(Québec) Peu importe l'issue du bras de fer entre la direction du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) et Gaétan Barrette, il saute aux yeux que le ministre sort affaibli de cette histoire. De même, il est clair que Philippe Couillard se devait d'intervenir pour tenter de sauver les meubles... si cela est encore possible. Il faut que ce le soit.
La crise en cours ne pouvait survenir à un pire moment : l'Assemblée nationale revient la semaine prochaine; la commission parlementaire qui étudie le projet de loi 20 sur le fardeau de travail des médecins reprend ses travaux; les campagnes de publicité des associations de médecins, de pharmaciens et d'infirmières se multiplient; et finalement, tout ce qu'il y a de syndicats, d'associations étudiantes et de groupes communautaires s'est donné la main en vue de la bataille contre l'austérité au printemps. C'est une situation potentiellement explosive. Or, comme il suffit souvent d'un cas pour allumer la mèche, Philippe Couillard ne pouvait laisser cette crise perdurer et se propager ailleurs. Il faut fermer ce dossier sans tarder, quitte à malmener quelque peu l'ego de son bouillant ministre de la Santé.
Comment en est-on arrivé là? Difficile à dire. Le ministre Gaétan Barrette et le démissionnaire Jacques Turgeon se sont expliqués tour à tour, vendredi soir dernier, dans le studio de 24/60 sur les ondes de RDI. On aurait cru entendre deux enfants qui s'accusent mutuellement de ne pas dire la vérité ou d'avoir parti la chicane.
Il est clair que l'intervention du ministre dans la nomination du directeur général de la chirurgie du CHUM a été l'élément déclencheur de cette crise. Tout comme il semble évident que le ministre ou ses représentants ont manqué de tact et de diplomatie. On ne peut reprocher à Gaétan Barrette de vouloir faire bouger les choses, mais pas au prix de s'ingérer dans le travail et les responsabilités des institutions compétentes.
Il est tout aussi évident que le conseil d'administration et le directeur du CHUM auraient pu ignorer l'avis ou la directive du ministre et nommer qui ils voulaient à la direction de la chirurgie. Ils en avaient les pouvoirs. À la place, ils ont lancé une fronde qui sera sans doute populaire dans leur milieu, mais qui ne sert pas nécessairement les intérêts du CHUM.
Mettre son ego de côté
La Santé engloutit 50 % des dépenses d'exploitation du gouvernement. Les contribuables qui paient la note n'ont que faire de ces luttes de pouvoir. Chicane il y a eu, mais tout ce beau monde a le devoir moral de mettre son ego de côté, et de revenir au travail.
Pour le gouvernement Couillard et son ministre de la Santé, le message principal à retenir est celui-là même que nous a adressé le premier ministre au lendemain de son assermentation : respect, respect, respect. Dans le cas qui nous intéresse, on a oublié cet engagement. Le ministre Barrette, pour un, doit se souvenir qu'il n'est plus le dirigeant syndical qu'il était. Il est un ministre du gouvernement, et il doit se comporter comme tel.
Quant aux démissions au sein du conseil d'administration, il faut se souvenir que le mandat des membres se terminait le 31 mars. Il y aurait eu certains remplacements dans ce groupe. C'est la démission du directeur général Jacques Turgeon qui fait vraiment problème. C'est donc lui que Philippe Couillard et son ministre doivent convaincre de reprendre le poste, avec toutes les garanties nécessaires qu'on le laissera désormais faire son travail. Tout le monde veut sauver la face dans ce genre d'affaire. Dans le cas actuel, le ministre ne sauvera la face que s'il parvient à s'entendre avec M. Turgeon.
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