Éducation

Recréer l’attractivité pour la profession d’enseignant

Tribune libre

En date du 5 septembre, 1331 postes d’enseignants et d’enseignantes sont toujours vacants dans le réseau scolaire québécois. Manifestement, cette pénurie de main d’oeuvre alarmante nous envoie un signal clair: l’attractivité pour la profession d’enseignant s’effrite progressivement, voire dangereusement.

Pour bien cerner toute la dynamique de ce phénomène, il m’apparaît primordial de remonter dans le temps pour jeter un coup d’oeil sur les paramètres qui faisaient de la profession d’enseignant un élément essentiel voué à la formation de la jeunesse, les enseignants étant considérés dans cette dynamique comme les pivots du système éducatif. À la suite de ce bref historique, nous allons nous attarder à la profession d’enseignant d’aujourd’hui, et finalement à des pistes de solutions à envisager pour redonner à la profession ses lettres de noblesse.

Historique

Lorsque j’ai débuté mon parcours scolaire en 1953, la plupart des écoles primaires du Québec étaient sous la responsabilité des communautés religieuses dont la vocation première consistait à faire œuvre d’instruction auprès des jeunes. Puis, la relève venant à manquer au sein des communautés religieuses, des laïcs levèrent la main pour poursuivre leur œuvre. En ces temps pas si lointains, l’école québécoise jouissait d’une stabilité à toute épreuve si bien que les jeunes passaient à travers leur parcours scolaire sans trop de heurts, hormis peut-être certains jeunes qui éprouvaient des difficultés à suivre le rythme du groupe, mais à qui des périodes de récupération étaient offertes par les enseignants après les cours de la journée.

En 1964, le Québec est en pleine effervescence. On assiste, entre autres, à la création du ministère de l’Éducation qui ouvre les portes de l’école à tous les jeunes du Québec. La profession d’enseignant bénéficie d’un rayonnement sans demi-mesure. Toute une pépinière de jeunes enseignants ouvrent la porte au savoir aux jeunes avides d’apprendre.

Aujourd’hui

Les temps ont beaucoup changé, particulièrement eu égard au rôle polyvalent qu’est appelé à jouer l’enseignant à titre de responsable d’un groupe d’élèves. Le mode de vie des parents s’est métamorphosé, notamment dû au fait qu’ils se sont placés sur le marché du travail, laissant de ce fait leur enfant seul à son arrivée de l’école chez lui. Conséquemment, l’école traditionnelle dont la vocation première était de communiquer des connaissances à des apprenants, et à faire respecter les règles de conduite établies par la direction de l’école, dut se positionner dans le prolongement du milieu familial, les parents, compte tenu de leur disponibilité réduite, ayant peine à suivre l’évolution de leur enfant, tant sur les plans scolaire que comportemental. De surcroît, les élèves à besoins particuliers ont été intégrés dans les groupes dits «réguliers», alourdissant considérablement la tâche des enseignants, d’autant plus que le personnel spécialisé pour venir en aide aux enseignants se retrouve en pénurie de main d’oeuvre. Enfin, l’arrivée massive d’immigrants au Québec accentue l’adaptation que les enseignants doivent déployer pour s’ajuster à leur culture.

Pistes de solutions

Partant de ces constats pour le moins révélateurs d’une désertion des étudiants inscrits à un baccalauréat en enseignement, les candidats intéressés à la profession d’enseignant sont effrayés par le manque de personnels spécialisés, rendant leur tâche d’enseignement quasiment impossible. Dans cette foulée, des sessions intensives en psychologie, ortho-pédagogie, travail social, orthophonie doivent être mises sur pied pour assurer le plus rapidement possible l’aide réclamée par les enseignants. D’un autre côté, le programme de français au secondaire doit être revu de façon à y intégrer les notions lexicales, syntaxiques et grammaticales tout au cours du secondaire de façon à éviter le nombre alarmant d’élèves inscrits en sciences de l’éducation qui n’arrivent pas à passer l’examen d’admission.

Enfin, les parents doivent reprendre leur rôle d’appui à l’aide aux devoirs de leur enfant. De plus, ils doivent s’investir en faveur de l’enseignant qui a sévi contre leur enfant au lieu de prendre sa défense tout en ayant bien en tête que l'éducation est un travail collectif. Dans cette veine, un adage africain formule admirablement bien cette assertion: «Il faut tout un village pour élever un enfant.»


Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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