Étrange semaine consacrée à la passion du déguisement de Justin Trudeau. Elle confirme à quel point le Canada est encore caractérisé par ses deux solitudes.
Au Canada anglais, le Blackface de Justin Trudeau est un véritable scandale. On veut y voir un geste raciste qui aurait compromis l’honneur du premier ministre. C’est une affaire d’État. Pour se faire pardonner, Justin Trudeau s’est livré à une humiliante séance d’excuses publiques. Le grand prêtre du politiquement correct a vu sa médecine se retourner contre lui.
Québec
Au Québec, la perplexité domine. Est-ce que nous sommes vraiment en train de transformer un déguisement en sujet de campagne électorale ? Est-ce que Justin Trudeau doit vraiment se justifier d’avoir poussé le costume d’Aladin jusqu’à se peinturer la peau en brun en 2001 ?
Et imaginons que se peindre le visage soit moralement inadmissible aujourd’hui. Ce ne l’était pas en 2001. Y a-t-il désormais une forme de culpabilité rétroactive pour tous ceux qui sont un jour allés au carnaval ?
Mais, diront certains, le Blackface n’est pas un déguisement comme un autre !
Effectivement.
Dans le contexte du sud des États-Unis, marqué par l’esclavage et la ségrégation, il s’agissait d’une pratique odieuse, où un homme blanc se peignait en homme noir, avec l’idée de caricaturer les traits de ce dernier et de le ridiculiser.
Mais on ne saurait interpréter toute l’histoire du déguisement à la lumière des traumatismes américains ! Le véritable scandale actuellement se trouve dans cet impérialisme culturel américain, auquel le Canada multiculturaliste est très sensible.
Revenons sur terre.
Depuis toujours, hommes et femmes se sont déguisés, pour devenir quelqu’un d’autre le temps d’une fête, quelquefois en empruntant les traits d’une autre ethnie.
Déguisement
Ils se sont déguisés en Viking, en Chinois, en Japonais, en Africain, en Français béret-baguette, en Texan à chapeau, en bûcheron québécois, en prêtre vicieux, en policier, en G.I. Joe et en Tortue Ninja. Et même en Aladin !
Scandale, un homme s’est déguisé !
Quelle étrange époque !