Ce dimanche 5 janvier, vers 1 h 30, la brigade de gendarmerie de Farébersviller (Moselle, 10 km de Forbach, 5.500 habitants) a été attaquée par une dizaine de « jeunes », rapporte Le Républicain lorrain. Ceux-ci ont jeté des pavés et tiré des mortiers, visant les logements des militaires et de leurs familles. Au bout d’une dizaine de minutes, les assaillants se sont repliés vers la cité sensible voisine où ils ont incendié des poubelles. L’attaque n’a pas fait de blessés ni, apparemment, causé de gros dégâts, ce qui expliquerait qu’au moment de la rédaction de cet article, aucun média national n’a couvert le sujet.
Ce n’est pas la première fois qu’une caserne de gendarmerie est visée. Sans parler de la Corse, où le tir au fusil de chasse sur la brigade a pu faire figure de sport local, on peut citer les attaques contre la compagnie de Mulhouse, le 23 novembre dernier, suite au décès d’un jeune qui voulait éviter un contrôle, les heurts avec les gilets jaunes à Dijon, en janvier 2019, ou encore les incendies criminels ayant visé les casernes de Limoges, Grenoble et Meylan, en septembre-octobre 2017. À l’époque, plus de quarante véhicules avaient brûlé, des locaux de service et d’habitation avaient été détruits ou endommagés. On ne parle même pas des cadenassages de portail pendant un cambriolage ou des tentatives d’intrusion de citoyens avinés.
Mais ces attaques étaient, jusqu’à présent, dirigées directement contre les sites et leurs occupants, par vengeance ou en tant que symbole de l’État. Cette fois, les militaires ont fait face à des provocations visant à les faire sortir de la caserne pour les attirer dans un guet-apens dans la cité (source judiciaire). Ce mode opératoire, de type guérilla, est malheureusement bien connu des pompiers et collègues de la police nationale : un feu, un appel au 18, et c’est parti pour le tir aux pigeons sur les pompiers qui interviennent, avec bonus si les policiers les rejoignent.
En revanche, il peut paraître étonnant qu’une brigade de gendarmerie comptant, pour celle-ci, une vingtaine de personnels et leurs familles – ce qui en fait une bonne brigade, cité sensible oblige – fasse l’objet d’une telle action. On aurait pu penser que nos campagnes étaient encore préservées, même si cela fait longtemps que la gendarmerie est confrontée au phénomène des cités sensibles dans sa zone de compétence. Nous sommes donc vraisemblablement en présence d’un signal faible, à ne pas négliger, que la violence se banalise aujourd’hui dans tout le pays, même dans les zones les plus reculées. Mais il est vrai que si 1.457 voitures brûlées la nuit du premier de l’An ne constituent pas un signal assez fort pour nos gouvernants, il y a peu de chances que celui-ci soit pris au sérieux.
Précision : la gendarmerie consacre, actuellement, 15 millions d’euros par an à la mise à niveau de la protection de ses emprises ; cela relativise donc d’autant les augmentations dont peut se vanter le gouvernement quand il annonce donner aux forces de l’ordre les moyens de leurs missions.