Après la Grèce et la France, voilà que le Royaume-Uni a été le théâtre de manifestations populaires plus imposantes que ne l'avaient anticipé les forces de l'ordre. Cette fois-ci, ce sont les jeunes qui sont descendus dans la rue pour exprimer la colère provoquée, aiguisée, par le rationnement financier que vient de commander le gouvernement du premier ministre Dave Cameron au monde de l'éducation. Ce dernier, c'est le cas de le dire, n'a fait ni dans le détail, ni dans la dentelle.
Jusqu'à présent, les frais afférents à une année universitaire étaient plafonnés à 5265 $. Récemment, Cameron a annoncé que les universités pourront élever ces coûts à l'intérieur d'une fourchette allant de 9600 $ à 14 400 $, soit du double au triple. Ce n'est pas tout. En cette ère où l'utilitarisme est maître, ou plutôt roi, les budgets des facultés d'arts ont été charcutés, et ceux des sciences humaines ont été amputés. Comme si la connaissance devrait être réduite à une formule mathématique à tendance financière et à une équation biochimique. C'est le triomphe de Thomas Hobbes sur John Locke. Désespérant!
Au lendemain de cette journée au cours de laquelle, pour reprendre les mots du quotidien The Independent, «le radicalisme était dans l'air et la rage palpable», Cameron en a remis une louche. Et une grosse. Il a décidé de guillotiner des programmes sociaux. Pour faire court, Cameron va supprimer des allocations et fondre les autres en un système unique. Parmi ces refontes, il y a celle-ci: obliger les chômeurs à travailler gratuitement 30 heures par semaine au déblayage des rues, au nettoyage des graffitis. Celui qui refusera sera pénalisé. Bref, la main-d'oeuvre doit être malléable à souhait.
Tout ça se fait évidemment au nom d'une austérité que l'on juge inévitable. S'il est exact que l'état des finances britanniques exigeait un sursaut de rigueur, il n'en est pas moins vrai que les jeunes comme des moins jeunes éprouvent un sentiment d'injustice. Au Royaume-Uni, comme en France hier et en Grèce avant-hier, ces gens ont l'impression d'être les seuls à payer les pots cassés de la crise financière qui a cours depuis 2008. À preuve, ont avancé les orateurs lors de la manifestation de mercredi, la mansuétude que ce gouvernement cultive à l'endroit d'une classe d'affaires ayant perdu de son éclat depuis l'implosion du secteur financier.
Les porte-parole des étudiants, des chômeurs, des salariés répètent en boucle que les réformes que les grands de ce monde s'étaient engagés à introduire dans la sphère des affaires afin de la moraliser, pour reprendre le serment de Nicolas Sarkozy lorsqu'il présidait l'Union européenne, ont été remisées aux oubliettes de l'histoire. Elles ont été oubliées parce qu'après avoir été sauvées avec les deniers publics, les banques ont mené une offensive féroce pour que les gestes posés relèvent de quoi? De la figuration.
Manifestations anglaises
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