WASHINGTON | Menacé par une procédure de destitution, Donald Trump a lancé une contre-attaque féroce, en s’appuyant sur ses alliés républicains, des médias amis et son fameux compte Twitter, dans l’espoir de déplacer l’attention vers son rival Joe Biden.
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« Nous sommes en guerre ». La phrase, prononcée en privé, résume l’état d’esprit du président américain qui, à 73 ans, s’apprête à livrer un de ses combats les plus acharnés.
En pleine campagne pour sa réélection, Donald Trump risque d’être mis en accusation au Congrès, ce qui n’est arrivé qu’à deux de ses prédécesseurs dans toute l’histoire des États-Unis.
Même s’il a peu de chances d’être destitué compte tenu de la majorité républicaine au Sénat, la menace est suffisamment sérieuse pour qu’il sonne le branle-bas de combat.
« Restons unis », « battons-nous », a-t-il lancé aux républicains dans un tweet désormais effacé. « L’avenir de notre pays est en jeu. »
Le milliardaire new-yorkais est dans la tourmente à cause d’un échange téléphonique, en plein coeur de l’été, avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, à qui il a demandé d’enquêter sur l’ancien vice-président Joe Biden, bien placé pour l’affronter en 2020.
Les démocrates voient dans cet appel un « abus de pouvoir » suffisamment grave pour justifier l’ouverture de la rarissime procédure de destitution.
En réponse, Donald Trump a construit une défense en trois points: clamer son innocence, se poser en victime, présenter un coupable alternatif - Joe Biden.
Un appel « parfait »
Le président martèle depuis une semaine que son appel avec M. Zelensky était « irréprochable », « tout à fait légal » ou simplement « anodin ».
Mercredi, la Maison-Blanche a envoyé par mégarde à des démocrates les « éléments de langage » préparés pour aider les républicains au Congrès à le défendre. Le président « n’a pas offert de contre-partie » à son interlocuteur, insiste le document.
Ces arguments ont été depuis répétés par plusieurs de alliés de M. Trump, dont l’influent sénateur Lindsey Graham.
« Le président n’a rien fait de mal », a renchéri le représentant républicain Mark Meadows sur le plateau de la chaîne Fox Business, très suivie dans les milieux conservateurs.
Malgré ces efforts, le président n’a pas trouvé de formule aussi efficace que le mantra répété à l’envi pendant la tentaculaire enquête russe: « pas de collusion, pas d’entrave ».
Une nouvelle « chasse aux sorcières »
« HARCÈLEMENT PRÉSIDENTIEL », a écrit Donald Trump sur son compte Twitter suivi par 65 millions de personnes.
Visiblement fatigué, il les a accusés lors d’une conférence de presse à New York de « tourmenter » des gens respectables.
Toujours sur Fox, le représentant Andy Biggs a jugé « honteux » le traitement réservé par les démocrates au président. « Leur vraie motivation, c’est d’affecter le résultat de l’élection », ajoute-t-il.
Les Biden dans le viseur
Mais la meilleure défense, c’est l’attaque, et Joe Biden en fait les frais.
Vendredi, le président a mis en ligne un clip de campagne dans lequel un narrateur assure sur un fond musical entêtant: « Joe Biden a promis un milliard à l’Ukraine si elle limogeait le procureur qui enquêtait sur l’entreprise de son fils ».
Hunter Biden a bien siégé de 2014 à 2019 au conseil de surveillance d’un groupe gazier ukrainien, un temps objet d’une enquête judiciaire, mais il n’a lui jamais été inquiété.
Quant à Joe Biden, en tant que vice-président, il a demandé en 2015 le départ du procureur général ukrainien (comme le faisaient aussi l’Union européenne ou de grandes organisations internationales) car ce responsable était soupçonné d’entraver la lutte contre la corruption.
Peu importe que les Ukrainiens ne lui aient jamais prêté de mauvaises intentions, Donald Trump et ses alliés tirent à boulets rouges sur le démocrate avec plusieurs présentateurs de Fox en caisse de résonance.
Mais même sur cette chaîne, certains se montrent sceptiques. « Le message des défenseurs du président n’est pas surprenant, mais je pense qu’il est trompeur », a ainsi déclaré le journaliste vedette de Fox News, Chris Wallace.