Quelle journée internationale des femmes veut-on célébrer?
Célébrer la journée internationale de la femme à l’aune du retour du religieux dans l’espace sociétal n’a rien de bien réjouissant...
Vous avez entendu la chronique de ma collègue Denise Bombardier jeudi à l’émission de Richard Martineau à QUB radio? J’en suis tombé en bas de ma chaise. La chroniqueuse évoquait le fait que des journalistes très en vue aux États-Unis, lecteurs de nouvelles entre autres, étaient apparus à la télévision avec une tache distinctive au visage. Au front, plus précisément.
Elle expliquait que c’était en fait la marque ostentatoire de la cérémonie des Cendres pour les catholiques au cours de laquelle les fidèles sont marqués d’une croix de cendre au front. Surtout, faisait remarquer Denise Bombardier, il y avait là quelque chose qui procédait de la volonté assumée d’afficher la foi chrétienne, à heure de grande écoute.
Un retour du religieux dans l’espace public qui devrait inquiéter ou du moins qu’on devrait questionner selon Bombardier.
Quand le fait religieux s’incruste dans l’espace sociétal, le droit des femmes en souffre...
Une militante islamiste bien connue comme porte-étendard de l’émancipation des femmes?
Petit souvenir de 2016; dans le cadre de la Journée internationale des femmes, une députée de la chambre des Communes célébrait la militante islamiste Zunera Ishaq comme modèle d’émancipation de la femme.
Le message de la députée libérale fédérale Salma Zahid était on ne peut plus clair :
«Une allocution très inspirante de Zunera Ishaq concernant son combat pour le droit de porter la niqab dans le cadre de la cérémonie de citoyenneté. Vous êtes symbole d’émancipation.»
Voilà qui vous rafraichira la mémoire très certainement. Zunera Ishaq avait défrayé la manchette abondamment durant la campagne électorale fédérale de 2015, notamment, quand le PM sortant Stephen Harper avait fait de son cas un sujet de premier plan. Le « wedge politics » à son meilleur (sic).
Un pari perdant pour le chef conservateur, lequel avait toutefois fait ressortir des divisions profondes sur la question tant au Canada qu’au Québec.
Trois ans plus tard, le Québec continue de débattre de laïcité et de la place du religieux dans l’espace sociétal, au sein des institutions surtout.
On trouvera très peu de gens au Québec pour appuyer la campagne ou cette déclaration très précise de la députée Salma Zahid, faite dans le cadre de la journée internationale de la femme, rappelons-le.
Au PLQ, il y en aurait pour souscrire à cette vision du « droit des femmes », de la « liberté » de porter la niqab comme moyen « d’émancipation » des femmes. D'ailleurs, c'est justement parce que cette vision du multiculturalisme est si forte au sein du PLQ que ce parti a refusé net de légiférer sur la question pendant 15 ans.
Ce qui est le plus inquiétant toutefois, selon moi, c’est qu’il s’en trouverait aussi à gauche pour abonder dans le même sens. Chez les QSistes j'entends. Quiconque suit un peu l’évolution des débats sur les signes religieux au sein de ce parti conviendra qu’il y a, chez QS, un courant qui se rapproche de la position du PLQ sur cette question : pas question de toucher au droit de quiconque d’afficher ses convictions religieuses. Y compris dans le cas de ceux qui occupent quelconque fonction que ce soit au sein des institutions.
D’ailleurs, ceux qui, « à gauche », ont attaqué récemment Ensaf Haidar, la conjointe de Raif Badawi (à grand coup d’accusations de racisme et d’islamophobie), sont à l’œuvre afin de miner et discréditer les « laïcistes » chez Québec solidaire...
En cette journée internationale des femmes, il incombe de rappeler que de tout temps, quand le religieux s’est incrusté dans l’espace sociétal, les femmes en ont payé le prix. L’histoire du Québec, pour peu qu’on s’y intéresse encore, devait être garant d’un enseignement précieux en la matière.
Ne jamais reculer là-dessus.