SNC-Lavalin empochera jusqu'à 3,25 milliards en vendant une partie de sa participation dans l'autoroute ontarienne à péage 407 - une somme qui servira à rembourser une portion d'un prêt contracté auprès de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ).
La firme d'ingénierie devra toutefois continuer à respecter une série de conditions, comme celle l'obligeant à maintenir son siège social au Québec jusqu'en 2024.
« Je peux confirmer qu'il n'y a aucun changement de ce côté », a indiqué vendredi le porte-parole du gestionnaire québécois de régimes de retraite, Maxime Chagnon, au cours d'un entretien téléphonique.
SNC-Lavalin envisageait depuis plus de six mois une vente partielle afin de rembourser son emprunt de 1,5 milliard contracté à la CDPQ - son plus important actionnaire avec une participation d'environ 20 % - afin de l'aider à acquérir la firme londonienne WS Atkins en 2017.
Cette entente obligeait la firme - confrontée à des difficultés financières en plus d'être mêlée à une tempête politique qui ébranle le gouvernement Trudeau - à conserver son siège social à Montréal jusqu'en 2024, soit pendant la durée du prêt. La composition du conseil d'administration devra continuer à dépasser les exigences légales en matière de représentativité québécoise et canadienne.
SNC-Lavalin a déjà remis 500 millions au bas de laine des Québécois et la firme remettra 600 millions de plus grâce à la transaction annoncée vendredi avec le Régime de retraite des employés municipaux de l'Ontario (OMERS).
L'entente permettra à OMERS d'être propriétaire de l'autoroute 407 à hauteur de 10,01 %, ce qui réduira à 6,76 % la participation de SNC-Lavalin.
« À notre avis, il s'agit d'un actif unique et exceptionnel que le marché a sous-évalué pendant des années », a souligné le président et chef de la direction de la firme, Neil Bruce, par voie de communiqué.
La vice-présidente au capital et trésorière chez SNC-Lavalin, Stéphanie Vaillancourt, a indiqué à La Presse canadienne que la société n'avait pas l'intention de vendre, « à court terme », le reste de sa participation.
À la clôture de la transaction, d'ici environ deux mois, OMERS versera 3 milliards à SNC-Lavalin et allongera 250 millions de plus au cours de la prochaine décennie, si certaines cibles de performance sont atteintes.
Un peu de répit
En réduisant sa participation dans l'autoroute 407, SNC-Lavalin, décotée en février par Standard & Poor's, « rééquilibre automatiquement son bilan financier », a estimé l'analyste Yuri Lynk, de Cannacord Genuity.
Par ailleurs, l'entreprise a obtenu un taux d'intérêt moins élevé - environ 3 % plutôt que 6 % - sur la tranche restante de 400 millions à rembourser à la CDPQ.
M. Chagnon a expliqué que la Caisse demeurait « très à l'aise » avec son investissement, notamment parce que la taille du prêt a été « considérablement réduite ».
« Nous avons fait cela (la négociation) selon les conditions de marché comme on le fait toujours, a-t-il dit. Nous avons considéré l'ensemble des conditions, pas un seul élément. Il y a d'autres aspects qui compensent l'ajustement du taux. »
Selon les analystes, le produit net de la transaction devrait être de 2,8 milliards. Elle accorde également une valeur de 27 $ par action à la participation de SNC-Lavalin dans l'autoroute 407, ce qui est inférieur au consensus de 28 $, selon Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux.
Dans une note, l'analyste a estimé que SNC-Lavalin allait probablement racheter des actions jusqu'à hauteur de 1,4 milliard à long terme.
« Même si la valeur obtenue par SNC-Lavalin est inférieure aux attentes, nous estimons que le produit net obtenu permettra à l'entreprise de réduire son endettement et profiter du cours actuel de l'action », a écrit M. Poirier.
Depuis la fin janvier, à la Bourse de Toronto, le titre de SNC-Lavalin a effacé environ 30 % de sa valeur pour se négocier aux alentours de 34 $, entre autres en raison des importantes révisions à la baisse de bénéfices pour l'exercice 2018.
En plus de perspectives plus sombres en Arabie saoudite - l'un de ses principaux marchés - découlant de la détérioration des relations diplomatiques entre Ottawa et Riyad, SNC-Lavalin a vu la société d'État chilienne Codelco mettre fin à un important contrat.