Le gouvernement du Canada n'a toujours pas fait connaître sa position sur l'indépendance du Kosovo. Il est loin d'être le seul à prendre son temps: à peine une vingtaine de pays ont officiellement reconnu le nouvel État.
Cette prudence est compréhensible. Le cas du Kosovo est délicat. Du point de vue du droit international d'abord, parce que le droit à la sécession unilatérale n'est reconnu que dans des situations exceptionnelles. Du point de vue de la politique interne de plusieurs pays, où des mouvements sécessionnistes chercheront à tirer profit de la situation. Du point de vue des relations internationales enfin, l'éclatement de la Serbie pouvant entraîner d'autres démembrements, en plus d'accroître la tension entre l'Occident et la Russie.
Ottawa n'a aucun intérêt à être parmi les premiers gouvernements à reconnaître le Kosovo. En attendant encore, le gouvernement Harper fera sentir que, s'il lui faut bien constater la réalité politique, c'est à contrecoeur qu'il reconnaît le nouveau pays. La multiplication de petits États établis sur des bases ethniques va tout simplement à l'encontre de l'idéal canadien.
(La question du Québec ne devrait tenir aucune place dans le raisonnement du gouvernement canadien. Il n'y a en effet aucun parallèle possible entre le Kosovo, un territoire pauvre soumis aux pires exactions, et le Québec, un endroit privilégié où règnent la prospérité, la démocratie et la paix.)
L'aspect juridique du problème est particulièrement épineux. En vertu du droit international, une population ne peut se séparer de son État-parent sans le consentement de ce dernier. La résolution adoptée en 1999 par le Conseil de sécurité des Nations unies affirmait d'ailleurs «l'engagement de tous les États membres envers la souveraineté et l'intégrité territoriale de la République fédérale de Yougoslavie». Comme le Conseil n'a pas modifié sa position depuis, les Serbes, les Russes, les Chinois et bien d'autres estiment que la sécession du Kosovo est illégale et que l'aval donné par la communauté internationale constitue un dangereux précédent. Les pays favorables à l'indépendance rétorquent que la résolution 1244 du Conseil de sécurité ne définissait d'aucune manière le «règlement final» du problème du Kosovo.
Comme l'a bien expliqué la Cour suprême du Canada, le droit à l'autodétermination entraîne celui à la sécession seulement dans les cas où «un peuple est soumis à la subjugation, à la domination ou à l'exploitation étrangères». C'est la clé ici: en menant (sous Milosevic) une campagne de nettoyage ethnique contre la majorité albanaise du Kosovo, la Serbie a sacrifié sa souveraineté sur ce territoire. Cette politique fut si brutale qu'elle a rendu illusoire tout retour du Kosovo sous souveraineté serbe. C'est ce qu'a constaté l'an dernier l'envoyé spécial de l'ONU pour le Kosovo, Martti Ahtisaari: «Belgrade ne pourrait rétablir son pouvoir sans provoquer une violente opposition. L'autonomie du Kosovo à l'intérieur des frontières de la Serbie est tout simplement intenable.»
M. Ahtisaari s'est empressé de souligner, comme l'ont fait Washington et Londres en reconnaissant le nouvel État, que la situation du Kosovo ne saurait faire jurisprudence: «Le Kosovo est un cas inédit qui appelle une solution inédite.»
C'est ce que le gouvernement du Canada doit affirmer. Il doit aussi faire savoir qu'il observera attentivement les efforts de réconciliation de la majorité albanaise à l'endroit des Serbes du Kosovo. Le scénario le plus déplorable verrait le nord du Kosovo, peuplé de Serbes, rejoindre la Serbie, tandis que les villages albanais de Serbie se rattacheraient au Kosovo. Le caractère purement ethnique de ces pays serait ainsi consacré. Ce serait un triste recul pour l'humanité.
Reconnaître le Kosovo
DUI - Référendum - Kosovo (17 février 2008), Soudan (janvier 2011)
André Pratte878 articles
[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8a...
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[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.
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