Les Québécois de service
Au cours des dernières semaines, les députés québécois affiliés aux partis fédéralistes ont voté pour la minorisation du Québec. Il n’y eut qu’une exception, Thomas Mulcair du NPD. Ensuite, les affiliés québécois aux partis fédéralistes ont voté pour l’unilinguisme anglophone des juges affirmant que l’ignorance du français ne nuisait pas à la lucidité des magistrats et qu’ils étaient libres de recourir aux traductions.
Pierre Paquette du Bloc Québécois s’est levé pour les qualifier de « Québécois de service ». Celui qui s’est levé alors pour parer l’attaque autant en son nom qu’à la défense des députés du Parti Conservateur, ce fut Stéphane Dion. On sait qu’il a fait une loi dite de la clarté promulguant une démarche comminatoire. Désormais l’Etat Canadien dit qu’il est de ses prérogatives d’imposer une solution à l’irlandaise au Québec, l’ancienne colonie se donnant le droit d’agir comme la mère-patrie, la verte Angleterre.
Stéphane Dion a allégué que ni lui ni ses autres collègues affiliés aux partis fédéralistes ne sauraient être qualifiés de « Québécois de service » puisque leur action était du ressort de leurs convictions personnelles. Bref, si un Québécois traite du Québec en épousant les considérations des partis fédéralistes, et s’il le fait de façon personnellement senti, son point de vue est une authentique représentation du Québec.
La représentation du Québec est privée de sens puisque tout parti politique officiellement reconnu y est de facto un canal aussi fondé à représenter le Québec que l’Etat du Québec.
Les Québécois de service vous diront qu’ils ne sont pas de service puisqu’ils convoitent des postes d’influence auprès du gouvernement qu’ils considèrent comme le gouvernement national en autorité. En faisant le jeu des partis fédéralistes, ces Québécois satisfont leur désir de domination, non pas leur domination du problème. Mais quel problème au fait?
Le Québec est la province d’une autre nation, mais ce n’est pas un problème. La minorisation, l’institution du droit en anglais (avec le français comme option en traduction), l’absence de droit politique suffisant pour protéger la nation québécoise, tout cela n’est pas un problème. Comme un député québécois peut répéter ces perles avec la même force de conviction qu’un red neck de l’Ouest, il n’y a pas de Québécois de service.
Cherchez l’erreur.
La haine des politiciens
On traite de la corruption actuelle avec une inqualifiable langue de bois. On continue à parler d’allégations, d’indices croisées et multiples, pas de corruption généralisée. Pire, on y associe le parti Libéral que du bout des lèvres. De crainte de pécher contre la neutralité, autant les journalistes que la population en général se gargarisent du thème de la disqualification de la classe politique. On a tellement peur de commettre des accusations partisanes qu’on esquive la responsabilité particulière du parti Libéral. C’est le parti Libéral qui rapporte huit millions de financement par année et qui gonfle ses caisses quand il est au pouvoir.
Ce n’est pas le cas du parti Québécois, Celui-ci ne doublait pas ses capacités de financement quand il était au pouvoir. Dans cette affaire, on dit pudiquement que le népotisme se fait des deux bords et que la classe politique est également condamnable. En fait, les chiffres démontrent que le népotisme ne se manifeste pas du tout à la même échelle si on compare un règne libéral avec un règne péquiste.
Pourtant, on ose à peine dans les médias se faire explicite comme si parler de la corruption du parti Libéral relevait d’un acte aussi blâmable que le profilage racial.
Renouveler le discours
Pour susciter l’intérêt envers le politique, on dit qu’il faudrait renouveler les thèmes du discours politique. On ne renouvelle pas le discours par enchantement. Pour que les thèmes changent, il faut cesser de pratiquer l’évitement. Très souvent, ceux qui disent vouloir renouveler le discours veulent simplement sortir les thèmes exclusivement québécois du cadre politique.
André Savard
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