Au-delà des soupçons d’évasion fiscale qui pèsent sur McKinsey, l’eurodéputée RN Virginie Joron dénonce l’emprise tentaculaire des cabinets de conseil étrangers sur le quinquennat d’Emmanuel Macron.
Le scandale McKinsey qui éclate en France depuis quelques jours est bien loin de se limiter aux seuls gros titres des médias mainstream affirmant que McKinsey est accusé d’évasion fiscale de grande envergure. Il est probable qu’une telle évasion ait eu lieu, probable qu’elle se chiffre en millions d’euros et probable qu’Emmanuel Macron prenne son peuple pour des idiots lorsqu’il se déclare choqué par un tel procédé. Lui qui a fait gagner plus d’un milliard d’euros d’argent public français à McKinsey et autres cabinets de conseil privés, durant la seule année 2021 pour leurs prestations auprès de l’intégralité des ministères de son gouvernement. Nous y reviendrons.
Le scandale McKinsey est en effet loin de se résumer à cette partie émergée de l’iceberg. Bien plus qu’un scandale fiscal c’est d’abord et avant tout une affaire de trahison philosophique. J’avais alerté dès le mois de février 2021, suite à un article du journal américain Politico, sur la façon dont les lobbies américains, les cabinets de conseil, étaient en train de faire main basse sur les affaires de la France.
Était-il normal que les réunions sur la campagne de vaccination Covid-19 au ministère de la Santé soient dirigées par un consultant de McKinsey et non par un représentant de l’État ?
Était-il normal que McKinsey pilote le plan de relance économique de notre pays et obtienne des contrats de défense ? Que le service national soit dévolu au Boston Consulting Group ? Que Microsoft Corporation décroche des subventions publiques pour centraliser les données de santé des Français malgré l’avis de la CNIL ? Malgré l’avis de la CJUE ? Cédric O avait déclaré que le gouvernement reviendrait sur cette gestion des données de santé françaises par un gestionnaire américain après les prochaines élections car la période actuelle était “sensible” politiquement. Pensent-ils déjà avoir gagné ? Toujours est-il que Monsieur O a depuis annoncé qu’il quittera la politique après la présidentielle…
Était-il normal que les réunions sur la campagne de vaccination Covid-19 au ministère de la Santé soient dirigées par un consultant de McKinsey et non par un représentant de l’État ? Il est dès lors surprenant que tout le monde se scandalise aujourd’hui de ce qui était déjà notoire et scandaleux il y a un an de cela. Un an dites-vous ?
Mais Emmanuel Macron lui-même, interrogé sur cette affaire a pensé se dédouaner en affirmant que la pratique de l’État de recourir à des cabinets de conseil privés existait déjà sous les mandats de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. La pratique n’est tout simplement jamais devenue aussi massive et assumée que sous le mandat de ce président, candidat à la réélection.
Mêmes causes, mêmes acteurs, mêmes effets
Il n’est donc pas étonnant qu’outre-Rhin, les mêmes causes aient pu avoir les mêmes effets. Ursula von der Leyen, alors ministre allemande de la Défense, avait déjà suscité le scandale en 2018. Et pour cause, à ce poste, elle avait dilapidé près de 100 millions d’euros d’argent public pour rémunérer plusieurs cabinets de consultants… dont McKinsey. Le résultat est sans appel ; au moment où suite à l’invasion de l’Ukraine chaque pays de l’Union européenne compte ses troupes, ses matériels de combat, ses munitions, le chef d’état-major de l’armée allemande (Bundeswehr) déclare que « la Bundeswehr est plus ou moins à sec » face aux besoins de l’Alliance atlantique. Beau résultat.
On ne s’étendra pas sur l’influence grandissante des lobbies sur la Commission européenne depuis que Madame von der Leyen en est devenue la présidente. Cisco, Bill Gates, Global Citizen, Pfizer, autant d’acteurs avec lesquelles la Commission signe de nombreux contrats, qui peuvent se compter en milliards d’euros comme on l’a vu avec l’achat de milliards de doses de vaccins Pfizer.
Des élites unies par l’idéologie mondialiste
Que David von der Leyen, fils d’Ursula, ait été associé du cabinet McKinsey n’est pas un crime en soi. De même que Victor Fabius soit également associé de ce même cabinet, cabinet qui a inspiré la stratégie vaccinale du gouvernement français, validée par le Conseil constitutionnel dont le président est son père Laurent Fabius ne démontre pas qu’il y ait eu autre chose que de faibles interférences. Mais cela démontre de façon éclatante et spectaculaire, la proximité idéologique qui existe entre tous ces différents acteurs.
En France, le rapport publié par le Sénat sur le rôle des cabinets de conseil privés sur l’action gouvernementale montre que tous les secteurs sont touchés et tous les sujets les plus explosifs du dernier quinquennat ont été impactés par ces officines.
L’optimisation de la logistique hospitalière qui a laissé nos hôpitaux si démunis face à l’épidémie. La gestion des radars routiers, qui furent l’un des symboles de la colère des Gilets jaunes. La distribution des professions de foi électorales, dont la gestion catastrophique lors des dernières élections régionales et départementales avait été reconnue par le ministre de l’Intérieur lui-même.
Capgemini, Deloitte, McKinsey, autant d’associés de la start-up nation chère à notre “Mozart de la politique” ayant fait ses classes chez Rothschild. On comprend bien désormais, d’où pouvaient provenir ses brillantes idées lorsque membre de la Commission Attali, Emmanuel Macron proposait de se débarrasser de la dissuasion nucléaire « qui ne servait à rien » car cela permettait d’économiser 4 milliards d’euros.
Ce qui est une faute morale, c’est la volonté d’un président, d’un gouvernement, élus par les Français, de mettre les plus grands corps de notre administration, de l’Inspection générale des Mines et des Ponts à la Cour des Comptes, aux ordres des cabinets de conseil étrangers dont la logique profonde ne sera jamais celle de l’intérêt du peuple, mais de la rentabilité financière qu’engendreront les “réformes des services publics”.
Les Français bénéficiaires de l’Aide pour le Logement, seront ravis d’apprendre que c’est McKinsey qui avait proposé la réduction de 5 euros de cette aide consacrée aux plus démunis. McKinsey qui n’a payé aucun impôt sur les sociétés en France depuis dix ans…
La France est pourtant, historiquement, le pays du monde qui a été le précurseur du concept d’État. Son administration a jusqu’à il y a peu été grandement réputée dans le monde entier. L’École nationale d’Administration était le symbole de l’excellence intellectuelle française. Emmanuel Macron a bénéficié de cet enseignement d’excellence lui permettant de mettre ses capacités au service de l’intérêt public. Après quelques années comme Inspecteur des Finances, il a préféré se recycler dans le privé pour signer le contrat du siècle actant la fusion entre Nestlé et Danone, gagnant personnellement plusieurs dizaines de millions d’euros avec cette affaire. Son droit.
Mais en revanche, devait-il avoir le droit de dilapider, brader, mépriser, reléguer, tous les hauts fonctionnaires de notre administration, payés par les Français pour servir les Français ? Devait-il avoir le droit de mettre l’intégralité de l’administration française sous la coupe des cabinets de conseil américains ? Juridiquement peut-être. Mais philosophiquement ?
Car ce n’est pas le cabinet McKinsey et autres sociétés privées étrangères qui sont en soi le problème. Ce qui est une faute morale, c’est la volonté d’un président, d’un gouvernement, élus par les Français, de mettre les plus grands corps de notre administration, de l’Inspection générale des Mines et des Ponts à la Cour des Comptes, aux ordres des cabinets de conseil étrangers dont la logique profonde ne sera jamais celle de l’intérêt du peuple, mais de la rentabilité financière qu’engendreront les “réformes des services publics”.
Emmanuel Macron, Ursula von der Leyen et leurs puissants homologues ne sont finalement que les meilleurs soldats d’une idéologie qu’ils nous imposent à tous, nous citoyens français et européens : le capitalisme mondialisé sous influence américaine.
Et les Français dans tout ça ? Ils se retrouvent trahis. Et de cette trahison, McKinsey n’est que l’outil.