Pourquoi le premier ministre est-il si attiré par les immigrants ? Par souci électoraliste, bien sûr, mais il faut chercher des motivations plus profondes à sa fascination.
Pour oublier ses dérives indiennes, il s’est retrouvé, hier, à Montréal. Une photo du Devoir le montre tout heureux, enlacé par une vieille dame, la tête voilée, accompagnée de femmes en sari, eh oui ! Justin Trudeau adore être en présence des membres des communautés culturelles.
On dirait que les immigrants qui se sont fondus dans ce que l’on appelait, à une autre époque, la culture canadienne et qui se sont assimilés sont moins attirants à ses yeux que ceux qui affirment leur identité ethnique. Ceux-ci portent souvent des vêtements traditionnels, comme le premier ministre aime à en revêtir lui-même dans un élan d’exotisme, qui ne le quitte jamais.
Choc anthropologique
Les immigrants qui portent les signes ostentatoires des cultures traditionnelles, dont certaines datent du Moyen-Âge et appartiennent à des pays de culture archaïque, sont déracinés au Canada. En débarquant chez nous, ils subissent ce qu’on appelle un choc anthropologique. La majorité de ces nouveaux citoyens ne connaît ni l’histoire du pays ni les valeurs qui l’ont défini jusqu’en 1971, l’année où le premier ministre Pierre Elliott Trudeau a décrété la fin du concept des deux nations au profit du multiculturalisme. C’est donc l’héritage de son père que perpétue Justin.
Mais le fils n’a ni la culture ni la vision politique de son père, un intellectuel prestigieux. Justin Trudeau n’a jamais été animé par le messianisme canadien-français de son père, l’instaurateur du French Power à Ottawa.
Les immigrants qu’affectionne particulièrement le premier ministre actuel incarnent le Canada postnational, sans racines et sans mémoire. Ces immigrants sont les dépositaires des valeurs qui réconfortent Justin Trudeau, ce parangon d’ouverture, de tolérance, de modernité et d’apparence. À ses yeux, l’Histoire est un poids trop lourd à porter, un frein au progrès et un mur qui nous empêche de regarder les cieux ensoleillés de notre avenir radieux.
Déboulonner le passé
Trudeau fils est devenu le père autoproclamé d’un Canada qui, d’un océan à l’autre, n’appartiendra plus qu’à des gens qui y possèdent un code postal. Non pas à ceux qui y sont morts. Un jour, les statues des pionniers seront retirées de l’espace public pour ne plus blesser, voire discriminer ceux dont les ancêtres reposent, eux, en paix dans leurs anciens pays nationaux.
Le premier ministre Trudeau fils se laisse séduire par les traditions et le nationalisme (d’abord sikh) à condition qu’ils ne soient pas québécois. Il se définit cependant comme Québécois, ce qui en fait un exilé de l’intérieur, comme tous les autres anti-nationalistes québécois.
Car le Québec est indissociable des valeurs collectives qui lui ont permis de survivre et de se transformer en une société moderne, distincte et ouverte au monde. Justin Trudeau se perd dans sa diversité personnelle et politique. Les traditions des communautés culturelles l’émeuvent, et celles du Québec de souche l’horripilent. Il a dépassé ainsi le rêve multiculturel de son propre père. Mais en est-il conscient ?