Revue de presse 8 mai – Le feu est pris au PQ?

Tout est intéressant dans cette revue de presse


Quelqu’un qui aurait lu très rapidement les manchettes de la semaine aurait pu penser que le feu était pris au parti Québécois. Les feux de forêt dans le nord de l’Alberta et la quête pour un 8e chef au PQ depuis 1995. Voilà la dernière semaine en un clin d’oeil.


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« Voilà le changement climatique »


Les images apocalyptiques donnent froid dans le dos. D’emblée, comment ne pas songer à la triste ironie de la chose; c’est bien au coeur de la capitale du pétrole que le feu brule, qu’il avale tout sur son passage. 80 000 évacués en moins de 24h, la plus importante évacuation de l’histoire de l’Alberta selon les autorités locales.


Pour Eric Holtaus du populaire site Slate, il n’y a pas de doute; cet enfer, cet apocalypse, « Voilà les changements climatiques. » Le titre accroche, mais le texte expose certains facteurs qui ne mentent pas, la température anormalement élevée pour la saison, la sécheresse, le peu de précipitations hivernales.


« This week, a strong atmospheric blocking pattern—a semi-stable extreme arrangement of the jet stream—reinforced an unseasonable heat wave and helped temperatures reach 90 degrees Fahrenheit (32.2 degrees Celsius) on Tuesday in Fort McMurray, 40 degrees Fahrenheit above normal, eight degrees above the daily record high, 15 degrees warmer than Houston, and the same temperature as Miami. While fleeing, some evacuees had to turn on their air conditioners. »


Cette anomalie climatique est tout simplement effarante. L’auteur insiste sur l’ampleur de cette vague de chaleur extrême; on parle ici de près de 20 degrés au dessus des normales de saison et d’un record de température pulvérisé jour après jour par près d’une dizaine de degré.


Ceux qui n’ont regardé que le titre de l’article ont peut-être trouvé que l’auteur exagérait… jusqu’à ce que l’on se rende compte que ce dernier est un météorologue reconnu. À lire ce texte.


Wildfires burn across Gregoire Lake near Fort McMurray, Alberta, Canada, May 5, 2016. REUTERS/Chris Wattie - RTX2D1TR
Wildfires burn across Gregoire Lake near Fort McMurray, Alberta, Canada, May 5, 2016. REUTERS/Chris Wattie – RTX2D1TR

Si vous n’aviez qu’un seul photo-reportage à consulter, je vous suggère celui-ci du magazine The Atlantic, des spécialistes de l’image. Les meilleurs selon moi! Et ces clichés des feux de foret, des gens qui les subissent, mais aussi de cette nature qui se disloque, le tout est spectaculaire, triste, mais mérite attention.


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Un 8e chef depuis 1995…


Le moins que l’on puisse dire c’est que le parti Québécois peine à se trouver un(e) chef qui sache durer dans le temps. On dira ce que l’on voudra, la chefferie du PQ commence à se donner des airs de portes tournantes. C’est inquiétant.


Chapeau à la journaliste Josée Legault qui, vendredi dernier dans Le Journal de Montréal, a exposé de façon claire et pertinente les enjeux auxquels feront face les candidats à la chefferie du PQ et les militants du parti. Elle rappelle avec justesse que la mise en veilleuse de son option a contribué à l’érosion des appuis au PQ.


« De fait, le problème du PQ n’est-il pas justement qu’il a déjà trop souvent troqué son option pour sa quête du pouvoir?


Plusieurs l’oublient, mais depuis le référendum de 1980, la «mise en veilleuse» de son option est en fait la règle au PQ. Et sa promotion active, sous Jacques Parizeau et très brièvement sous PKP, l’exception.


Le lent déclin du Parti québécois et de la souveraineté depuis le départ de M. Parizeau n’est pas fortuit. Ces «mises en veilleuse» à répétition dans l’espoir de conserver ou prendre le pouvoir ont fait éclater le ciment qui l’unissait et contribué, avec d’autres facteurs, à l’érosion des appuis à la souveraineté. »


Petit bémol par contre, on doit rappeler que le plus récent sondage sur la politique provinciale a été publié le lendemain par le journal de Josée Legault et par Le Devoir et qu’il fait état d’un appui de 41% à la souveraineté. Malgré tout, « l’option » semble se porter beaucoup mieux que le PQ finalement. Faut bien l’admettre. Et les candidats à la chefferie de ce parti en prendront assurément acte.


« Saborder le PQ! »


Il n’en fallait pas plus pour que certains en appellent à saborder le PQ. Il faut mettre la clé dans la porte à 28 mois des prochaines élections! C’est en gros le propos de Jean-Félix Chénier dans son blogue au Voir. Il faudrait donc mettre à mort le parti qui compte le plus de membres au Québec à deux ans des prochaines élections et voir ce que ça donnera. Je sais… Ça donne le goût de rire. Jaune.


« Saborder le PQ amènerait des gens vers QS, d’autres vers la CAQ, certains vers ON et les têtes fortes qui pensent se lancer dans la course qui s’annonce pourraient décider de fonder leur propre formation politique! Et qui sait, cette nouvelle formation réussirait peut-être à ratisser plus large que l’actuel PQ! »


Primo, j’ai eu beau chercher, mais je ne trouve pas d’occurences d’un parti dans une démocratie analogue à la nôtre; le parti le plus populaire, celui qui compte le plus de membres, celui qui mène systématiquement dans les sondages dans le segment le plus important de la population votante (ici le vote francophone), une occurence donc ou ce parti se saborderait! Qui plus est à deux ans des élections!


Deuxio, on demande tout au PQ! Pourtant, ceux qui en appellent à son naufrage, à son sabordement, sont les mêmes qui refusent, le plus souvent, toute forme de compromis quand le parti Québécois, légitimement, cherche des solutions pour briser la division du vote francophone.


La réalité c’est que le PQ demeure un véhicule politique utile en dépit des événements récents. Il compte une base de membres qu’il serait impossible de reconstruire en deux ans, une machine politique éprouvée, du staff politique efficace et la relève parlementaire la plus intéressante, et de loin, à l’Assemblée nationale. Ne pas le reconnaître c’est faire acte de mauvaise foi. Voilà à quoi j’ai pensé en lisant le texte de Chénier et tous les commentaires qui abondaient dans le même sens que lui. Et si ceux qui veulent tant saboder le PQ faisaient preuve de bonne foi…


Je suis de ceux, d’ailleurs, qui furent déçus du désistement de celui qui ne cesse de se faire attendre en dépit de la promesse de la fin de tous les exils… J’aurais bien aimé que le sien prenne fin drette là mais bon… À suivre.


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Le texte incontournable de la semaine…


On a beaucoup entendu parler de langue à la fois dans le Canada et au Québec. Il y a eu le projet de loi du parti Libéral de Philippe Couillard qui ne va pas assez loin selon plusieurs (voir la caricature de la semaine plus bas); tout comme la nomination d’une ministre provinciale responsable de la francophonie au Manitoba qui ne parle pas un maudit mot de français…


Mais ce texte dans le journal Le Droit par Jean Delisle, profésseur émérite en traduction à l’Université d’Ottawa aurait du faire plus de bruit. L’auteur revient sur la longue histoire du Bureau de la traduction, son lent déclin et la logique comptable qui, en plus de l’absence de volonté de vouloir faire du bilinguisme un véritable impératif dans la communication institutionnelle hors Québec, font en sorte que cette institution se meurt dans l’indifférence.


« Compte tenu de cette triste réalité, il est clair que l’on revient lentement, mais sûrement, à une situation aussi chaotique que celle qui existait avant 1934. L’histoire se répète, hélas! Et le logiciel de traduction automatique Portage, que la direction du Bureau n’a pas renoncé à implanter dans l’ensemble de la fonction publique pour «faciliter les communications entre les fonctionnaires», sans aucune balise pour encadrer son utilisation, renforce cette impression de désorganisation.


Les langues officielles au Canada sont le français et l’anglais. La «langue machine» deviendra-t-elle la nouvelle langue officielle?


Dans l’état actuel des choses, le Bureau de la traduction, qui avait acquis une réputation enviable au pays comme à l’étranger, me fait penser à un édifice patrimonial que des promoteurs indifférents à l’histoire et sans vision d’avenir démolissent au nom d’impératifs financiers. »


Au final, il n’y aura plus que le Québec qui sera bilingue, le temps de rejoindre la majorité anglophone. Le français ne sera plus qu’un vestige historique à ranger dans les vieilleries folkloriques dont on se souvient de temps en temps, nostalgiques et un peu honteux…


Le statut de la semaine…


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La question de « l’identité » a beaucoup refait surface dernièrement. Souvent, ceux qui en appellent au sabordement du PQ sont justement les mêmes qui sont allergiques à toute manifestation d’appui au nationalisme dit « identitaire ». Vous savez ces multiculturalistes bien-pensants qui en appellent à la célébration de toutes les identités du monde sauf la nôtre…


Et bien, tout fan du travail de David Leroux que je suis, j’ai été touché par ce statut facebook qu’il a publié hier. Une manifestation intelligente de passion envers notre patrimoine, notre identité. J’adore. Voici le texte…


« Je suis tombé à tout hasard sur un documentaire de 1998 concernant l’affaire liant la construction du barrage de Carillon au lieu de sépulture de Dollard Des Ormeaux. Au-delà du récit, j’ai été profondément ému par mon visionnement.




J’ai revu le Québec dont je me souviens, celui de ma jeunesse. Les policiers de la SQ à moustache dans leurs Chevrolet Caprice Classic. Les vieilles dames québécoises qui parlent ce bon français de la fin de l’époque des couvents et qui aiment, ressentent et vivent leur Québec jusqu’au plus profond de leurs âmes. Les bonhommes bedonnants dans la soixantaine torses nus à vélo, avec un casque fluo, qui parlent en gars de shop mais qui ont leur petite idée sur l’emplacement où repose Des Ormeaux. Ça serait là où il y a une croix, sur le terrain d’une dame, où le Docteur Lallier n’a jamais osé creuser.


Ce Québec d’où je viens et qui m’a vu grandir…


J’avais hâte de le quitter pour la belle métropole de tous les espoirs à la fin de mon secondaire. Il m’agaçait. Aujourd’hui, 12 ans plus tard, j’en vois des images, j’en entends l’accent, j’en vois la fierté décomplexée, et je suis bouleversé jusqu’au plus profond de mes tripes.


Je l’aime passionnément, ce Québec qui me laissait jadis un peu de glace. Ma famille avait par contre bien semé en moi les amorces de mon attachement amoureux et inconditionnel pour ce dernier. Aujourd’hui, je l’aime dans tout ce qu’il a de grand et de plus petit, et chaque jour un peu plus que la veille. Je l’aime du bar de danseuses crade adjacent à un motel pas trop propre où on sert des grosse bières dans des petits verres jusqu’aux plus brillantes et résiliantes de ses institutions. Je l’aime de l’accent convainquant du patriote éduqué et cultivé qui a lu les relations des Jésuites à celui dur et honnête de l’ouvrier travailleur pour qui nulle autre maison n’existe que sous ce beau drapeau bleu et blanc.


Je l’aime, et quand je vois qu’on essaie de le culpabiliser de vouloir être, de le convaincre qu’il n’en vaut pas la peine, qu’en la force de sa survivance boue le bouillon de l’ignorance et de la xénophobie, une fureur immense s’empare de moi. Qu’aillent au diable ces esprits désincarnés et déconnectés, qui se croient les grands désinfectants de l’humanité. Ils en sont la plus grande menace. »


La caricature de la semaine…




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Garnotte est tout simplement génial en ce qu’il pointe habilement dans la même caricature les inepties libérales dans les domaines de l’économie et de la défense de nos intérêts linguistiques…


L’imbécile de la semaine…


Kenn1


On doit l’admettre, Jason Kenney, l’ancien ténor Conservateur sous Stephen Harper, a eu l’air un peu fou en s’insurgeant que les Libéraux coupent court aux débats à la Chambre des Communes…


La réponde de @PatRiotChick sur Twitter était cinglante! Les Conservateurs qui ont prorogé le parlement de façon partisane à plus d’une reprise, sans compter les projets de loi mammouth, etc…


Jason Kenney n’a pas de leçon d’éthique et de saine gestion des débats parlementaires à faire…




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