Radio-Canada - la catin et de la futilité et du politique

Tribune libre


Le site des nouvelles de Radio-Canada (http://www.radio-canada.com/nouvelles/) demeurait pour moi à ce jour l'une des principales sources d'informations en temps réel auxquelles je m'alimentais. Ayant littéralement abandonné la télévision et la radio depuis plusieurs années, y compris (bien qu'après toutes les autres, il est vrai) les chaînes de la SRC (que naguère j'appréciais beaucoup, mais qui sont devenues des antennes largement commerciales et aux contenus plus près des TQS, des TVA et des Radio Énergie ou Rock Détente que de son excellence de naguère), il ne restait plus, depuis lors, qu'à me rabattre sur la Toile numérique par le truchement de ma boîte à puces au silicium.
Or même cette ultime avenue au « fonds » radio-canadien - fonds constitué depuis mon propre gousset de contribuable qui, dès lors, et par des procédures que n'aurait pas désavouées Machiavel en personne, se retourne contre moi-même - m'apparaît désormais imbuvable.
Qu'il s'agisse de l'«ordre hiérarchique» de la présentation, de la relative «permanence» des nouvelles sur le site ou du traitement lui-même de l'information - par exemple, et d'un part, les manchettes révélant une certaine prestance du Québec sont rapidement évacuées vers le bas de l'écran avant d'être totalement soustraites à la connaissance de l'internaute, et le libellé du texte, d'autre part, trahit en récurrence une volonté marquée et indiscutable de banaliser ou de subordonner, voire d'inféoder le statut du Québec dans l'ensemble «canadien» de l'actualité (l'utilisation à outrance des vocables «province / provincial» [et dérivés]* pour désigner l'État du Québec et la nation québécoise constitue sans doute l'aspect le plus trivial de cette stratégie systématique de "subsidiarisation" de l'entité québécoise par le biais d'un vocabulaire jamais neutre ou innocent) - Radio-Canada n'est plus qu'un instrument de propagande au service de la «provincialisation» effrénée sinon hystérique du Québec.
C'est ainsi qu'une antenne autrefois crédible, professionnelle et respectée de tous rejoint le club sélect - des Gesca (www.powercorporation.com/index.php?lang=fra&comp=gesca&page=profile) aux Corus (laquelle maison de presse [Info 690, CKAC, CKOI...: www.corusnouvelles.com/contacts.php ] pousse le ridicule jusqu'à accompagner une manchette sur deux de... l'unifolié canadien) - des instruments de subordination de la collectivité québécoise. Tantôt par l'abêtissement commercial, tant par la forme que par le fond, tantôt par l'intoxication politique (plus ou moins subtile ou raffinée, c'est selon).
Encore à l'instant - patente illustration parmi mille autres que l'on pourrait monter en aiguille le jour durant (ce dimanche 9 juillet, en fin d'après midi en : www.radio-canada.com/nouvelles/Politique/2006/07/09/002-PQ-boisclair-investiture.shtml) - nous lisons ce qui suit: «Le chef libéral, tout en concédant à cette occasion que le Québec avait les moyens et était libre de choisir son destin, avait cependant fortement souligné qu'il n'était pas dans son intérêt de quitter le Canada [...]».
On notera, n'est-ce pas, et avec cet air (bien connu) de ne pas y toucher, un libellé digne de la Pravda des années Brejnev. Le chef des forces fédéralistes québécoises affirme que le peuple québécois possède sans conteste la capacité de son Indépendance politique. Ce n'est pas rien (tout Québécois cultivé et informé le savait depuis longtemps, certes, sauf que dans la bouche du premier ministre Charest, nul n'en disconviendra, la déclaration prend une résonance toute singulière). Or que fait notre journaliste radio-canadien (on relèvera au passage ce superbe anonymat qui n'est pas sans rappeler, également, le régime signalé en comparatif)? Eh bien il "métamorphose" cette «info» de façon à la marginaliser (à la manière en quelque sorte d'une simple incidence: «Le chef libéral, tout en concédant...») pour insister illico («fortement souligné...») sur le caractère "inintéressant" («pas dans son intérêt...») de cette voie de la liberté (et de la dignité).
Tout Radio-Canada, tout le Radio-Canada de notre époque depuis une bonne décennie à tout le moins, tient dans cette «banale» illustration où la propagande et l'orientation de l'opinion publique tiennent le gouvernail au sein d'une administration (http://cbc.radio-canada.ca/apropos/csd/index.shtml) dominée, notamment, il faut bien le dire, par les Robert Rabinovitch et les Sylvain Lafrance.
Non contente - déculturée, acculturante et vouée aux variétés d'une insignifiance à se cogner la tête contre les murs - de s'être transformée en une organisation commerciale et publicitaire (dans sa programmation comme dans ses plages de temps consacrées à la publicité même: de la pub entre des plages de pub, quoi), Radio-Canada n'est plus désormais autre chose que l'organisme exsangue et totalement discrédité de ce qui fut autrefois une grande dame respectée de tous. Y compris par l'ensemble des Québécois.
Marie-Louise Lacroix,
_ citoyenne québécoise
* Province (du latin provincia) : Dans l'Antiquité, pays ou territoire conquis par Rome hors de l'Italie et gouverné selon les lois romaines.


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