WASHINGTON | Donald Trump a dénoncé vendredi comme une « mascarade » des informations pourtant issues de ses propres services de renseignement selon lesquelles les Russes étaient de nouveau à pied d’œuvre, de façon souterraine, pour l’aider à remporter la présidentielle.
«Une autre campagne de désinformation est lancée par les démocrates du Congrès, assurant que la Russie me préfère plutôt qu’un des démocrates-qui-ne-font-rien», a tweeté le milliardaire républicain.
«Mascarade numéro 7!», a-t-il ajouté, sans expliquer ce chiffre.
Cette polémique procure une sensation de retour quatre ans en arrière: mêmes protagonistes (Trump et les Russes), même contexte de campagne électorale et même fureur de l’ex-magnat de l’immobilier, très susceptible dès qu’on évoque sa proximité avec Vladimir Poutine. Le président russe avait clairement confirmé, en juillet 2018, avoir souhaité la victoire de Donald Trump en 2016, tout en niant catégoriquement l’implication de ses agents.
Cette fois, la révélation de nouvelles interférences de Moscou a été faite à des parlementaires du Congrès lors d’un briefing censé rester confidentiel.
Selon le New York Times, le président a été particulièrement courroucé par la présence à ce briefing, remontant au 13 février, d’Adam Schiff, le démocrate qui a dirigé l’enquête déclenchant sa mise en accusation au Congrès. Une procédure qui a finalement abouti à l’acquittement de M. Trump.
Convaincu que l’opposition allait s’emparer de ces informations pour affirmer, comme en 2016, qu’il ne pouvait remporter la Maison-Blanche que grâce à un coup de pouce de Moscou, le président a annoncé mercredi le limogeage de son chef du renseignement par intérim, Joe Maguire, et son remplacement par un de ses fidèles. C’est en effet une collaboratrice de M. Maguire, Shelby Pierson, qui a informé les parlementaires, parmi lesquels M. Schiff.
Ce dernier a réagi jeudi soir en accusant Donald Trump de s’accommoder volontiers de cette aide russe illégale.
«Nous comptons sur les services de renseignement pour informer le Congrès de toute menace d’ingérence étrangère dans nos élections. Si les informations sont vraies et que le président interfère avec cela, alors il est de nouveau en train de mettre en péril nos efforts visant à arrêter toute ingérence étrangère. Exactement comme nous avions prévenu qu’il le ferait», a tweeté Adam Schiff.
«Paranoïa»
De son côté la Russie a mis vendredi sur le compte de la «paranoïa» les nouvelles accusations des responsables du renseignement américain, dont on ne connaît pas encore les détails.
«Cela n’a rien à voir avec la vérité», a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dénonçant «de nouveaux messages paranoïaques qui seront malheureusement de plus en plus fréquents à fur et à mesure que les élections approchent» aux États-Unis.
Moscou a toujours démenti toute implication dans l’élection présidentielle de 2016, à l’aide de pirates et de «trolls» russes sur les réseaux sociaux, malgré un consensus des agences fédérales américaines sur le sujet.
Les piratages opérés par les services secrets russes avaient dévoilé des courriels embarrassants du parti démocrate qui avaient plombé la campagne d’Hillary Clinton.
M. Trump a pour sa part toujours assuré ne pas avoir eu besoin de Moscou pour parvenir à la Maison-Blanche.
«Le président est dans le déni concernant l’ingérence étrangère dans les élections depuis trois ans parce que son égo ne peut pas accepter que la Russie soit intervenue en sa faveur», a dénoncé le démocrate Bennie Thompson, président de la commission sur la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants.
«Pour la deuxième fois @realDonaldTrump décroche son soutien le plus important: Vladimir Poutine», a raillé l’ancien juriste chargé de l’éthique à la Maison-Blanche, Richard Painter, en utilisant l’intitulé du compte Twitter de M. Trump.
Pour remplacer M. Maguire, le 45e président américain a choisi Richard Grenell, l’actuel ambassadeur des États-Unis en Allemagne qui, selon les démocrates, manque de l’expérience nécessaire pour un poste où il supervisera 17 agences fédérales, dont la CIA. La Maison-Blanche a assuré que M. Grenell aurait une «approche impartiale» pour assurer cet intérim. Donald Trump a précisé vendredi que quatre candidats de valeur seraient départagés pour assumer le poste de façon permanente.