Stéphane Dion publiait le 12 mars dernier une lettre dans laquelle il dénonce certaines positions du NPD et du Bloc Québécois et affirme, essentiellement, que le Québec ne pourra déclarer son indépendance sans l'obtention d'une « majorité claire » en faveur de la souveraineté (sans qu'il ne spécifie combien), que le Québec serait morcelé advenant l'indépendance et que le Québec ne doit pas voir sa députation figée à 24 % (Dion proposait récemment de retirer deux sièges au Québec). Cette prise de position n'étonne pas venant du père de la loi sur la clarté. Par contre, elle démontre bien le principe de la démocratie à sens unique chez certains politiciens qui doivent leur carrière à leur prise de position contre le Québec.
En 1840, après l'échec des rebellions de 1837-1838, le gouvernement britannique, dans le but d'en finir avec le Canada-français, proclamait l'Acte d'Union, unissant le Bas-Canada (Québec) et le Haut-Canada (Ontario) en une seule province. Les francophones, pourtant majoritaires, se retrouvaient avec moins de sièges que les anglophones à l'intérieur de l'Assemblée législative du Canada-Uni. Par cette même union, le Québec, qui avait d'importants surplus budgétaires, devait éponger l'immense dette de l'Ontario et financer des projets d'infrastructures qui ne profitaient aucunement aux francophones. Lorsque la population anglophone dépassa la population francophone, le Canada-anglais demanda la représentation proportionnelle à la population, ce qui fut accordé en 1867 lors de la création, sans consultation populaire, du « Dominion of Canada ». Puis, en 1981, le gouvernement libéral de Pierre-Elliott Trudeau et les premiers ministres des neuf provinces anglophones signaient, lors de la « nuit des longs couteaux », l'accord qui mena à l'adoption de la constitution de 1982, encore une fois sans l'accord du Québec et sans aucune consultation populaire, et ce malgré le fait que cette constitution s'ingère dans les champs de compétences provinciales. Jamais Stéphane Dion n'a dénoncé le caractère unilatéral et antidémocratique de la fondation même du Canada et de l'adoption de la constitution de 1982.
Puis, en 1995, le gouvernement libéral de Jean Chrétien préparait son Plan B en cas de victoire du « Oui » au référendum : non-reconnaissance du résultat et occupation militaire du Québec dans « le but de protéger les bâtiments fédéraux ». Vint ensuite la loi sur la clarté, créée par Stéphane Dion, qui affirme essentiellement que le Québec ne pourra se séparer qu'avec la très improbable approbation du Parlement canadien. Et même si ce dernier devait approuver la déclaration d'indépendance du Québec, aux dires de Dion, les régions s'y opposant pourraient demeurer avec le Canada. Belles leçons de démocratie par l'ancien chef du Parti libéral!
Son argumentaire s’appuie essentiellement sur un renvoi à la Cour Suprême du Canada où les juges, sélectionnés par le premier ministre, s'étaient prononcés sur le droit de sécession du Québec. Pourtant, cette même Cour Suprême a affirmé qu'une province ne peut voir son territoire morcelé à moins d'obtenir l’approbation de son assemblée législative, ce dont Dion ne tient pas compte. De plus, ce dernier s'insurge à l'idée que le Québec puisse conserver 24 % de sa députation. Là encore, il ne mentionne aucunement le fait qu'une province comme l’Île-du-Prince-Édouard soit surreprésentée avec 4 députés pour une population d'à peine 140 000 individus, sans compter que les nombreuses injustices commises à l'endroit des francophones dans le passé justifient à elles seules une forme de réparation. Comble de la contradiction, Dion s'oppose farouchement à l'abolition et à la réforme démocratique du Sénat, ce dont il ne faut pas trop s'étonner considérant que les Libéraux y sont encore bien représentés.
Où est la démocratie dans tout ça? Le Canada peut imposer ses politiques de façon unilatérale et antidémocratique, mais le Québec doit obtenir une majorité écrasante en faveur du « Oui » pour obtenir son indépendance. Et malgré cela, chaque région pourra refuser de le suivre. Avant de donner la leçon, Dion devrait sérieusement se questionner sur la valeur qu'il accorde à la démocratie. Son principe de « la démocratie si elle va dans le sens de mes intérêts » est dangereux et a mené à de nombreux excès tels le scandale libéral des commandites, créé par des « Québécois » comme Stéphane Dion qui justifiant l'illégalité de leurs actions par la nécessité de maintenir l'unité canadienne.
Leçons de Stéphane Dion
Stéphane Dion et la démocratie à sens unique
La démocratie n'est-elle souhaitable que lorsqu'elle sert les intérêts canadiens?
Tribune libre
Maxime Duchesne25 articles
Maxime Duchesne est présentement étudiant à HEC Montréal et travaille au Parlement du Canada comme employé contractuel.
Il est détenteur d'une maîtrise en Science politique de l’Université de Montréal depuis novembre 2012 et d'un baccalauréat en Science ...
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Maxime Duchesne est présentement étudiant à HEC Montréal et travaille au Parlement du Canada comme employé contractuel.
Il est détenteur d'une maîtrise en Science politique de l’Université de Montréal depuis novembre 2012 et d'un baccalauréat en Science politique de la même université depuis 2010.
Ses études l’ont mené à passer un trimestre en Chine et à effectuer un stage au Parlement du Canada pour le compte d’un député fédéral. Cette dernière expérience lui a permis d’obtenir un emploi comme adjoint parlementaire contractuel.
Il a également été membre des Forces canadiennes durant plus de six ans. Ses études universitaires se sont centrées autour de la politique québécoise, le nationalisme, la gouvernance et les affaires publiques.
Il détient également un DEC du Collège de Maisonneuve en Informatique de gestion.
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4 commentaires
Archives de Vigile Répondre
19 mars 2012Monsieur Duchesne
Advenant une déclaration unilatérale d'indépendance du Québec ou un référendum gagné à 50% + un vote; le gouvernement fédéral devra se soumettre au verdict de la population québécoise sinon le gouvernement du Québec sera en droit de porter plainte aux instances internationales. Suite à ce refus, le gouvernement canadien perdra toute crédibilité aux yeux du monde entier s'il essaie de nous mettre des bâtons dans les roues, ce qui n'est pas à son avantage. Dion, le "p"tit" caniche à Chrétien ne m'a jamais impressionné outre mesure. Dans ma tête, c'est un pion du parti libéral fédéral dont sa mission est de faire peur aux Québécois; ses tactiques ressemblent à celles de Trudeau qui nous a déjà traités, nous les Québécois, de "mangeux de hot dogs". Comme on dit en Québécois, il n'y a rien là!
André Gignac 19/3/12
Archives de Vigile Répondre
19 mars 2012Et dire que cet individu est professeur d'université de carrière. S'il enseignait à ses élèves avec aussi peu de compétence, imaginez les erreurs que commettront ces ex-élèves au cours de leur carrière...s'ils suivent son enseignement.
Ceci étant dit,Stéphane Dion s'oppose aux idées de son ex-père comme le fait un enfant qui n'a pas réglé ses problèmes avec celui-ci. Il semble essayer de nous persuader qu'il est beaucoup plus "intelligent" et connaissant des affaires constitutionnelles que son père en transposant son problème sur la place publique. Pauvre lui, il n'arrivera jamais à se hisser à la hauteur de la cheville de son père. C'est pathétique de le voir aller...
Laurent Desbois Répondre
19 mars 2012Quitte à vous surprendre, Chuck Guitté exprimait la vérité et la perception d’Ottawa, lorsqu’il parlait des commandites, lors de la commission Gomery : « Nous étions en guerre! ».
http://www.ledevoir.com/politique/canada/73173/commission-gomery-charles-guite-un-modele-a-suivre
Quand René Lévesque prit le pouvoir le 15 novembre 1976, Roméo Leblanc était ministre de Trudeau et il avait dit que face aux séparatistes que le Conseil des ministres du Canada devenait un ''war room''.
Ottawa et les anglais ont toujours été en guerre contre la nation Québécoise!
1. En 1970, lors de la crise (sic) d’octobre;
2. En 1900-1920, lors de l’élimination des droits des francophones en Ontario, au Manitoba, au Nouveau-Brunswick, etc.…
3. Entre 1870 et 1930, l’exil de millions de Québécois aux États-Unis (13 millions en 1980);
4. En 1885, lors du massacre des Métis et la pendaison de Louis Riel;
5. En 1837-38, lors des patriotes;
6. En 1759-1800, lors de l’occupation militaire;
7. En 1759, suite à la prise de Québec;
8. En 1755-1763, lors de la déportation des Acadiens.
9. la crise de la conscription en 1917 et 1944, 1er avril 1918 à Québec où l’armée canadienne a ouvert le feu sur ses propres citoyens et tuée quatre personnes dans la foule et fait plus de 70 blessés.
Les 10 pires moments de l'histoire du Québec
http://www.youtube.com/watch?v=G6j85oXCyqU&feature=share
Archives de Vigile Répondre
18 mars 2012Excellent et très clair.Nous ne sommes pas dans une démocratie.Nous sommes dans une dictature canadienne