À peine quelques jours après la visite du ministre russe de la Défense en Israël, visite marquée par ce que le journal Yediot Aharonot qualifie de « mise en garde russe à l’adresse d’Israël » concernant les raids israéliens contre le territoire syrien, DEBKAfile, site proche des milieux du renseignement de l’armée israélienne, accuse Moscou d’avoir fait « un marché » avec Washington.
Un marché en faveur ou en défaveur d’Israël ?
Le site, qui se réfère comme toujours à des « sources anonymes », revient sur la prise du gisement pétrolier d’al-Omar à Deir ez-Zor, le plus important de toute la Syrie, pour accuser la Russie « d’avoir secrètement conclu un marché avec les Américains » : suivant ce deal, « le régime syrien devrait contrôler le gaz » tandis que « les Kurdes » auraient, eux, le contrôle du pétrole.
Le site affirme : « Les États-Unis auraient livré le gisement d’al-Omar aux FDS en guise de récompense pour les efforts fournis par ces derniers pour la libération de Raqqa. » Le commentaire, visiblement gêné par les gains stratégiques de ces dernières semaines de l’axe Russie-Résistance sur la rive est de l’Euphrate, ajoute : « Les Kurdes des FDS avaient réussi à s’emparer il y a quelque temps du plus grand champ gazier syrien, Konoko, à l’est de l’Euphrate, mais ils n’ont pas tardé à s’en retirer au profit de l’armée syrienne et du Hezbollah. » C’est la première fois depuis le début de la guerre en Syrie que le Hezbollah parvient à prendre le contrôle des principales ressources pétrogazières syriennes. Konoko produit quelque 14 millions de mètres cubes de gaz naturel par jour.
Sur fond d’âpres débats en Israël sur une « inévitable guerre » avec le Hezbollah dans le sud de la Syrie et alors que les officiels israéliens ne cachent pas leur déception et leur colère de voir la Russie et les États-Unis rester indifférents aux doléances de Tel-Aviv dans le Sud syrien, DEBKAfile écrit :
« Jeudi dernier une réunion a eu lieu en présence des représentants de la Russie, du régime syrien et des Kurdes de Syrie. Le vice ministre russe des Affaires étrangères, Bougdanov, y a assisté en personne. Signe de son extrême importance. Les participants auraient décidé du sort des ressources petrogazières de la Syrie. Les Russes n’auraient pas pu prendre une telle décision sans une coordination préalable avec Trump... »
« Il s’agirait d’un marché russo-américain avec en toile de fond la livraison d’al-Omar aux Kurdes en lieu et place de Kirkouk » que l’Irakien Barzani vient de perdre, spécule DEBKAfile.
Une analyse crédible ?
Mais DEBKAfile pourrait parfaitement se tromper dans son analyse comme cela est souvent le cas quand il s’agit de l’action de la Résistance en Syrie. Des sources bien informées soulignent que les Américains auraient une nouvelle fois abandonné Israël face à la Russie, à l’Iran et à l’armée syrienne : par l’intermédiaire des Russes, la Syrie et le Hezbollah ont repris Konoko aux Kurdes. Quant au pétrole d’al-Omar, Daech ne le contrôle plus. Et les Kurdes, bien convaincus par les Russes, n’hésiteraient pas non plus à s’en retirer une fois les combattants de la Résistance arrivés sur les lieux. Un peu à l’image des Peshmergas irakiens qui ont évacué en l’espace de quelques heures et sous les yeux ahuris des Israéliens la pétrolifère Kirkouk sans tirer une seule balle en direction de la Résistance irakienne.