Un capitaliste n’a pas de patrie

Comme à la fin de l’Antiquité avec la montée du christianisme, nous entrons avec le contrôle de la pensée par la bourgeoisie, dans un nouveau Moyen Âge, dans un obscurantisme dont nous risquons de ne pas sortir de sitôt.

Tribune libre

Dites-moi, est-ce que je rêve ? J’entends dénoncer La Presse à Desmarais. J’entends dénoncer Desmarais, Radio-Canada, RDI… et je comprends et approuve toutes ces dénonciations. Pourquoi entend-on si rarement dénoncer Péladeau ? Le Journal de Montréal ? TVA ? LCN ? En quoi l’empire Péladeau devrait-il subir un traitement différent du Power corporation de Desmarais. Y aurait-il de bons et de mauvais capitalistes ? Pierre-Karl Péladeau serait-il un indépendantiste qui cherche à faire avancer le Québec vers son indépendance ? Ce capitaliste serait-il capable de penser à autre chose qu’à ses milliards ? Ce capitaliste voudrait-il faire de ses futurs Nordiques ceux qui rallumeront la flamme indépendantiste au Québec ? Par ses quelques chroniqueurs connus pour leurs opinions souverainistes veut-il provoquer un éveil des consciences chez ses compatriotes ? Franchement, j’en doute !
Un capitaliste n’a pas de patrie, n’appartient à aucune nation, n’a pas de cœur, pas de sentiments, il n’a que des intérêts. Il fait partie du bloc de la bourgeoisie capitaliste internationale. Avez-vous remarqué que les capitalistes ne se font plus concurrence ? Le prix de l’essence est fixé par un cartel capitaliste. Avez-vous remarqué comme lorsque vient pour nous l’angoissant moment d’acheter, comme il n’y a aucune compétition entre les concurrents ? Même appareils électroménagers. Mêmes réfrigérateurs par exemple, constitués de plastique partout à l’intérieur, conçus pour se dégrader rapidement, conçus pour nous écoeurer, pour nous amener à vouloir le changer avant terme. Les matelas ! Quelle farce ! Devenus non réversibles, donc fait pour durer deux fois moins longtemps, ils se vendent deux fois plus cher. Les automobiles, toutes les sous-compactes par exemple se vendent à peu de choses près, le même prix. Tout est fait pour que nous ne puissions plus comparer les prix. Les gadgets et le luxe prennent le pas sur la qualité et la fiabilité. Le volume et le poids des voitures ont diminué de plus de moitié… mais les prix se maintiennent. Et les capitalistes sont contents. Les médias de Péladeau autant que ceux de Desmarais par de pleines pages de publicité vantent les mérites des produits pourris du capital destinés au seul bénéfice des rois de Wall Streeet. Pendant ce temps, c’en est devenu un cliché, les riches ne cessent d’augmenter leurs fortunes pendant que les pauvres sont de plus en plus nombreux et… jeunes.
De journalistes, de vrais, il n’en reste plus. Les journalistes, les vrais, ont été chassés de La Presse, du Journal de Montréal, du Devoir et de tous les médias électroniques. Ils ont été remplacés par des larbins payés pour être insignifiants. Les vrais journalistes, ceux qui sont au service de la vérité, ceux à qui j’accorde le droit de se tromper parce qu’ils sont honnêtes, travaillent bénévolement pour les journaux alternatifs, comme tous ceux qui écrivent au Grand Soir et sur Vigile.
En plus de la propagande canadienne véhiculée par ces médias, le Journal de Montréal du mardi 17 avril 2012 par exemple, par sa manchette y va de son coup de poignard capitaliste contre les étudiants. Il cherche à détruire le mouvement de contestation qui étend peu à peu ses revendications, qui éveille peu à peu le reste du Québec, en démontrant par un sondage que les contestataires perdent des appuis. Les même larbins avaient, au début du mouvement étudiant, donné toute la visibilité qu’ils pouvaient à de faux contre-manifestants.
Le Journal de Péladeau n’en est pas à ses premiers balbutiements dans le tripotage de l’opinion publique. Suis-je le seul à avoir été indigné par les articles de ce journal sur les caisses de retraites, surtout sur celles du secteur public ? Les larbins au service de l’Empire s’employaient à démontrer que certains retraités étaient trop bien payés, que l’ensemble des contribuables en faisaient les frais. Foutaise ! La réalité est toute autre. La réalité est que la plupart de ces fonds de pension fonctionnent en partie comme des assurances vie. Celui qui meurt perd son fonds de pension. S’il est marié, la moitié va à son conjoint. Et quand le conjoint meurt, c’est terminé. Ce qu’ils ne disent pas, c’est que la plupart des travailleurs seraient prêts à payer le double de ce qu’ils paient pour prendre le plus jeune possible leur retraite et vivre en sécurité mais que le capital ne veut pas. Tous les travailleurs du Québec devraient avoir de tels fonds de pension, mais là encore, la bourgeoisie capitaliste s'y oppose.
Ce qu’ils ne disent pas non plus, c’est que les capitalistes ont intérêt à entretenir la précarité chez les travailleurs pour en faire de la main-d’œuvre à bon marché, esclave jusqu’à l’âge de 70 ans. Le Journal de Péladeau réserve le même traitement aux travailleurs en grève, et le plus drôle est que les larbins de Péladeau étaient eux-mêmes en grève il n’y a pas si longtemps. Ces mêmes larbins n’auraient jamais osé écrire une série d’articles sur les fortunes personnelles. Encore moins pour les dénoncer… Pierre-Karl aurait pas aimé ça !
La presse capitaliste que nous subissons présentement est tout à fait comparable à la Pravda. Non par son style, mais par la manière qu’elle a de biaiser la nouvelle. Le capitalisme international par sa propagande, par le contrôle des États, donc, de l’Éducation, contrôle la pensée. Les nazis lors de la dernière guerre mondiale avaient commencé à utiliser les médias à leurs fins. Au XXIe siècle, la bourgeoisie capitaliste, profitant des progrès de la psychologie des masses ainsi que de ceux de la technologie en est arrivée à contrôler la pensée des citoyens... de ceux qui en étaient. Comme à la fin de l’Antiquité avec la montée du christianisme, nous entrons avec le contrôle de la pensée par la bourgeoisie, dans un nouveau Moyen Âge, dans un obscurantisme dont nous risquons de ne pas sortir de sitôt.
Il faut dénoncer chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde l’action de la bourgeoisie capitaliste internationale propriétaire de tous les gouvernements et de tous les médias non alternatifs en occident (comme le Journal de Péladeau) pour sa campagne active de désinformation et de contrôle de la pensée.
Michel Rolland

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Michel Rolland33 articles

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Libre penseur. Confiance limitée au système d’instruction. Étude de l’Histoire de l’Occident, de la préhistoire à aujourd’hui, Grèce, Rome, France, Angleterre, Italie et États-Unis surtout, en autodidacte. Lecture d’ouvrages qui ont marqué les différentes époques, dont la Bible œcuménique et certains philosophes sceptiques. Diplôme d’études collégiales. Intérêt particulier pour français roman, philosophie marxiste, sociologie et psychiatrie.





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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 avril 2012

    Bonjour Didier,
    Nos socialistes québécois ont toujours eu tendance à rester distants face à notre indépendance nationale. Grave erreur, non pas de stratégie, mais d’appréciation. Nos amis bolivariens sont à nous tracer la voie : indépendance et socialisme vont de pair. Plus : ils sont imbriqués. Pas de socialisme sans indépendance ; pas d’indépendance sans socialisme. En effet, comment une nation peut-elle bénéficier des avantages d’un État interventionniste, si une autre nation, majoritaire celle-là, contrôle cet État ? Comment aussi, une nation peut-elle être indépendante, si la bourgeoisie capitaliste, soit le dixième de 1 % de la population, contrôle cet État ? L’indépendance du Québec passe par la création d’un parti socialiste indépendantiste. Le programme et le nom de ce parti devront établir clairement qu’indépendance et socialisme sont indissociables.
    Le PSQ pourrait inspirer le programme du futur parti socialiste indépendantiste, notamment sur le projet de revenu de citoyenneté universel dont vous nous parlez.

    Merci !
    Michel

  • Archives de Vigile Répondre

    19 avril 2012

    Aux modérateurs de Vigile, merci pour votre intervention.
    À messieurs Camarda, Tremblay, Potvin et Gignac, merci pour vos commentaires.
    Je voudrais dire aussi à Monsieur Potvin que j’ai lu avec intérêt ses trois articles sur nos capitalistes québécois Desmarais-Péladeau et leurs larbins : Mulroney, Charrest et Cie. Voir :
    http://www.vigile.net/Entre-guerre-et-diplomatie
    http://www.vigile.net/Guerre-ou-cinema
    http://www.vigile.net/Guerre-ou-yeux-doux
    Très intéressant aussi le texte de Michel Gendron. Il y parle de Monsieur Nestor… qui déteste les socialistes. Et moi socialiste, je l’aime bien ! Je lui pardonne ses écarts de catholique au service du capital, parce que je pense que lui, comme Me Pierre Cloutier ont apporté beaucoup en dénonçant l’hypocrisie péquiste face à notre indépendance nationale. Aujourd’hui, Monsieur Nestor qui avance en âge me semble vouloir réaliser son vieux rêve : devenir député. Il sait que le capital peut accepter qu’un député soit indépendantiste, à condition que l’indépendance ne se fasse pas et qu’il soit néolibéral… Aurait-il comme projet de se présenter sous étiquette ON lors de la prochaine pseudo élection ? Monsieur Potvin, vous me démontrez que nous sommes plusieurs à ramer dans le même sens, même si nous ne n’appuyons pas toujours les mêmes formations politiques.
    Michel

  • Archives de Vigile Répondre

    18 avril 2012

    "Ce qu’ils ne disent pas non plus, c’est que les capitalistes ont intérêt à entretenir la précarité chez les travailleurs pour en faire de la main-d’œuvre à bon marché, esclave jusqu’à l’âge de 70 ans."
    Voilà pourquoi il est nécessaire de ramener à l'avant-scène le projet du regretté Michel Chartrand d'un revenu de citoyenneté universel afin que tous puissent vivre décemment sans crainte des lendemains et ainsi connaître leur part de bonheur dans la vie. Monsieur Chartrand ne disait-il pas que l'être humain était né pour le bonheur? Et il parlait de tous les êtres humains sans exception, pas seulement les milliardaires.
    Je sais monsieur Rolland que vous êtes abstentionniste. Et je suis de plus en plus d'accord avec vous sur ce point.
    Je me suis rendu compte que les élections ne sont qu'une arnaque destinée à reproduire indéfiniment le statu quo social, politique et économique.
    De toute façon, il n'y a que les heureux de leur sort, les "satisfaits" et les "repus" qui se déplacent pour aller voter. Les humbles et les pauvres ne se déplacent pas pour aller voter, c'est connu.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 avril 2012

    Petite correction à mon commentaire plus haut.
    Voici le bon lien menant au dernier de mes trois textes sur la simili-guerre entre Power Corp et Québécor :
    http://www.vigile.net/Guerre-ou-yeux-doux
    Luc Potvin
    Verdun

  • Archives de Vigile Répondre

    18 avril 2012

    Monsieur Rolland
    Bravo pour votre excellent texte qui reflète très bien la triste réalité de nos jours. Le capitalisme est devenu exactement le même système que celui qu'il combattait, c'est-à-dire, le système communiste avant la chute du rideau de fer, soit au niveau du contrôle de la pensée avec les médias et avec les satellites au niveau de la surveillance (système Échelon). Aujourd'hui, vous n'avez plus aucune liberté; Big Brother vous a à l'oeil, n'importe où, même en pleine forêt abitibienne pour l'avoir vécu.
    J'en aurais beaucoup de choses à raconter sur leurs méthodes de harcèlement. Si vous luttez ou contestez ce système; préparez-vous à être suivi et harcelé par leurs forces policières qui sont beaucoup plus au service de l'establishment politique et économique qu'au service du peuple ou des travailleurs. Radio-Canada, en plus de travailler pour l'unité nationale, joue un grand rôle au niveau de l'espionnage et de la surveillance nationale de pair avec les services secrets canadiens (SCRS). Et le conformisme est devenu la norme mur à mur dans notre système comme dans les anciens pays communistes. J'ai tiré une grande force de cette expérience et plus rien ne m'arrêtera pour dénoncer et contester ce système. "OVER MY DEAD BODY!" J'ai bien aimé vous lire; revenez-nous plus souvent.
    André Gignac 18/4/12

  • Archives de Vigile Répondre

    18 avril 2012

    Monsieur Rolland,
    Sur le fond, vous avez tout à fait raison.
    Maintenant, je vous signale que, sur Vigile à tout le moins, Québécor n'a pas manqué d'être critiquée, et à juste titre. Récemment, par exemple, il y a eu un excellent texte de M. Michel Gendron dénonçant la rage des chroniqueurs du Journal de Montréal contre les étudiants en grève (http://www.vigile.net/Greve-etudiante-repliquons-aux). Ce texte a suscité des commentaires pour la plupart très positifs.
    D'autres collaborateurs de Vigile ont aussi fait preuve de sens critique à l'égard de Québécor. On cite peut-être favorablement Richard Martineau quand il pourfend le multiculturalisme. Mais je doute qu'il ait, sur Vigile, beaucoup d'admirateurs quand il aborde d'autres sujets. Même chose pour les Éric Duhaime, Nathalie Elgrably ou Jean-Jacques Samson.
    Enfin, sans vouloir faire ma propre publicité, je porte à votre attention une série de trois textes que j'ai rédigés ces derniers mois sur la rivalité entre Power Corporation et Québécor. J'y montre que cette rivalité n'est sans doute rien de plus qu'un écran de fumée servant à masquer une communauté d'intérêts et une certaine complicité d'arrière-scène. À elle seule, la présence de Brian Mulroney, un féal de la famille Desmarais, dans les hautes sphères de Québécor, a quelque chose de troublant, pour dire le moins. Je vous refile le lien vers le dernier de ces textes (http://www.vigile.net/spip.php?page=forum2&id_article=47067). De là, vous pourrez remonter aisément aux deux textes précédents.
    De plus en plus de gens, il me semble, commencent à voir clair dans le petit jeu de Québécor. On y promeut un nationalisme culturel, ce qui est fort bien, mais, hélas, ce n'est surtout, semble-t-il, que pour y occulter la quasi-absence de tout nationalisme politique, c'est-à-dire de tout indépendantisme. Dans un commentaire au texte de M. Michel Gendron, j'ai d'ailleurs attiré l'attention sur quelques indices permettant de penser que Québécor s'apprête à relancer la CAQ à Legault. On verra, c'est le cas de le dire, on verra bientôt si mon nez me trompe.
    Cela dit, je le répète, sur le fond, vous avez raison. S'il est clair que l'indépendance du Québec est la priorité absolue, car on ne peut quand même pas attendre la chute du capitalisme pour la réaliser, il est tout aussi clair que prêcher la soumission inconditionnelle à nos maîtres de Wall Street n'est pas le meilleur moyen, loin de là, d'aiguiser l'esprit de révolte contre nos maîtres d'Ottawa.
    Luc Potvin
    Verdun

  • Archives de Vigile Répondre

    18 avril 2012


    Oui vous avez raison et le plus haut larbin de l'information qui fait l'air innocent à chaque soir 18h est celui qui me répugne le plus par sa manière d'influencer la nouvellen sans que cela paraisse.
    Aujourd'hui on a fait passer le petit Duhaime a TVA qui maintenant est contre les étudiants. Il n'a pas si longtemps il s'en prenait à l'ancienne génération qui avait profité des jeunes et voilà que maintenant il a viré son capot de bord pour taper sur les étudiants.
    Honte à TVA!

  • Nicodème Camarda Répondre

    18 avril 2012

    Tout simplement bravo ! Et merci !