Faut-il cesser de faire des enfants pour sauver la planète ? C’est la nouvelle idée à la mode. Elle circule dans les milieux « évolués », qui se veulent à l’avant-garde du progrès.
Généralement, celui qui l’avance contracte le visage et explique que son propos, aussi difficile à entendre soit-il, est néanmoins nécessaire. L’empreinte écologique de l’être humain serait telle qu’il faudrait mettre le cap sur la décroissance démographique. Ainsi le voudrait l’urgence climatique.
Québec
C’est la thèse de l’humanité-parasite. Mais précisons-le : elle n’est pas destinée à l’ensemble de l’espèce. La surpopulation de la Chine ne nous concerne apparemment pas. Celle de l’Afrique non plus. Ce sont les Occidentaux qui doivent programmer leur disparition ou leur régression.
Le message s’adresse aussi aux Québécois : eux non plus ne devraient plus faire trop d’enfants. Mais soyons sérieux un instant : imaginons que les Québécois, d’un coup, pris d’un grand désir de sauver la planète, soient prêts à s’immoler pour elle. Collectivement, ils feraient le choix de la disparition. Cela n’aurait à l’échelle de la planète aucun effet. Personne ne s’en rendrait compte. On pourrait appeler ça : disparaître pour rien.
Nous sommes dans le domaine de l’irrationalité collective. On ne se soucie pas de l’efficacité de notre action. On veut avoir bonne conscience et afficher sa vertu écologique au monde entier.
Tant qu’on abordera la question de la surpopulation globale dans la seule perspective occidentale, nous n’en parlerons pas sérieusement. Notre modèle de civilisation antiécologique et fondé sur la surconsommation doit être réformé, évidemment. Mais en conclure aux vertus de notre propre extinction est délirant.
Je ne peux m’empêcher de faire un parallèle historique. Il y a quelques décennies, nos curés expliquaient aux femmes qu’elles devaient donner des familles nombreuses à la nation. Aujourd’hui, certains curés verts leur expliquent qu’elles ne doivent pas en avoir pour sauver le genre humain. Dans les deux cas, il s’agit de contrôler le corps des femmes au nom d’une raison supérieure. Dans les deux cas, il s’agit d’encadrer la liberté des femmes au nom d’un programme politique. Pourquoi serait-ce inacceptable dans le premier cas et acceptable dans le second ?
Avoir des enfants est la décision la plus personnelle qui soit. La plupart sont appelés à en avoir. C’est la pulsion de vie qui s’exprime à travers ce désir irrépressible, qui rend possible la suite du monde. D’autres n’ont pas cette vocation. Il serait mesquin de les stigmatiser. Il faut, en la matière, respecter les consciences. Mais globalement, une société qui chercherait à étouffer cette pulsion de vie s’autodétruirait, en annihilant ce qu’il y a de plus fort chez l’humain.
Néant
Il serait fou qu’une civilisation se laisse hypnotiser par la tentation du néant au point de croire que la seule chose qu’elle peut encore offrir au monde soit sa disparition. Il faudra un jour écrire l’histoire de la mauvaise conscience occidentale qui pousse notre civilisation à croire qu’elle a le monopole du mal. Ce désir de mort qui nous hante maquillé en vertu écologiste doit être combattu.