Depuis cinquante ans, au Québec, le nom de Trudeau est synonyme d’arrogance. Ce fut d’abord grâce au père, Pierre Elliot Trudeau, qui a dirigé le gouvernement fédéral presque de manière quasi ininterrompue de 1968 à 1984.
Ottawa
Il regardait les Québécois comme une bande de ploucs protégés contre leurs pires penchants grâce à leur appartenance au Canada. Le fédéralisme nous civiliserait, il nous ferait grandir moralement. Il nous sortirait de la boue de l’intolérance et nous empêcherait d’y retomber.
Ces jours-ci, on aurait envie d’écrire : tel père, tel fils. Car si les enjeux politiques évoluent, le mépris demeure. L’Assemblée nationale, à l’unanimité, a réclamé ces derniers mois un rapport d’impôt unique pour le Québec. Il s’agit d’une revendication élémentaire qui simplifierait la vie des Québécois en plus de nous permettre d’épargner collectivement environ 500 millions. François Legault a décidé de la porter au cœur de ses négociations avec Ottawa.
Réponse de Justin Trudeau ? Non. Chez lui, la centralisation est aussi naturelle que le selfie.
Des raisons bancales sont avancées.
Ainsi, tel ministre fédéral nous dira qu’un rapatriement de la gestion des impôts entraînerait des pertes d’emploi dans la bureaucratie fédérale au Québec. Traduisons concrètement : les dédoublements administratifs qui sont le résultat de l’inefficacité du fédéralisme au Québec nous sont désormais présentés comme des gains collectifs. Il fallait y penser !
Un autre nous dira que l’administration des impôts à Québec favoriserait l’évasion fiscale. Certes...
Impôts
En d’autres mots, Ottawa se permet de bloquer les demandes les plus raisonnables du Québec, comme si le fédéral était supérieur.
On peut penser que le Parti conservateur au pouvoir serait moins centralisateur. Peut-être. Mais le Québec serait quand même obligé de demander la permission à Ottawa de gérer un peu plus ses propres affaires.
J’ai l’impression que François Legault, dans les circonstances, se rappelle pourquoi il a déjà été souverainiste.