C'est le carré d'as du pouvoir culturel le plus impressionnant réuni de mémoire de journaliste québécois ou canadien. À elles quatre, les ex-ministres des affaires d'arts et de culture participantes à la table ronde organisée ce week-end par l'Institut du Nouveau Monde totalisaient plus de vingt ans d'occupation des postes-clés.
Il y avait donc Liza Frulla, Sheila Copps, Line Beauchamp et Louise Beaudoin. C'est la première fois qu'étaient réunies pour un débat ces quatre anciennes titulaires du ministère de la Culture et des Communications du Québec ou du ministère du Patrimoine canadien. Mme Frulla jouit même de l'insigne honneur d'avoir occupé les deux fonctions.
Le thème imposé: la convention sur la diversité culturelle, le traité international de l'UNESCO ayant été au coeur des activités politiques de ces quatre femmes de pouvoir. «Je dirigeais un ministre avec 3,5 milliards de dollars de budget et 18 agences, a dit Mme Copps. On me disait malgré tout que ce n'était pas un ministère d'importance économique.»
La rencontre a vite pris l'allure d'une autocélébration du quatuor pour le devoir accompli, avec moult anecdotes sur les arcanes des rencontres internationales. Tel dîner en Corée du Sud. Tel accrochage avec les délégués des États-Unis.
«Qu'est-ce que cette Convention sur la protection de la diversité des expressions culturelles, entrée en vigueur officiellement le 18 mars, très simplement?», leur a demandé d'entrée de jeu l'animatrice Ariane Émond. Ce n'est pas une barrière, mais un tremplin, a répondu Mme Beauchamp, maintenant ministre de l'Environnement. C'est un Kyoto de la culture a rajouté Mme Beaudoin. Sheila Copps a poursuivi un peu dans la même veine avec une référence à la biodiversité.
L'Assemblée nationale du Québec a été le premier parlement du monde à entériner la convention. Ottawa a suivi en décembre 2005, quelques semaines avant le changement de gouvernement. Une cinquantaine de pays ont maintenant ratifié le document onusien.
«Les Américains nous ont fait des pressions jusqu'à la dernière minute pour nous encourager à ne pas signer, a dit Mme Frulla. Ici, le Parti conservateur était plus ou moins convaincu qu'il ne s'agissait pas d'une barrière protectionniste.» Finalement, Stephen Harper a même accordé à la province québécoise plus de pouvoir au sein de la délégation canadienne à l'UNESCO.
«Il reste beaucoup à faire, a poursuivi Mme Frulla. Il faut convaincre encore des dizaines de pays de signer la convention. Il faut qu'elle dure et qu'on l'applique. Il faut absolument que la société civile reste mobilisée. Rien n'est acquis.»
L'Asie est encore sous représentée, comme l'Afrique anglophone. «Les cinquante premières signatures étaient les plus faciles à obtenir, a enchaîné Mme Beauchamp. Il faut aussi s'impliquer, tous. Le Québec n'est que la sixième province en termes de dépenses des ménages pour la culture.»
D'accord, mais faites attention à la télévision, a conclu finalement Mme Copps. Elle a rappelé qu'en Grèce 82 % des émissions diffusées au petit écran viennent de l'étranger. «Certains jeunes d'ici passent plus de temps devant les écrans qu'à l'école, a dit l'ancienne ministre du Patrimoine canadien. Il faut pouvoir leur offrir des histoires de chez nous.»
Quatre femmes et une convention
L'Institut du Nouveau Monde réunit Frulla, Copps, Beaudoin et Beauchamp pour parler de diversité culturelle
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