Tueur en Nouvelle-Écosse: la crise de la COVID-19 l'aurait rendu paranoïaque, selon le mandat

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Un confinement problématique

Les motifs invoqués par la police pour obtenir un mandat de perquisition dans son enquête sur le tueur de Nouvelle-Écosse soulignent un comportement paranoïaque et fournissent des détails sur des achats exceptionnels d’essence par cet homme qui a incendié des maisons et assassiné 22 personnes le mois dernier.


Dans le document judiciaire rendu public mardi à la suite d’une demande des médias, sept témoins qui avaient rencontré Gabriel Wortman ont affirmé qu’ils se souvenaient que le tueur avait parlé de possession d’armes à feu ou encore ces témoins avaient vu des armes à feu à des endroits comme sa clinique à Dartmouth, et sa propriété à Portapique, en Nouvelle-Écosse, surnommée “l’entrepôt”.


Les 40 pages offrent des aperçus inquiétants concernant sa propriété rurale, située à 44 kilomètres à l’ouest de Truro, où le denturologiste de 51 ans recevait des amis et gardait un bar bien approvisionné et une collection de motos.


Un témoin, qui a rencontré un agent de la police régionale de Halifax pour faire une déclaration le 19 avril, a décrit le tireur comme un “sociopathe” violent qui gardait, près de sa cheminée, une arme à feu semblable à “une mitrailleuse”.


Une connaissance qui a rendu visite à Wortman a déclaré à la police qu’il avait installé un système de sécurité dans son entrepôt, et qu’il montrait ses armes et ses voitures de police à ses visiteurs.


La police a précédemment déclaré qu’à partir de la nuit du 18 avril, le tueur a utilisé des accélérateurs pour allumer des incendies dans cinq communautés et a assassiné des personnes avec quatre armes semi-automatiques qu’il n’était pas autorisé à posséder alors qu’il roulait dans une réplique de voiture de police. Il a été abattu par la police avant midi le 19 avril.


Dans les documents judiciaires, les témoins ont fourni des chiffres et des détails supplémentaires - y compris deux estimations selon lesquelles Wortman avait acheté pour 800 $ d’essence.


Les courriels du tueur rédigés quatre jours avant la tuerie ne donnaient aucune idée de ce qui allait arriver.


“Je réside actuellement dans mon chalet à Portapique. Je profite de ce prélude à la retraite, malheureusement pas en mesure de rejoindre ...”, raconte un message, le dernier mot a été supprimé par les avocats de la Couronne qui ont rendu public le document.


Cependant, d’autres informations recueillies par la police brossent un tableau plus sombre de l’état d’esprit du tueur.


Un ancien collègue de travail a raconté que Gabriel Wortman était “paranoïaque” face à la pandémie de COVID-19 et qu’il avait connu un épisode de dépression.


Dans le document rendu public mardi, cet ancien collègue soutient que le tueur avait parlé de tous ses types d’armes à feu, de fusils d’assaut et d’armes de poing. L’ancien collègue a également déclaré aux policiers que Wortman s’était déjà déguisé en policier, bien que des dates ne soient pas précisées dans le mandat de perquisition.


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Il a également déclaré que Wortman ”était dérangé et qu’il avait été sévèrement maltraité dans sa jeunesse”, ajoutant qu’il était “très intelligent, qu’il avait été trompé et qu’il était psychopathe” et avait abusé d’une personne dont le nom a été supprimé du document.


Un autre témoin a fait une déclaration non datée à la police régionale d’Halifax indiquant qu’il avait rencontré le tireur en 2011, le qualifiant de “contrôlant” et de “paranoïaque”. Le témoin a déclaré que Wortman avait décrit des moyens de se débarrasser de corps en les brulant et en utilisant des produits chimiques.


Deux autres témoins ont déclaré à la police que Gabriel Wortman avait été violent dans le passé, bien que le contexte, les dates et les détails ne figurent pas dans le document du tribunal.


De plus, le 20 avril, une personne qui a vendu des fournitures que Gabriel Wortman a utilisées pour créer un insigne de la GRC sur sa réplique de véhicule a décrit comment Wortman avait acheté plusieurs feuilles de vinyle bleu réfléchissant.


Le témoin a déclaré que le tireur “avait une voiture de police qu’il avait achetée lors d’une vente aux enchères et qu’il voulait la transformer en voiture de police”.


Il a indiqué avoir dit à Wortman “qu’il aurait des ennuis s’il conduisait la voiture avec des décalcomanies, et Gabriel a dit qu’il le savait, que ce serait illégal”.


Selon les informations fournies par la conjointe de fait du tireur, les violences du 18 au 19 avril ont commencé alors qu’il buvait de la boisson dans son entrepôt de Portapique et venait de parler à des amis lors d’un chat vidéo.


La police a précédemment déclaré que la partenaire avait été agressée, mais avait réussi à s’échapper dans les bois, où elle s’était cachée toute la nuit avant de parler à la police de Gabriel Wortman vers 6 h 30 le 19 avril.


Selon le document, la femme a observé que Wortman avait versé de l’essence sur son chalet et son entrepôt et qu’il y avait plusieurs armes à feu sur le siège avant de la réplique de la voiture de police qu’il conduisait.


Elle a également expliqué qu’il connaissait un membre de la GRC et qu’il avait un de ses uniformes, même si la grandeur ne convenait pas. “Il avait une veste jaune fluorescente et il la mettrait sur le siège avant pour donner l’impression qu’il était un policier”, a-t-elle déclaré aux enquêteurs.


Dans les motifs invoqués pour demander le mandat de perquisition, la sergente de la GRC Angela Hawryluk a décrit comment les deux premiers policiers arrivés sur les lieux dans la nuit du 18 avril ont rencontré un témoin blessé qui leur a dit qu’il avait été tiré par un homme en uniforme conduisant ce qu’ils pensaient être un véhicule de la GRC.


Ce témoin, qui n’est pas identifié, a déclaré aux deux policiers que lui et une autre personne avaient remarqué un immeuble en feu à Portapique et un véhicule de police dans un immeuble voisin qui brûlait également. Ils croyaient, en raison de la présence du véhicule de police, qu’un agent de la GRC faisait une intervention d’urgence.


Quand ils se sont approchés, Gabriel Wortman a ouvert le feu sur eux avec son arme de poing et les hommes ont fui les lieux.


Quelques minutes plus tard, quand ils ont rencontré des agents de la GRC qui arrivaient sur les lieux, un des témoins leur a dit que son “premier soupçon était que le tireur était ... Gabe (Wortman) parce que sa grange était en feu” et qu’il avait une réplique de voiture de police.


Le mandat de perquisition a été demandé le 24 avril pour fouiller divers bâtiments appartenant à Wortman. Les policiers précisent que ces bâtiments ont été incendiés et que la GRC demanderait l’aide d’un anthropologue pour fouiller les sites. Le document a été rendu public à la demande d’un consortium de médias, qui l’a réclamé au tribunal.


De grandes parties du document, y compris l’identité des témoins, ont été caviardées.


Le document a confirmé les déclarations antérieures de la police selon lesquelles Gabriel Wortman n’avait pas de permis pour posséder les armes à feu qu’il utilisait, et qu’il n’avait jamais eu de permis d’armes à feu valide.