Le débat d’hier soir était la dernière occasion pour les chefs fédéraux de se faire valoir. Or, on a eu droit à une soirée plutôt terne, même plate.
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Pourtant, la dynamique récente de cette campagne nous amenait à penser que cet ultime affrontement serait percutant. Avec un Bloc québécois qui a le vent dans les voiles, le PLC et le PCC en perte de vitesse ici et au coude à coude à l’échelle nationale et le NPD qui jouit d’une bonne campagne de son chef, il était permis de croire que ce rendez-vous serait déterminant.
Mais ce ne fut pas le cas. On aura eu l’impression pendant une bonne partie de cette joute d’assister à une séance d’enregistrements de publicités télévisées pour chacun des partis. Il aura fallu attendre 40 minutes avant de voir un peu d’émotion et de conviction.
Certes, Patrice Roy et les journalistes invités à poser des questions ont fait un travail juste et rigoureux, mais le format et le nombre désavantageaient les véritables débats.
Performance des chefs
Justin Trudeau a choisi de faire du Parti conservateur sa cible de prédilection comme lors du Face-à-Face de TVA. Bizarrement, les attaques envers le Bloc auront été plutôt rares. Comme par enchantement, le chef libéral aura soudainement retrouvé une position plus nuancée sur la loi 21. Un discours en français, et un autre en anglais...
Andrew Scheer, qui avait connu un horrible premier débat en français, avait une deuxième chance de faire bonne impression auprès de l’électorat québécois. Sans affirmer qu’il a tout cassé, le chef conservateur a néanmoins fait bonne figure. Il fut plus dynamique, y allant de meilleures attaques, particulièrement envers Justin Trudeau. Cette fois-ci, il a été clair et précis sur la question de l’avortement. Enfin.
En ce qui concerne le chef du Bloc québécois, tous s’attendaient à ce que ce dernier soit la cible de toutes les attaques. Il aura fallu attendre 90 minutes avant de voir le début du commencement d’une décharge contre lui. Sans grand succès. Cela est difficilement explicable quand on pense que tous les partis auraient bénéficié d’une perte de momentum du parti souverainiste. Bizarre. Dans les circonstances, il n’est pas fou de prétendre que M. Blanchet sort plutôt gagnant de ce débat.
Jagmeet Singh, fidèle à son habitude depuis le début de la campagne, a offert une bonne performance dans l’ensemble. Sans plus.
La chef du Parti vert, Elizabeth May, a fait ce qu’elle pouvait. Et Maxime Bernier n’a pas mal fait, mais son ton souvent hargneux n’aura rien fait pour l’aider à séduire une partie de l’électorat. Son meilleur moment aura été sur la question du respect de la loi 21 sur la laïcité.
En conclusion, il est difficile d’identifier un grand gagnant ou un perdant à la suite de ce dernier débat. Reste à voir si le dernier droit de la campagne permettra de changer le portrait actuel.