par Martine Bouliane -
Un crime, un mobile, une accusée : le Centre d'histoire de Montréal rappelle l'incendie de la ville en 1734, une affaire qui s'est terminée par la pendaison de Marie-Josèphe Angélique. Mais était-elle coupable? C'est la question que se poseront les visiteurs dans «Qui a mis le feu à Montréal».
C'est le 10 avril 1734. Un incendie se déclare rue Saint-Paul, à Montréal. Pendant trois heures, le feu fait rage et plus d'une quarantaine de maisons s'envolent en fumée.
Les doigts accusateurs se braquent rapidement sur Angélique, l'esclave noire de la veuve de Francheville, chez qui le feu aurait pris naissance. Elle sera accusée sur la base de ces rumeurs.
L'histoire d'Angélique a fait couler beaucoup d'encre depuis plus de deux siècles. L'historienne Denyse Beaugrand-Champagne a voulu rectifier les faits dans son livre Le procès de Marie-Josèphe Angélique, paru en 2004 chez Libre expression. «Ce n'est pas le plus gros incendie de Montréal, mais c'est celui qui a généré le plus d'écrits», dit-elle.
Le Centre d'histoire a voulu créer une exposition sur le sujet en collaboration avec l'auteure. La forme s'inspire de Clue, ce jeu de détective où il faut deviner qui est le coupable du crime. Les visiteurs doivent ici faire de même. «Ça nous semblait préférable à de nombreux panneaux explicatifs. On a voulu faire participer les gens», dit Mme Beaugrand-Champagne.
Surtout qu'avec le recul, plusieurs éléments mettent sérieusement en doute la culpabilité d'Angélique Elle n'avouera d'ailleurs «son crime» que sous la torture, avant d'être pendue.
Mais si ce n'est pas elle, qui est-ce? Mme Beaugrand-Champagne a sélectionné des personnages qui pourraient être à l'origine de l'incendie, auxquels a donné un second visage l'artiste Marie-Denise Douyon. Celle-ci signe une fresque qui les représente tous. «Il y a 10 suspects, de vraies personnes qui ont vécu à l'époque. La plupart ont de sérieux mobiles», observe l'historienne.
Ainsi, les parcours de chacun des personnages, autant des notables que des roturiers, sont expliqués, sans oublier leur alibi. Qui a pu commettre le crime? Thibault, l'amant d'Angélique, introuvable après l'incendie? Marie-Manon, l'esclave de François Béry des Essars, lui-même parmi les suspects? Ou Marie-Marguerite César, dit Lagardelette, une domestique qui disait vouloir mettre le feu?
À mi-parcours de l'exposition, les visiteurs sont invités à voter pour celui qu'ils croient le réel coupable. Un court film reprend les grandes lignes de l'intrigue.
En octobre et novembre, c'est Thibault qui a été le plus souvent cité par les visiteurs. Une idée que ne partage pas l'historienne. Par contre, ici, il n'y a pas de solution cachée dans une enveloppe.
La seconde partie de l'exposition aborde surtout le procès d'Angélique. Un procès sans jury, ni avocats, ni preuves, qui permet de comprendre le fonctionnement de la justice en Nouvelle-France. «Elle a été accusée sur des rumeurs. Ça met aussi en contexte ce qu'était Montréal, une ville militaire et commerciale, en plus de permettre de parler de l'esclavage», estime Mme Beaugrand-Champagne.
Très bon complément à l'exposition précédente, Justice en Nouvelle-France, crimes et châtiments, est présentée au Château Ramezay jusqu'en septembre. Ici, des causes réelles permettent d'illustrer les peines infligées pour les différents crimes, comme la bannissement ou la galère. Et c'est intéressant de voir comment, en si peu de temps, les choses ont tant changé
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L'exposition Qui a mis le feu à Montréal? 1734 le procès d'Angélique est présentée au Centre d'histoire jusqu'au 25 mars.
[www.ville.montreal.qc.ca/chm->www.ville.montreal.qc.ca/chm]
Tél. : 514-872-3207 [www.chateauramezay.qc.ca->www.chateauramezay.qc.ca]
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"Propagande Marie-Angélique''
Sur YouTube - Angélique
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