Thierry Mariani, ex-député LR : "Il faut un accord avec le FN"

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Il faudrait une union des droites en France pour redresser le pays

L’ancien député LR et ex-ministre de Sarkozy, Thierry Mariani, préconise un rapprochement entre son parti et l’extrême droite.


L'ancien ministre et député Thierry Mariani salue le travail de Laurent Wauquiez à la tête des Républicains. Mais il aimerait aller plus loin et voir sa famille politique entamer des discussions avec le Front national de Marine Le Pen. "Il est temps de renverser la table. Le Front national a évolué. Regardons si un accord ou un rapprochement sont possibles", estime dans une interview au JDD celui qui fait partie des parlementaires français qui s'étaient rendus en 2016 en Syrie pour rencontrer Bachar el-Assad. "C’est le moment de réfléchir à autre chose", ajoute l'ancien député qui n'a plus de mandat en cours. Une position qui va à l'encontre avec la position officielle de Laurent Wauquiez pour qui il ne peut pas y avoir de discussions avec Marine Le Pen.


Etes-vous favorable à des discussions entre la droite et le Front national?

Les Républicains, qui se présentaient comme le parti de la droite et du centre, ne sont plus aujourd’hui que le parti de la droite. Les centristes comme Jean Leonetti, à quelques exceptions près, sont passés chez Macron. Nous n’avons donc plus d’alliés. Il faut en tirer les conséquences et se poser les vraies questions : peut-on arriver au pouvoir tout seuls? Peut-on constituer une majorité sans alliés? La réponse est non. Sans alliés, nous allons rester dans l’opposition pour longtemps. Il est temps de renverser la table. Le Front national a évolué. Regardons si un accord ou un rapprochement sont possibles. Parce que si on veut des alliés, ils seront forcément de ce côté-là si on veut appliquer un programme de droite.



Pourquoi ne pourrait-on pas avoir au moins des discussions?



Laurent Wauquiez, lui, exclut toute alliance avec le FN…

Il ne suffit pas de dire "la droite est de retour" pour que ce soit le cas! Il faut aussi casser le carcan moral et idéologique dans lequel la gauche nous a enfermés. On nous a très longtemps expliqué que tout rapprochement était impossible. A l’époque de Jean-Marie Le Pen, c’était justifié. Aujourd’hui, ça l’est de moins en moins. On nous disait que le FN était raciste et antisémite, et certaines déclarations allaient dans ce sens. Maintenant, il n’y a plus ce genre de déclarations. On nous a dit ensuite que le FN était anti-euro, et aujourd’hui qu’ils ne sont pas fréquentables parce que Marine Le Pen a loupé son débat présidentiel… Soyons sérieux. Pourquoi ne pourrait-on pas avoir au moins des discussions? Le FN change de nom, ce qui est un signe. C’est le moment de réfléchir à autre chose. François Mitterrand, lui, avait su casser un autre carcan moral pour faire alliance avec le Parti communiste et il avait gagné les élections. On disait alors que les chars soviétiques allaient arriver sur les Champs-Elysées… C’est aussi ridicule que de dire que s’il y avait plus d’élus FN, le fascisme serait à nos portes.


Pensez-vous être entendu à LR?

Les choses évoluent. Les militants se posent la question. Beaucoup font le même constat que moi, mais ce débat reste à ce jour tabou. Laurent Wauquiez fait un bon travail, la droite ose à nouveau s’affirmer en tant que droite, mais si nous restons dans le même canevas, nous sommes voués à l’échec. Il faut un accord entre tous ceux qui veulent qu’il y ait une politique différente en France, qui retrouve les valeurs de la nation. Le FN et Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan sont évidemment de ceux-là.



En matière d’immigration, le programme du FN, c’est celui du RPR il y a vingt ans



Qu’est-ce qui différencie encore LR et le FN sur le fond?

Essentiellement le programme économique. En matière d’immigration, le programme du FN, c’est celui du RPR il y a vingt ans.


Le FN est affaibli. Est-ce le moment d’envisager une alliance?

Quand je vois ce qui se passe en Italie, je me dis que certains ont tort d’enterrer un mouvement qui est là depuis plus de trente ans et qui a construit un socle solide d’électeurs. Que cela nous plaise ou non, Marine Le Pen a réuni un électeur sur trois au second tour de la présidentielle.