Sale temps pour le Canada

Bien gérer est de prévoir

Chronique de Peter Benoit

Alors que Bloomberg nous annonce que seulement 4,7% des propriétés immobilières à Toronto appartiennent à des étrangers, une série de nouvelles dans les dernières semaines viennent assombrir le paysage canadien et de façon durable:
1) Wal-Mart a annoncé des ventes de 15 G $ en alimentation au Canada et est ainsi devenu le troisième joueur dans le domaine ex-aequo avec Métro et légèrement en avance sur Sobey's (IGA); la pôle position est toujours détenue par Loblaws à 45 G $. Wal-Mart a annoncé qu'il vise à conquérir le marché et devenir le numéro un d'ici 5 ans. Ceci va entraîner la fusion et/ou la disparition de Sobey's et Métro à moyen terme;
2) Le gouvernement canadien a modifié sa loi et accordé sa bénédiction à ce que Bill Gates puisse détenir 25% du chemin de fer Canadien National, juste avant de fêter le 150 ans du Canada. Une question se pose: Quand assisterons-nous au changement de nom pour le "American National" ? La fin du chemin de fer canadien va peut-être coïncider avec celle du Canada...
3) Le prix du pétrole est entré dans un "Bear market", contrairement aux prévisions du Ministre Morneau... Personne ne connaît exactement le prix d'équilibre du pétrole actuellement, mais il semble certainement qu'il soit inférieur à 45 $ le baril. Tant que le prix du baril demeure inférieur à 50-55 $, il n'y aura aucun investissement dans les sables bitumineux et s'il devait baisser vers 35 $ le baril, aucune installation existante de ce pétrole lourd n'est rentable. Pas surprenant que tous les acteurs étrangers quittent l'Alberta et il faut rappeler que les investissements dans les sables bitumineux constituaient 30% des investissements privés au Canada;
4) L'imposition récente de tarifs de 27%, en moyenne, sur le bois d'œuvre canadien va faire mal au Québec et à la Colombie-Britannique et ce n'est que la point de l'iceberg. Le président Trump est déterminé à réduire le déficit commercial Canada-USA qui était de 35 G $ en 2016. Le système de quotas des œufs et du lait est dans sa mire, mais aussi l'aluminium qui serait subventionné par des prix du kwh trop bas...
Si Trump réussit (et il va réussir) à faire fondre le déficit commercial avec le Canada, c'est au moins 2% du PIB canadien qui disparaît année après année. Avec les taux de croissance actuels (ne pas trop se fier à la supposée forte croissance trimestrielle qui sera certainement revue à la baisse), cela signifie une récession permanente pour au moins 5 ans...
5) La dégringolade du prêteur hypothécaire torontois Home Capital a incité le Ministre Morneau et le gouverneur Poloz de la Banque du Canada à "parler" de la hausse prochaine des taux d'intérêts malgré l'absence de pressions inflationnistes. La crainte d'un krach immobilier se matérialise et le ralentissement attendue de la construction résidentielle et autres va entraîner le Canada dans une récession importante. Avec la faiblesse des investissements étrangers, du prix du pétrole, de la contraction des exportations vers les USA, la baisse des investissements immobiliers est la cerise sur le sundae;
6) Les prix des matières premières atteignent leurs creux historiques (voir Goldman Sachs à ce sujet) et ne permettront pas au Canada de s'y fier pour récupérer une quelconque croissance;
7) L'indice du TSX de la Bourse de Toronto est au même niveau pré-Lehman de 2008. Cela veut dire que si vous aviez investi 1 000 $ dans le fonds indiciel, vous n'auriez aucun rendement (0, nil, nada, etc.) 9 ans après... Il est bon de rappeler que la Bourse est censé prévoir à l'avance le comportement de l'économie canadienne;
8) Alors que le constructeur Volvo vient d'annoncer qu'Il ne produira que des hybrides et voitures électriques à partir de 2019 et que Tesla va produire son fameux modèle à 35 000 $ (les premières unités vont sortir de l'usine de Fremont dans les prochains jours), le fabricant géant des pièces d'auto canadien Magna annonce l'acquisition de plusieurs entreprises dans le secteur afin de consolider un marché "en expansion" avec plein "d'opportunités"... Il est bon de rappeler que l'auto électrique ne dispose que d'une vingtaine de pièces mobiles contre plus de 2 000 pour la voiture conventionnelle;
Dans son discours du !er juillet, True Dough (le surnom qu'aurait affublé Trump selon que Trudeau serait une véritable pâte molle...) a oublié de mentionner l'Alberta. Cela n'est pas nécessairement un lapsus, il doit certainement penser à larguer le pétrole bitumineux pour se recentrer sur l'avenir des énergies renouvelables et les autos électriques.
On verra bien assez vite si Trudeau est un True Dough...


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1 commentaire

  • Jean Lespérance Répondre

    6 juillet 2017

    Très bon article, merci. Un lapsus est un acte involontaire qui n'en révèle pas moins la pensée de la personne qui le commet. Voir Introduction à la psychanalyse de Sigmund Freud. L'abandon du pétrole comme carburant automobile est le seul point positif du gouvernement Trudeau. Mais il n'ose pas en parler de peur de se faire couper les vivres. Le lobby du pétrole est très puissant malgré qu'on en parle pas. J'aimerais élaborer davantage mais le temps me manque.