministre a contribué à faire grossir la crise jusqu’à se mettre en danger pour l’élection à venir. La thèse de l’ingérence indue dans le processus judiciaire a fini par prendre le dessus.
Un serviteur de nos forces armées
Dans le cas du haut gradé de notre défense nationale Mark Norman, l’odeur d’ammoniac me monte bien plus fortement à la gorge. Tout semble indiquer que jamais une procédure criminelle n’aurait dû être intentée contre cet homme. Son erreur a peut-être été de jouer du coude politiquement avec un nouveau gouvernement parce qu’il voulait éviter de ralentir la nécessaire modernisation de la marine.
Les mauvaises langues racontent que le gouvernement Trudeau avait subi les pressions de la famille Irving, qui ne voulait laisser aucune miette des travaux au chantier québécois de la Davie. Fraîchement arrivés au pouvoir, les libéraux de Justin Trudeau auraient-ils voulu mettre sur la glace tous les contrats des chantiers navals pour les « reconsidérer » ? Et ce, pour des causes peu nobles ? Ça regarde mal.
En mettant l’affaire sur la place publique, le vice-amiral a mis le gouvernement dans l’eau chaude, faisant échouer ses plans (ou, puis-je dire, a fait échouer une magouille ?) L’impression aujourd’hui, c’est que pour lui faire payer sa faute, on a aiguillé sur lui des charges criminelles. Grâce au travail agressif des avocats seniors qu’il a embauchés à grands frais, les accusations sont mystérieusement tombées.
Si les accusations avaient été maintenues, le procès aurait eu lieu dans les semaines du début de la campagne électorale. Tout indique que la défense aurait mis en relief des éléments gênants pour le gouvernement Trudeau. Même un député vedette de l’équipe Trudeau, l’ancien militaire Andrew Leslie, aurait tourné le dos à son parti pour aller témoigner en faveur de la défense, en faveur de Mark Norman.
Aucune ingérence ?
On nous jure que le retrait des accusations n’est le résultat d’aucune ingérence politique. Disons que ça tombe très bien pour monsieur Trudeau. Mais la question fondamentale demeure : le gouvernement libéral a-t-il sali la réputation d’un dévoué et honnête serviteur de l’armée canadienne pour maquiller ses tentatives de grenouillage dans les contrats publics ?
Malheureusement, j’ai l’impression que oui. Quel message pour l’armée ! Quel message pour tous les serviteurs dévoués de l’État canadien !
Les maigres réponses fournies par monsieur Trudeau jusqu’à maintenant sont désolantes face à la gravité de cette situation.