Où est le pouvoir du peuple ?

Se réapproprier la Démocratie

Sous tutelle des oligarchies et de l'Empire.

Tribune libre


L’Empire que forment actuellement les États-Unis et ses alliés européens se présente comme l’exemple et le promoteur par excellence de la démocratie. Ne parle-t-on pas des Etats-Unis comme de la plus grande démocratie au monde? Il en va un peu de même pour ses alliés européens qui ne manquent pas de placer sous les vocables de la démocratie et de l’humanitaire leurs incursions dans le Tiers-monde.
À y regarder de plus près, cette « démocratie », tant vantée, se révèle être une véritable usurpation, par des oligarchies financières, économiques et politiques, « du pouvoir du peuple pour le peuple » pour en faire le « pouvoir des oligarchies pour les oligarchies ».
Il est vrai que le peuple, lorsqu’il se rend voter une fois tous les quatre, cinq ou six ans, a la conviction qu’il participe au pouvoir et que son vote compte. Cet exercice représente pour lui « le pouvoir du peuple pour le peuple ». Il repart à la maison et à ses tâches coutumières avec la conscience de participer à son propre devenir en assurant ses droits et intérêts. Ses élus, pour leur part, repartent avec la conviction de le représenter au sein des instances politiques que sont les Parlements et les Assemblées nationales. Mais là s’arrête la démocratie « du peuple pour le peuple ».
La grande astuce visant la prise de contrôle de la démocratie, a été développée et mise finement au point par les oligarchies. Elle repose essentiellement sur le contrôle tout autant des partis politiques que des mécanismes électoraux.
Dans le premier cas, ce sera, entre autres, par le financement des partis politiques, par une présence actives dans le choix des principaux leadeurs, par la mise à contribution des grands médias qu’ils contrôlent, par des lobbies bien placés et, si nécessaire, par l’usage de la corruption, du mensonge, de la tricherie. À ces niveaux, la seule morale qui s’impose est celle qui s’ajuste à leurs intérêts.
Dans le second cas, ce sera par le maintien de failles dans le système électoral lui-même leur permettant d’intervenir, entre autres, dans l’élaboration des listes électorales, sur les mécanismes de recomptage des voix et sur la nomination des membres du Conseil électoral national ainsi que tout autre moyen permettant d’influencer l’électorat dans ses choix.
Ainsi, lorsque le nouveau député arrive dans cette assemblée des élus, il cesse d’être le représentant de ceux et celles qui ont voté pour lui. Il devient d’abord et avant tout le député d’un parti avec lequel il doit être solidaire. Le gouvernement est formé par le parti ayant fait élire le plus de députés sans que soit nécessaire l’obtention du plus grand nombre de votes.

Ainsi, au Canada, lors des dernières élections fédérales, le parti conservateur de M. Stéphen Harper a obtenu un gouvernement majoritaire avec moins de 25% de l’électorat canadien. Dans pareil cas, qu’advient-il des 75% qui n’ont pas voté pour M. Harper? Ils font partie de l’opposition. Ainsi, le peuple au pouvoir fait dorénavant partie de l’opposition, une opposition sans véritable pouvoir.
Un inventaire dans les pays, dits démocratiques, du rapport existant entre les détenteurs du pouvoir et le pourcentage réel de l’électorat qui leur a donné son appui illustrerait sans doute un rapport semblable à celui relevé pour le Gouvernement canadien.
Depuis quelque temps les choses changent. Des peuples, toujours plus nombreux, prennent le contrôle de leur propre démocratie. Ainsi, le système bien rodé de partis politiques, facilement manipulables par le financement, la corruption et les influences de haut niveau de même que celui du processus électoral laissant place à des manipulations internes, échappent de plus en plus aux oligarchies.
Ces peuples, ayant conquis démocratiquement le pouvoir, grâce à une forte mobilisation populaire, ne tardent pas à se donner une nouvelle constitution, fixant les règles du financement des partis politiques ainsi que celles reliées aux listes électorales et au comptage des votes. Ces constitutions ne sont plus écrites par des élites dédiées aux intérêts des oligarchies et de l’Empire, pas plus qu’elles ne sont imposées unilatéralement aux peuples par des parlements fantoches, mais elles sont écrites par des constituantes et soumises au vote du peuple par référendum.
C’est en somme le passage d’une démocratie représentative des oligarchies à une démocratie représentative du peuple ou communément dite, participative.
Dans ce dernier cas, il est beaucoup plus difficile pour l’empire et ses acolytes de prendre le contrôle de l’État. D’où les guerres et les actions terroristes de déstalisation de ces nouveaux gouvernements. Dans ces luttes ils démontrent que les questions relatives aux droits des personnes et des peuples ne les préoccupent pas et que la démocratie dont ils se font les apôtres n’est que celle qui les sert. Leur parler de la priorité du bien commun d’un peuple sur celui de groupes d’intérêt, c’est parler dans le vide.
Dire qu’au Québec nous sommes une nation de plus de sept millions d’habitants, toujours sans pays et sans constitution. Notre destin est entre les mains de pouvoirs qui nous ont été imposés et qui nous sont étrangers.
Nous pouvons évidemment changer la « donne » en nous prenant en main et en traçant nous-mêmes notre propre avenir. N’allons pas attendre que l’Empire ou les oligarchies le fassent à notre place. La situation actuelle est ce qui leur convient le mieux. Je ne me résigne pas au dicton qui veut que nous soyons vraiment nés pour un petit pain.
Vite, dépassons nos « égos », libérons nos organisations et nos partis de ces barrières inutiles et trouvons une manière de donner consistance à cet air frais de tous ceux et de toutes celles qui veulent aujourd'hui un pays et une constitution bien de chez-nous.
Oscar Fortin
Québec, le 27 août 2011
http://humanisme.blogspot.com

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Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    28 août 2011

    D’abord merci, M. Cloutier, pour votre intervention. Je réalise que nous partageons ce fait que la démocratie à laquelle nos institutions nous lient est sous contrôle d’oligarchies. Sans avoir lu en détail les références que vous m’avez suggérées je demeure toujours convaincu de la nécessité d’élections de personnes que des électeurs et électrices mandateront pour faire la promotion de leurs attentes dans le cadre normal d’un Parlement ou Assemblée nationale. Ma réflexion est davantage à l’étape de la non pertinence des partis politiques qui donnent prises aux oligarchies et leur permettent de reprendre le contrôle du pouvoir. Encore là je demeure, toutefois, prudent puisque des expériences assez particulières se vivent dans certains pays de l’Amérique Latine qui donnent à réfléchir. Je pense tout particulièrement au Venezuela et à la Bolivie où les partis politiques existent, mais dont les dirigeants actuellement au pouvoir ont réalisé une constituante pour écrire et faire voter une constitution qui est le reflet de ce qu’ils sont. En second lieu, la présence constitutionnelle dans la vie et la gestion des affaires publiques, des regroupements sociaux et ethniques assure un contrôle qui devient difficile pour les oligarchies de contourner. En troisième lieu, l’inscription dans la constitution que 10% des électeurs et électrices (le cas pour le Venezuela) peuvent exiger la tenue d’un référendum pour destituer un président, un maire ou toute personne ayant une charge publique. Finalement je vous dirai que les dispositifs mis en place pour réduire au plus haut niveau la manipulation des listes électorales et les mécanismes de votation et de comptage sont des plus modernes et ne laissent pas beaucoup d’espace aux fraudeurs traditionnels. Je me permets de vous donner le lien où vous pourrez prendre connaissance, dans sa version française, de la constitution du Venezuela.
    http://etienne.chouard.free.fr/Europe/ConstitutionVenezuela.pdf

  • Archives de Vigile Répondre

    28 août 2011

    Monsieur Fortin,
    comment le peuple peut-il s'approprier le contrôle du pouvoir quand les politiciens corrompus qui nous gouvernent le font sous la protection de l'oligarchie. Il m'apparaît impossible pour le peuple de s'approprier le pouvoir sans utiliser la violence et comme c'est l'oligarchie qui contrôle, et le gouvernement, et les armes, lesquels lui permettent de conserver le pouvoir, cela devient une mission impossible. C'est par la force des armes que l'oligarchie s'est appropriée le pouvoir et maintenant qu'elle contrôle ce pouvoir, elle interdit au peuple d'essayer de se l'approprier par les armes: l'utilisation de la force armée, de la violence est légale pour le pouvoir mais illégale pour le peuple. Tout ce que le peuple peut faire, pour un certain temps encore mais pas pour longtemps, c'est de dénoncer ces abuseurs sur la place publique en leur attribuant tous les qualificatifs péjoratifs qui leur conviennent sans qu'il soit nécessaire de les nommer puisque du seul fait qu'ils font partie de l'oligarchie, ils sont nécessairement des abuseurs. Désignons-les par ce qui les décrit vraiment et ne les laissons pas se cacher derrière les titres "honorifiques" qu'ils se donnent: ceux qui contrôlent les élus en contribuant à leurs caisses électorales dans le but d'avoir un retour d'ascenceur ne sont pas des contributeurs mais des corrupteurs et les politiciens qui retournent l'ascenseur ne sont pas des honorables et très honorables mais des traîtres au peuple. Quant à la royauté, elle n'a rien de majestueux mais plutôt ce qu'il y a de plus prétentieux: imaginez, prétendre détenir le pouvoir de Dieu et considérer les citoyens comme étant "ses" sujets: la "royauté" n'est pas au service du peuple mais ce sont les citoyens qui sont au service de sa majesté. Wow! c'est pas prétentieux à peu près... Cessons de nous laisser insulter par ces malotrus, ces galeux, ces criminels de l'humanité qui maitrisent le pouvoir que parce qu'ils sont organisés comme dans "crime organisé". Ah que Michel Chartrand, Pierre Falardeau et Pierre Bourgault, entre autres, savaient trouver les mots justes pour les décrire!

  • Archives de Vigile Répondre

    28 août 2011

    M. Fortin,
    Si vous voulez approfondir le sujet de l'oligarchie versus une véritable démocratie, allez ici et surtout regarder les vidéos sur la souveraineté monétaire et le tirage au sort :http://etienne.chouard.free.fr/Europe/
    Et écrivez-moi pour me faire part de vos réactions.
    Pierre Cloutier