Pauline Marois en entrevue au Devoir

Un déficit si nécessaire, mais de façon temporaire

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Élection Québec - le 8 décembre 2008 - les souverainistes en campagne

Pauline Marois promet aux Québécois de ne pas revenir à l'ère des déficits... mais elle n'exclut pas qu'un éventuel gouvernement péquiste soit obligé d'y avoir recours pendant un certain temps. L'important, dit-elle, c'est que l'équilibre budgétaire soit atteint au terme de la période budgétaire gouvernementale de cinq ans.
En entrevue éditoriale au Devoir, hier, la chef du Parti québécois a reconnu que le contexte financier actuel pourrait ne pas permettre à son parti de respecter chaque année ses intentions de présenter un budget équilibré. Il pourrait y avoir des périodes où il serait déficitaire, mais Mme Marois assure que ce sera temporaire.
«S'il arrive des circonstances telles, on va s'assurer que sur la période de cinq ans il n'y ait pas de déficit et que tout soit équilibré. On a trop bûché pour ça [revenir aux déficits de l'avant-Bouchard]. On a payé un prix lourd. On s'est arraché le coeur à atteindre cet équilibre», a indiqué Mme Marois.
Elle n'a pas voulu rejeter l'hypothèse de toucher aux taxes ou aux impôts de la population, tout en prenant soin de dire que ce n'était pas son intention. «On ne voudrait pas le faire, a-t-elle dit. Mais il serait très périlleux de dire qu'on ne touchera pas à ça. Donnons-nous un peu d'espace pour pouvoir faire les bons choix [...]. Il ne faut pas se piéger.» Chose sûre, Mme Marois estime qu'il serait «complètement bête» d'augmenter les impôts dans le contexte actuel.
Questionnée au sujet de l'apparent manque de précision de la plate-forme électorale qu'elle présentera aujourd'hui, Mme Marois a reconnu que le parti avait parfois manqué de temps pour l'étoffer. «On aurait pu aller plus loin dans la description, être plus concrets. On n'est pas passés à l'aspect plus descriptif, mais ça ne change rien aux principes ou à la philosophie», dit-elle.
Le document sert donc à «donner les grandes actions». «On a une bonne expérience de l'appareil gouvernemental», dit Mme Marois, convaincue que la population saura faire confiance au PQ pour appliquer concrètement et élargir les intentions évoquées. «Les politiques vont s'imprégner de ce qui est là.»
Misant sur une sorte de «réingénierie» de l'État (débureaucratisation, allégement des organigrammes, assouplissement des structures), Pauline Marois a indiqué que son intention n'était pas d'abolir des organismes, mais bien de s'assurer de l'efficacité de chacun d'eux. Elle a réaffirmé à plusieurs reprises son engagement envers le système public (garderies, école, santé) et la gratuité de certains services... tout en râlant contre la conversion de Jean Charest à l'interventionnisme étatique, un changement non crédible selon elle.
Snob ou pas?
Combative, Mme Marois ne paraissait aucunement ébranlée par la divulgation, dans La Presse d'hier, d'un document interne du PQ soulignant les problèmes de perception de la chef péquiste dans la population, plusieurs la trouvant «snob», selon le document.
Mme Marois se dit certaine que la population changera d'opinion dès lors que les gens la connaîtront mieux ou auront l'occasion de lui parler directement. «J'adore parler aux travailleurs, au monde. Je suis une travailleuse sociale, après tout.» Alors, pas question de changer quoi que ce soit dans sa personnalité, même si c'est parfois «dur pour l'ego».
«Il faut être capable d'entendre le point de vue des gens. Or, il y a des gens qui disent qu'elle a l'air snob, Mme Marois. Et les gens qui me fréquentent disent que c'est le contraire. Alors, OK, on va essayer de faire en sorte que ça paraisse davantage. Mais je ne changerai pas ma façon d'être et mon comportement.»
Concernant l'auteur de la fuite du document (elle a parlé de gens «malveillants»), Pauline Marois a lancé qu'elle ne s'en préoccupait pas. «Quand je suis revenue au PQ, j'ai pris une décision: dans ma tête, je me suis dit, ils ne me feront pas faire ce que je n'ai pas le goût de faire, et je vais rester ce que je suis, avec ma simplicité, mes idées, ma vision.»
Et malgré l'apparence de dissensions au sein du PQ -- où l'aile pure et dure rechigne à l'idée de voir la question de la souveraineté placée au second plan de la campagne --, Mme Marois jure qu'elle a réussi à imposer sa discipline. «Ce qui est important dans la discipline d'un parti, c'est qu'on adopte des orientations et qu'on soit solidaires de ces orientations. [...] Je suis heureuse des choix qu'on a faits. Je me sens vraiment à l'aise avec mon parti, et j'ai l'impression que mon parti n'est pas trop mal à l'aise avec moi non plus.»


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