C’est au tour du milieu politique canadien d’être secoué par les dénonciations d’inconduites sexuelles.
En moins d’une semaine, ont été forcés de partir : un ministre du gouvernement Trudeau, le chef des conservateurs ontariens, le président de ce parti et le chef des conservateurs de la Nouvelle-Écosse.
Il y en aura d’autres.
Droit ?
Beaucoup de gens regrettent que ce tsunami foule aux pieds deux principes de droit fondamentaux : le droit à un procès juste et équitable et la présomption d’innocence.
Le problème est que la vie en société ne se réduit pas au droit et à la justice, des constructions humaines, donc imparfaites.
Il y a des femmes agressées par des hommes jamais importunés.
Il y a des gens honnêtes floués par des filous impunis.
Il y a des enfants qui ont plus de difficultés que d’autres à l’école.
Il y a des artistes talentueux qui ont infiniment moins de succès que des artistes moins doués.
S’il y a un domaine où les principes habituels de droit ne s’appliquent guère, c’est bien en politique.
En politique, ce n’est pas un juge ou un jury qui évalue la preuve aussi froidement que possible.
C’est l’opinion publique qui tranche sur la base de ses perceptions, de ses humeurs, de ses valeurs, etc.
Combien de fois, dans des tas de pays, à toutes les époques, le candidat le plus démagogique a-t-il battu le candidat plus honnête, plus expérimenté, mieux préparé ?
L’inapplicabilité des principes de droit rend périlleuse la vie politique, mais elle sert aussi parfois le politicien.
Si un élu, par ses gaffes, embarrasse son chef, il sera écarté sans ménagement, alors qu’il n’est coupable que d’incompétence.
On s’en débarrasse parce qu’il est devenu un boulet, tout simplement.
En politique, il n’y a qu’un seul critère qui compte : votre comportement est-il rentable ou handicapant dans la perspective de la lutte pour le pouvoir ?
Raison
Il est vrai que ce mouvement de dénonciation court le risque, comme tout mouvement parti d’une bonne intention, d’aller trop loin et d’être contaminé par une haine des hommes pure et simple.
À défaut de droit strict, on peut exiger bon sens, équité, raison. Mais nous ne sommes pas pour le moment dans la chasse aux sorcières.
Jusqu’ici, on s’aperçoit que chacun de ceux forcés de partir traînait dans son sillage des rumeurs persistantes.
La première allégation ouvre la porte à d’autres, et crée un tableau d’ensemble difficile à nier et dépeignant des comportements récurrents.
Bref, si vous espérez être traité selon les critères usuels du droit, n’allez pas en politique. Et maintenant, allez-y encore moins s’il y a quoi que ce soit que vous n’aimeriez pas voir sortir.