«En huit ans, vous avez empoché 480 millions. Votre compagnie a fait faillite. Les actionnaires ont tout perdu. Mais vous, vous avez toujours une maison de 14 millions au bord de la mer et une collection d'oeuvres d'art de plusieurs millions. Vous croyez que c'est juste?»
Le parlementaire américain a eu beau répéter la question au pdg de Lehman Brothers, il n'a jamais eu de réponse. Richard Fuld a seulement précisé qu'en réalité, sa rémunération avait totalisé non pas 480 millions... mais 350 millions.
Depuis l'effondrement financier des dernières semaines, la rémunération excessive des patrons des grandes entreprises paraît encore plus scandaleuse. Le président français, Nicolas Sarkozy, a dénoncé le phénomène à l'Assemblée générale des Nations unies: «Quand cela marche et qu'il faut se partager des bonus gigantesques, on connaît les responsables, a dénoncé M. Sarkozy. Quand cela ne marche plus, qu'il y a des déficits, eh! bien, là, on ne connaît pas les responsables.»
Selon le magazine Forbes, les pdg des 500 plus grandes entreprises américaines ont obtenu un revenu moyen de 12,8 millions en 2007. Des 175 chefs d'entreprises dont le magazine a pu mesurer la performance, M. Fuld, de Lehman, s'est classé au 148e rang. Pourtant, sa rémunération annuelle de 72 millions était la 11e plus élevée.
Forbes a documenté de nombreux cas de pdg dont la rémunération était carrément indécente - le magazine n'hésite pas à parler d'«orgie». À la lumière de la crise actuelle, tout le monde admet qu'il faut mettre un terme à ces abus. On ne s'entend toutefois pas sur les moyens d'y arriver. Certains prônent de nouvelles lois, de nouvelles règles. Malheureusement, dans le passé, les changements de cette nature ont souvent produit des effets pervers. Pour les contourner, les entreprises ont mis en place des systèmes de rémunération de plus en plus complexes... et les hauts dirigeants en ont soutiré encore plus d'argent.
Dans un article publié dans le dernier numéro de la revue Gestion, les universitaires québécois Sylvie St-Onge (HEC) et Michel Magnan (École de gestion John-Molson) proposent de se défaire des mythes qui ont servi, au cours des dernières années, à justifier l'explosion de la rémunération des cadres. En particulier, ils contestent l'idée selon laquelle une rémunération aussi élevée se justifie par la performance des gestionnaires de la même façon que celle des vedettes du sport: «On sait que c'est Tiger Woods qui frappe la balle et qui accumule les victoires. À l'inverse, il se peut que la hausse de la valeur boursière ou des bénéfices d'une société ait peu à voir avec ses dirigeants, mais qu'elle résulte d'autres facteurs qui échappent à leur maîtrise.»
Les auteurs font plusieurs recommandations, mais en appellent aussi, tout simplement, au «gros bon sens», à «la petite voix de la conscience». L'idée peut paraître naïve. Le principe est tout de même juste et doit servir de guide. Car il est clair que des rémunérations de plusieurs dizaines de millions et les parachutes dorés versés, peu importe la performance des entreprises, vont à l'encontre à la fois du bon sens et de la conscience.
apratte@lapresse.ca
Trop, c'est trop
Crise mondiale — crise financière
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]
[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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