En prévision de l’année scolaire 2022-2023, des parents ont été conviés à visiter l’école secondaire publique Évangéline[1], sise dans le nord de Montréal.

La personne responsable de la visite nous a dit que 99 % des élèves sont issus de l’immigration, dont plusieurs arrivés récemment au Québec. Tous portent un uniforme. Et, tenez-vous bien, les filles portent obligatoirement un pantalon ou un bermuda, les jupes étant en pratique interdites parce qu’« il n’y a aucune jupe dans l’uniforme scolaire de l’école »[2]. J’ai failli tomber sur le dos.

En clair, pour éviter des problèmes de harcèlement, on empêche les filles de porter la jupe, tenue avec laquelle, vraisemblablement, elles pourraient émoustiller des garçons. Elles payent pour quelques ados qui n’ont pas de savoir-vivre et de retenue. Les employées de l’école, elles, peuvent cependant porter des jupes et des robes (d’ailleurs, en ce début juin, j’en ai vu vêtues ainsi). C’est permis pour les adultes, mais pas pour les ados.

Sans le vouloir, les autorités de l’école renforcent l’idée préconçue chez plusieurs que les filles en jupe sont des prostituées. Je les invite à voir le film « La journée de la jupe », avec Isabelle Adjani, qui a déclaré, lors de la réception d’un prix : « Une jupe, ce n'est qu'un bout de tissu, mais qu'elle soit courte ou qu'elle soit longue, ce symbole peut nous aider à gagner une bataille contre l'obscurantisme, et même contre ce qu'il convient d'appeler la haine des femmes. »[3]

Lors de la pause de l’avant-midi, j’ai remarqué la présence dans les corridors d’un nombre effarant de filles portant un hidjab. Le code vestimentaire spécifie pourtant ceci : « Absence de tout couvre-chef (bandeau, tuque, casquette, foulard…) dès l’arrivée à l’école […] »[4]. On fait manifestement une exception pour le hidjab, même s’il n’y a aucune prescription le concernant dans le Coran.

Voici la définition du mot « hidjab » dans le petit Larousse : « n. m. (mot arabe, de hajaba, cacher). Vêtement, en particulier foulard, que porte la femme musulmane pour respecter l’obligation de pudeur. »[5] En changeant quelques mots, cette définition pourrait fort convenir au pantalon que portent les adolescentes de cette école secondaire. Parce qu’il saute aux yeux que le pantalon et le hidjab y jouent le même rôle sexiste[6].